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Littér'auteurs
30 juillet 2013

YVON KADER, DES OREILLES À LA LUNE, Jean-Pierre Cannet

Yvon Kader JP Cannet

Yvon, c'est sa maman bretonne qui a choisi le prénom. Kader, c'est son papa algérien. Yvon Kader vient au monde. Il aurait pu être un harmonieux représentant de la mixité planétaire. Seulement voilà, la lune, la pleine, la belle, qui veillait à sa naissance a eu comme un coup de mou. Et le nouveau-né a bu la lune. Yvon Kader vient de la lune.

La sage-femme dit : "Il est comme il est, il vivra !
Yvon Kader dit : "C'est mieux quand le nourrisson n'est pas mort, ça lui donne des chances supplémentaires pour l'avenir".

Yvon Kader fait ainsi connaissance avec la trisomie. Ses parents aussi.

Yvon Kader dit : "C'est difficile pour mes parents, je me mets à leur place".
Les parents disent : "C'est la faute à la faute".

Quand le Père Noël demande à Yvon Kader ce qu'il a commandé,..
Yvon Kader dit : "Ma vie".

Quand Yvon Kader rencontre La Pette, sur les escalators de la galerie marchande...
La Petite dit : "Tu n'es pas normal, toi ! [...] Demande à ton miroir".

Alors, Yvon Kader, quand il se retrouve avec ses parents...
Yvon Kader dit : "Maman [...] tu ne veux pas corriger ton brouillon ? Je le sais que la vie est salissante...".

Yvon Kader a une "tête de lune rousse". et se souvient de son "alunissage sur le toit du monde de ses parents".

YVON KADER, DES OREILLES À LA LUNE, est une pièce de théâtre, écrite par Jean-Pierre Cannet. Non, ce n'est pas un texte "sur" la trisomie. C'est un texte de vie, qui que soit celui qui la vit. En l'occurence, c'est Yvon Kader, trisomque, qui la vit.

J'ai découvert ce texte, dimanche, au festival Textes en l'air, à Saint Antoine l'Abbaye, en Isère. C'était une lecture. J'ai découvert. J'ai été touchée. pas bouleversée, non. Touchée. Par les mots qui se disent.
J'ai acheté le livre. Touchée par les mots qui se lisent.

Alors, je partage ce délicieux moment. Il est publié à l'école des loisirs. Il est accessible à tous, enfants et adultes. 

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15 juin 2013

BALBUCIENDO, Michèle Finck

Babelio, avec son opération 'Masse Critique', m'a offert l'opportunité de découvrir ce recueil poétique d'une auteure qui, après avoir publié son premier ouvrage 'L'ouïe éblouie ' chez Voix d'encre (2007), fait paraître 'Balbuciendo ' chez Arfuyen (2012).

balbuciendo

Je n'avais jamais rien lu de Michèle Finck. C'est dire que mon intérêt était grand ! Le titre 'Balbuciendo', lui aussi, avait retenu mon attention : balbucir (zézayer), murmurar (murmurer), susurrar (chuchoter)... mais aussi tartajear (bégayer), mascullar (maugréer),  Et troisième atout, non négligeable, il s'agit de poésie.

Balbuciendo comporte trois parties : "Sur la lame de l'adieu", "Tryptiques pour le père mort", "Scansion du noir".

Les deux premiers vers donnent le ton :

La mémoire fond lentement dans la bouche.
Vouloir la vomir et grimper hors du crâne.

La langue est âpre, les émotions taillées au cordeau. Michèle Finck transmet sa parole de deux deuils non aboutis, deux pertes non cicatrisées : celle de "son amant fou", comme elle le nomme et celle de son père.

Il neige sur les magnolias de la mémoire
Et les souvenirs lugent dans le ciel.

D'où cette larme sur le visage de mon père
Mort ? Les morts peuvent-ils encore
Pleurer ? Mais non c'est moi qui pleure
De ne les avoir pas assez aimés
Mon amant fou mon père mort

Il saigne sur les barbelés de la mémoire
Et les souvenirs sont cognées de cris.

Ritournelle de la mal aimante, in Balbuciendo - Michèle Finck - Arfuyen 2012

La douleur de l'auteur est si palpable qu'elle étreint le regard et la pensée à la lecture de ses vers.
Pas d'apaisement dans le dire, pas de consolation dans l'écrire. Pas de libération.
No murmurando, no susurrando... C'est un cri ! une plainte !
Sa détresse est exacerbée, ses mots l'intensifient. Elle vit la perte, les pertes, avec culpabilité, comme une antienne.
Psalmodie.
La violence et le paradoxe des sentiments vrillent les mots.

L'amour et l'échec de l'amour s'arc-boutent
Et s'affrontent sourds crâne contre crâne fêlés.
Lorsqu'ils se heurtent et s'entre-dévorent à coups de crocs
L'amour pousse un cri de moelle arraché à l'os.
Les sons les plus silencieux de ta chair chantent
Dans la mienne et pourtant l'échec de l'amour
Déchiquette l'amour avec sa gueule de forcené.

L'oeil de la solitude brûle dans le ventre
À l'endroit du nombril. La pupille braille.
Le papillon de la douleur se pose sur les paupières
Et les bénit peut-être. L'amour et l'échec de l'amour
S'endorment l'un dans l'autre en tenant un couteau de larmes.

Lutte, in Balbuciendo - Michèle Finck - Arfuyen 2012

 

 

tous les livres sur Babelio.com
14 janvier 2014

LA LETTRE DE BUENOS AIRES ; Hubert Mingarelli

Mingarelli La Lettre de Buenos Aires

La lettre de Buenos Aires, Hubert Mingarelli
Nouvelles
Buchet-Chastel, 2011, 175 pages, 15 €
Prix de la Société des Gens de Lettres 2011 de la nouvelle.

 

 

 

 

Neuf hommes. Neuf hommes solitaires. Neuf hommes dans le silence. Neuf hommes dans l’errance. Neuf hommes qui ont peur, qui souffrent, qui culpabilisent.

Neuf hommes « à la Mingarelli ». Tendresse, regrets, solitudes, souvenirs. Bien sûr le passé de matelot baroudeur de l’auteur surgit à chaque entrelacs de ce recueil. Mais rien de pesant, rien qui ne fasse penser à une auto-psychothérapie, ni à une autobiographie.

C’est un vieux bourlingueur qui, dans le titre éponyme du recueil, meurt à Buenos Aires avant d’avoir pu envoyer une lettre à un fils qu’il n’a jamais vu. « Un jour, je te laisserai parce que j’ai un fils. Je ne l’ai jamais vu. Je devrais repartir, mais pas demain. Je voudrais connaître la vie, mais j’attends encore. […] Je lui ai écrit une lettre quand je suis arrivé à Buenos Aires. Elle est restée dans ma poche. Un jour, je l’ai perdue. J’en écrirai une autre ».

Ce sont deux hommes que l’on devine en fuite sur une plage, traqués. Un autre, le narrateur, les observe du haut du toit de sa maison. Cette scène va pimenter un peu sa journée, parce que seule « une souris mélancolique [le] regarde pendant [qu’il] fait la vaisselle » […] « Je n’ai personne à qui parler ici, alors je parle à la souris ».

Ce sont deux hommes, soldats en déroute, dont l’un est le conteur, qui, une glaciale nuit d’exode se trouvent obligés de partager un abri de fortune, un maigre repas et surtout se voient condamnés à communiquer. « J’aimerais pleurer une fois avant d’arriver chez moi, mais je n’y arrive pas […]  Je ne veux pas rentrer chez moi avec tout ça à l’intérieur. Je voudrais m’en délester un peu avant d’arriver ».

C’est la fugacité d’une communion entre deux hommes. « Je pensais que rien ne se perd et qu’il vaut mieux dire les choses mille fois plutôt qu’une. Je savais que le dense feuillage d’un arbre est fait de dizaines de milliers de petites feuilles tendres et fragiles, et que sans les autres, une seule d’entre elles est vite emportée par le vent ».

C’est un marin qui choisit, à la fin de son engagement, de s’enfoncer dans la forêt pour y vivre le reste de ses jours. « Et c’est ainsi que, chargé comme une mule, je m’enfonçai dans la forêt, fuyant les hommes et l’océan, le cœur léger » […] « Je pensais avant même d’avoir dressé ma tente, que j’étais enfin rentré chez moi ». Mais la forêt n’est pas si dépeuplée qu’il le pense. « J’aurais donné mes idées sur la vie et tout mon matériel pour retourner vers ce que j’avais fui » […] « Mes dernières semaines dans la forêt ressemblent aujourd’hui à une longue méditation sur le courage ».

Neuf histoires d’hommes qui tour à tour prennent la parole, alors que le silence les entoure, les étreint jusqu’à l’oppression, jusqu’à l’angoisse. « Qui se souviendra de nous ? ». Neuf histoires d’hommes qui se croisent, alors que la solitude les habitent, dont les destins se nouent dans le hasard d’une rencontre, puis se dénouent pour que chacun poursuive sa quête jusqu’au bout de la vie.

« Moi, j'étais malheureux. Pour ne plus y penser, je m'assommais la tête en lisant des histoires où jamais personne n'est malheureux à bord d'un cargo qui pourtant sombrera tôt ou tard ».

10 avril 2014

EN FORME ; Ingrid Chabert

en forme

En forme
Ingrid Chabbert, Marjorie Béal
Éditeur : Langue au Chat (janvier 2014)
18  pages - cartonné

 

C’est un rond, c’est un carré, c’est un triangle. C’est rond comme un ballon, ou une planète. C’est carré comme une cabane, ou une boîte. C’est triangulaire comme un instrument de musique, ou comme le bonnet du chien…. C’est un livre-jeu, aux pages cartonnées (très épaisses), destiné aux tout petits bambins qui aiment mettre leurs toutes petites menottes un peu partout. Et leurs tout petits doigts vont pouvoir suivre le contour des trois formes, découpées en creux dans la page.
C’est surtout un livre à toucher. Le texte ne me semble pas vraiment porteur. Les planètes, par exemple. À deux ans, elles sont vraiment hors du champ des repères de l’enfant. Quant au bonnet du chien… certes je n’ai plus depuis longtemps les yeux d’un p’tit loup de 2 ans, mais le chien est aussi mystérieux que le bonnet. Les exemples auraient pu être plus proche des références quotidiennes ; le ballon, lui, rentre tout à fait dans ce cadre. La boîte aussi.
Le concept du livre à toucher, même s’il n’est pas récent, est bien exploité. L’illustration est agréable, sans plus. Couleurs vives en aplat ; pages épurées. Mais excepté les trois formes géométriques, objet principal de l’album, le reste semple « posé » là, un peu par hasard. Pas de lien, pas de sens…

carré

Dernière remarque : les formes évidées. Le contour n’est pas complet : la forme est présentée comme si elle était attachée à l’intérieur d’une fenêtre. (Confer la photo) Le petit doigt ne pourra donc pas suivre le chantournement dans son intégralité.

Un peu déçue par ce livre, reçu dans le cadre des opérations "Masse Critique" de Babelio (clic) (que je remercie).

masse_critique

1 avril 2014

L'EMPLOYÉ, Guillermo Saccomanno

L'EMPLOYÉ - SACCOMANNO

L’employé
Guillermo Saccomanno
Asphalte Éditions (8 novembre 2012)
Traduit de l’espagnol (Argentine) par Michèle Guillemont
169 pages

 

 

 

 

Noir
Rouge

Noir de la destinée d’un homme ordinaire
Rouge du sang dont il est éclaboussé

C’est l’Argentine de la dictature que reconstruit Guillermo Saccomanno. Une Argentine sous la terreur. Une Argentine qui baigne dans l’angoisse et la soumission. Au sein de cette Argentine, un homme. Banal, anonyme, sans relief. Un « employé ». Employé, c’est sa fonction. Employé, c’est ainsi qu’il s’appelle dans ce récit. Ou plutôt : « l’employé ». Sans majuscule, neutre. Autour de lui gravitent « le chef », « la secrétaire », « le collègue ». Pas de majuscule pour eux non plus. L’employé a un emploi. L’employé a une famille. L’emploi et la famille sont « dans » l’employé. Il vit avec ça, cet homme. Il vit, c’est une façon de parler.

Parce que la terreur est aussi « dans » lui. Terreur de perdre son emploi. Terreur de traverser la ville. Terreur de retrouver sa femme. Terreur.

La ville explose de tous les attentats qui y sont commis. La ville est rougie du sang des chauves-souris, émincées vives par les pales des hélicoptères qui, jour et nuit, la survolent. La ville suinte des rebellions qui naissent et qui sont foudroyées par les milices. La ville. L’employé la parcourt, le matin, le soir, la nuit. Il enjambe les corps, morts ou vifs, de ceux qui sont déjà broyés, ou qui le seront demain. Il croise des chiens. Des chiens clonés, agressifs, malfaisants. Il croise des gosses. Des gosses drogués. Des gosses prostitués. La ville est noire. La ville est rouge.

L’employé se méfie. De tout. De tous. Et il a raison. Parce que la délation règne. « Le collègue » est suspect. Il est derrière son dos, à le surveiller. Paranoïa.

L’employé tombe. Amoureux. L’employé tombe. Dans la folie. L’employé tombe. Dans la perversion.

Noir. Rouge. Ce roman prend aux tripes. 

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6 avril 2014

LA POÉSIE DANS LE BOUDOIR : Raymond Carver

LA VITESSES FOUDROYANTE DU PASSÉ - CARVER

La vitesse foudroyante du passé
Raymond Carver
Points Poésie (février 2008)
Titre original : Ultramarine (octobre 1987)
Traduit de l'anglais par Emmanuel Moses
174 pages

 

Simple

Une trouée dans les nuages. Le contour
bleu des montagnes.
Le jaune sombre des champs.
La rivière noire. Que fais-je ici,
seul et plein de remords ?

Je continue de manger distraitement
les framboises. Si j'étais mort,
ça me fait penser, je ne
les mangerais pas. Ce n'est pas si simple.
C'est aussi simple.

4 avril 2014

LAISSEZ-MOI, Marcelle Sauvageot

 

LAISSEZ-MOI SAUVAGEOT

Laissez-moi

Marcelle Sauvageot
Éditions Phébus - Libretto (juillet 2012)
144 pages

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce roman autobiographique a été écrit, en 1930, par une femme, gravement atteinte par la tuberculose (dont on mourrait presque toujours, à cette époque) qui vient de recevoir une lettre de rupture de son amant. C'est cette lettre qui va susciter une méditation profonde et sensible. Bien qu'écrit il y a quatre-vingts ans, le texte est d'une actualité et d'une pertinence profondes.

Marcelle Sauvageot sait que ses jours sont comptés, mais elle a, pour se raccrocher à la précarité de sa vie, une relation amoureuse qui lui donne force, combativité, espoir et bonheur. "Si tu m'aimes, je guérirai", affirme-t-elle.

Ce matin-là une lettre de son amant lui parvient au sanatorium. Elle lit ces deux phrases, laconiques : "Je me marie... Notre amitié demeure..." La brutalité de ces mots transforme brusquement "la valeur de toute chose". La narratrice (l'auteure elle-même) voit tout s'effondrer et se glacer autour et en elle. Pour tenter de refaire surface, Marcelle Sauvageot s'engage dans une introspection qui la conduit à s'interroger sur le sens de l'amour en vis à vis de l'amitié. Elle compose ainsi une sorte de longue missive qui s'adresse à l'homme qui vient de l'abandonner.

Le thème pourrait évoquer une interminable lamentation, un déferlement d'aigreur, un rêve de vengeance, un trop-plein de chagrin. Point de sentiments de la sorte dans ce texte pudique et poignant ! En aucun moment la narratrice ne sombre dans le misérabilisme et dans la plainte. Il y a de la vie dans ses mots qu'elle choisit avec soin pour qu'ils soient le reflet exact de ses ressentis, pour qu'eux, à leur tour, ne la trahissent pas, pour qu'ils témoignent le plus justement possible de ce qu'elle explore avec minutie certes, mais avec tant de poésie !

Ce n'est pas un ouvrage qui apitoye ... c'est un texte fort, plein de vigueur, de chaleur, de profondeur. 

Marcelle Sauvageot fut l'auteur d'une oeuvre unique, dans tous les sens du terme. Elle meurt à 34 ans, emportée par la tuberculose, quatre ans après avoir écrit ce livre.

5 juillet 2014

LES PLUMES D'ASPHODÈLE : Impossibles retrouvailles

Reviens ! Veux-tu !

« Ma chérie,

Depuis que tu as laissé ceux qui t’aiment dans le désespoir en partant sans un adieu, nous vivons sans joie. Reviens, veux-tu !

Je t’embrasse.

Maman »

Elle ne s’attendait pas à cela, en ouvrant l’enveloppe anonyme qui avait été glissée sous la porte de son appartement. Comment sa mère avait-elle pu retrouver son adresse ? Qui avait été chargé de cette missive ?

Elle reste là, les yeux dans le vague, quand, absurde et dérisoire, une romance, chantée par Tino Rossi dans les années 1900, la submerge : « Reviens ! Veux-tu ! Ton absence a brisé ma vie ! ».

Son grand-père. Elle, petite fille gonflée d’amour. Lorsqu’il entonnait ce refrain avec allégresse, elle sentait des larmes d’inquiétude monter inexorablement. Comme si l’irréparable allait se produire. Elle ne comprenait pas pourquoi cette émotion l’envahissait. Son grand-père non plus. Tout allait bien pourtant ! Les ripailles mettaient en joie la famille réunie pour ces fêtes…


« Reviens ! Veux-tu ! Ton absence a brisé ma vie ! ».
Comme si la lettre, inopportune, de sa mère lui prescrivait de faire un bilan. Elle a froid, soudain. Son grand-père n’est plus. La petite fille a grandi. Grandi dans une révolte qu’elle a vécue intensément, dans une volonté impitoyable de balayer tout ce qui la rendait heureuse.

« Reviens ! Veux-tu ! Ton absence a brisé ma vie ! ».
Cet ami avec lequel elle avait découvert sa féminité, qu’elle avait laissé sur le quai d’une gare, sans un regard en arrière : leur séparation avait été si facile ! Elle avait tourné le dos. Simplement. Sans qu’un mot ne soit échangé.

« Reviens ! Veux-tu ! Ton absence a brisé ma vie ! ».

Non. Ne revoir personne. Sa vie n’a pas de sens.

« Reviens ! Veux-tu ! Ton absence a brisé ma vie ! ».

Au goulot, elle ingurgite le contenu de la bouteille. Dans sa bouche, le cocktail létal…

« Reviens ! Veux-tu ! Ton absence a brisé ma vie ! ».

Elle brise sa vie.



Martine Littér'auteurs - 2014.07.02



LES PLUMES

Les "Plumes" chez Asphodèle, c'est, bimensuellement, écrire. Un plaisir que donner sens aux mots. Cette fois, il s'agissait de : 

ripaille – revoir – s’embrasser – froid – larmes – famille – fête – allégresse – bilan – amour – quai – adieu – joie – ami – séparation – inquiétude – irréparable – intensément 

 

13 avril 2014

LA POÉSIE DANS LE BOUDOIR : Sherman Alexie

 

SHERMAN ALEXIE

 

 

 

 

 

Après le premier éclair

 

Je te demanderai la permission
de tisser une histoire
avec tes cheveux, de la tisser

autour de nous deux
pendant qu'assis, au chaud et en sécurité,
sur la colline au-dessus
de la réserve et tous

ses peaux-rouges, nous regardons
le premier orage de l'année
approcher, passer
puis s'éloigner.

 

Extrait de Red Blues
Éditions Albin Michel - Terres d'Amériques (15 mars 2008)
Traduit de l'américain par Michel Lederer

290 pages


Sherman Joseph Alexie, Jr., né le 7 octobre 1966 à Wellpinit dans l'État de Washington aux États-Unis, est un romancier, poète et scénariste américain. Il vit aujourd'hui à Seattle et écrit principalement sur les populations amérindiennes

15 avril 2014

DES MOTS UNE HISTOIRE

DES MOTS UNE HISTOIRE

Sur une proposition d'Olivia (ici).

Et suite à la collecte de ces mots : lumière – éclairage – clarté – lampadaire – attente – rendez-vous – quand – bientôt – demain – jour – nuit – aube – début....

 

 

 

 

 

 

 

Dis-moi …

 

Quand ? Bientôt !
Lorsque mon attente sera désespérance

Quand ? Bientôt !
Lorsque demain sera jadis

Quand ? Bientôt !
Lorsque la lumière sera ténèbres

Quand ? Bientôt !
Lorsque nos rendez-vous seront séparations

Quand ? Bientôt !
Lorsque l’aube sera à son déclin

Quand ? Bientôt !
Lorsque la clarté sera opacité

Quand ? Bientôt !
Lorsque le début arrivera à son terme

Quand ? Bientôt !
Lorsque le jour sera obscurité

Quand ? Bientôt !
Lorsque la nuit sera flamme

Quand ? Bientôt !
Lorsque l’éclairage se fera extinction

Quand ? Bientôt !
Lorsque les lampadaires se voileront

 

Quand ?

Jamais !

 

Martine Littér'auteurs

21 décembre 2014

LES AVENTURES IMPROBABLES DE PETER ET HERMAN - Delphine Jacquot

COUVERTURE

Les aventures improbables de Peter et Herman
Delphine Jacquot
Les fourms rouges (18 octobre 2013)
64 pages (10,2 x 1,3 x 25,8 cm)

Un espace vacant, au pied du sapin, entre une figurine-de-Sp*derman, une-console-de-jeux, une poupée-B*rbie, un camion-de-pompier, une dinette-pour-faire-comme-maman et une mallette-de-bricolage-pour-faire-comme-papa ? Une librairie ouverte jusqu’à minuit, le 24 décembre ?

Alors, vite, offrez un voyage : 25 escales d’un tour du monde hallucinant, rocambolesque et cocasse en compagnie de Peter et Herman, deux compères aventuriers, un peu british, juste ce qu’il faut. Peter, la Taupe et Herman, l’Échassier, l’un et l’autre affublés d’exotiques chapeaux et vêtements d’explorateurs.

MAPPEMONDE

Ils partent de Paris, tout feu tout flamme, à califourchon sur un avion aux couleurs de la France, et déjà la tête dans les nuages. Et tout au long de leur périple, de Bruxelles à Buenos Aires, en passant par Moscou, Tiébélé (au Burkina Faso), Uluru (en Australie), Machu Picchu (au Pérou), ils entraînent le lecteur dans d’extravagantes rencontres et d’improbables aventures, extraites toutefois de faits réels : les pyramides à Gizeh, les manchots en Terre Adélie, les kangourous en Australie, l’église Saint Sophie à Istanbul…

JAPON

Delphine Jacquot, signe à la fois le texte plein d’humour et les illustrations de ce magnifique petit carnet de voyage, publié par la maison d’éditions Les fourmis rouges, et pour lequel elle a été récompensée par le Grand Prix de l’Illustration 2014. Au fil des pages de l’album, elle nous transporte dans un monde très coloré aux détails foisonnants, que l’on dirait emprunté au Douanier Rousseau.

Ce livre au format inhabituel, à l’italienne, est juste une merveille.

23 décembre 2014

PETITS OISEAUX - Yôko Ogawa

PETITS OISEAUX

Petits oiseaux
Yôko Ogawa
Traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle
Actes Sud, 03 septembre 2014
228 pages

 

 

Drôles d’oiseaux que ces deux frères inséparables. Drôle de cage que cette bulle dans laquelle ils vivent. Drôles de pépiements que le « pawpaw » dont ils usent pour communiquer entre eux.

Yôko Ogawa aborde dans ce roman, paru en rentrée littéraire de l’automne 2014, la fraternité et la différence. La vie et la mort, l’amour et l’amitié, la peur et la sérénité, les voyages immobiles, traversent l’existence de ces enfants devenus hommes, puis vieillards, dans un microcosme tiré au cordeau pour qu’aucun imprévu ne vienne perturber l’aîné des deux, réfugié dans un monde que seul son cadet semble comprendre et accepter dans sa complexité primitive.

Un monde de rituels, simples, quelque peu superstitieux et psychotiques. Un monde doux peuplé de gazouillis d’oiseaux, de regards complices, d’enfants, de friandises, de sons, de souvenirs effrangés.

Un monde qui cristallise en quelques pages celui que nous habitons, sans que nous en prenions conscience. Tout est là, condensé dans un récit poétique et subtil qu’il faut écouter en même temps que lire.

Un beau roman de cette auteure japonaise, qui m’a parlé de la fugacité du temps et de la permanence de la vie.

 

« Il avait ramassé les cristaux de mots qui s’étaient échappés du gazouillis des oiseaux »

« Les gens qui lisent des livres ne posent pas des questions superflues, ils sont paisibles »

« Il comprend la différence entre une oreille essayant d’entendre quelque chose d’important et une oreille ordinaire qui ne s’en soucie pas »

 

PM

C’est grâce à l’opération « Les Matchs de la Rentrée Littéraires 2014 », organisée par PriceMinister qu’il m’a été donné la chance de découvrir l’écriture de Yôko Ogawa. Sa bibliographie, dense, me fait de l’œil. Fort probable que « Le petit joueur d’échecs », paru en 2013, va venir rejoindre ces Petits Oiseaux qui m’ont été offerts. 

7 février 2015

1 MOIS APRÈS... JE SUIS TOUJOURS CHARLIE

 

charlie

 

Et nous sommes 33 blogueurs à l'affirmer ici

 

 

 

 

 

Ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent. 
Victor Hugo

Allumons les esprits, c’est notre loi première, 
Victor Hugo

A chaque être plusieurs vies me semblaient dues
Arthur Rimbaud

Quoique dise la vieille espérance 
forçons les portes du doute. 
Yacine Kateb 

 Tel qui trahit se tue, et les autres avec lui. 
La Chanson de Roland

L’espérance des lendemains
ce sont mes fêtes
Rutebeuf

L’arbre de la tristesse, ne le plante pas dans ton cœur. 
Relis chaque matin le livre de la joie. 
Omar Khayyâm 

La révolution sera la floraison de l'humanité 
comme l'amour est la floraison du cœur. 
Louise Michel 

Les défaites de la vie conduisent aux grandes victoires. 
Max-Pol Fouchet

C’est quoi une vie d’homme ? 
C’est le combat de l’ombre et de la lumière…
Aimé Césaire

 

2 novembre 2014

LES DÉSORDRES - Jean Sénac

JEAN SENAC LES DESORDRES

QUARTIER BLANC

   à R.P.

Si tu viens un jour
je ferme les yeux
je laisse les yeux
je laisse le bleu
mordre

Mais tous les printemps
ne sont pas présents
dans une seule
vie

Toi tu prends le marbre
l’or les églantiers
moi je garde dans mes plaies
le sable

Un jour si tu rentres
dans le jardin clos
tu verras mes os
fleurir

Le lilas griffer
la rose blanchir
et les orties tordre
l’été.

  Oran, février 1953

**********

signature jean sénac

Jean Sénac, fils bâtard d’une modiste espagnole et d’un coiffeur français, est né en 1926 à Béni-Saf, port minier algérien. Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, il se lie à de nombreux écrivains. C’est à Albert Camus qu’il doit sa première publication, Poèmes, dans la collection «Espoir» chez Gallimard, avec une préface de René Char. Entre 1954 et 1962, Jean Sénac s’installe en France, mais participe à la lutte du peuple algérien. Quand il retourne en Algérie, il prend des fonctions officielles dans l’Union des écrivains. Son homosexualité affichée, sa critique d’une nouvelle nomenklatura ne plaisent pas. Dans la nuit du 29 au 30 août 1973, il est poignardé dans le taudis où il vivait.

 

27 décembre 2014

LE PETIT CHAPERON ROUGE - Myriam Mallié

LE PETIT CHAPERON ROUGE

Le Petit Chaperon Rouge
Myriam Mallié
Esperluette éditions (15 septembre 2009)
55 pages

 

 

Myriam Mallié ne lit pas les contes de la même manière que la plupart d’entre nous. Là où je me suis plutôt attardée sur le rôle du Loup et celui du Chasseur – c’est-à-dire sur les représentations symboliques et le rôle de l’homme dans sa relation avec une fillette – l’auteure, elle, analyse avec pertinence la fonction féminine. Elle crée une triangulation entre l’enfant, sa mère, et la mère de sa mère (c’est plus sous cet angle-là qu’elle considère la grand-mère). Elle s’attarde aussi sur la filiation : La grand-mère est donc aussi mère. La mère est donc aussi fille. La fille est donc aussi petite-fille. C’est cette entrée qui m’a intéressée dans la lecture de l’ouvrage de Myriam Mallié. Elle dit que c’est dans une ancienne version nivernaise du conte qu’elle a trouvé la matière à conduire ainsi sa réflexion : Les filles y marchent là où la vie les invite à marcher, rencontrent qui elles doivent rencontrer, se mesurent à qui elles doivent se mesurer, avant de rejoindre la communauté des femmes – et des hommes bien entendu – et d’y prendre leur place.

Selon elle, cohabitent dans le conte six positions féminines, et seulement une masculine (le Loup).

Après avoir aussi dressé la carte géographique (symbolique, elle aussi) des lieux de vie, elle peut alors définir l’espace de l’entre-deux, de l’intervalle, de la création : la forêt. La forêt, qui enivre ceux qui la traversent de sensations excitantes (un peu exaltantes ?), la maison du Loup. Avec, en ligne de fuite, la rivière.

C’est dans ce cadre humain, relationnel, spatial que va se jouer, se nouer et se dénouer la tragédie. Une tragédie en … rouge. Le rouge c’est la vie, le sang chaud qui court dans les veines, la joie et le rire, les joues comme des pommes quand on a couru, le jeu à en perdre le souffle, la beauté aussi […]. Le rouge c’est une force. C’est la vie du sang, tant qu’il court invisible dans les fins tuyaux du corps. S’ils viennent à se rompre, tout ce rouge se répand sur le sol, s’assombrit, et c’est la mort qui s’y faufile.

Myriam Mallié va alors reconstruire le conte. Pas le revisiter, pas le relire, le reconstruire. Il y sera question de dévoration. Dans le conte traditionnel, c’est la peur d’être dévoré ; ici, c’est encore autre chose. Mais je n’en dirai pas davantage.

J’ai aimé ce petit recueil qui ouvre une brèche dans la lecture du texte. D’autres s’y sont collés aussi, les psychanalystes notamment. Et chacun, selon sa sensibilité, a interprété l’histoire. Non seulement Myriam Mallié en propose l’exégèse, mais elle ouvre le champ à une version beaucoup plus féminine – féministe peut-être – qui prend sens dans un chemin de vie très actuel. Mais n’est-ce pas là le rôle d’un conte ?


Mina et Marilyne (ici et ) nous offrent jusqu’au 4 janvier une quinzaine « conte ». Je sais aussi que Mina met à l’honneur les Éditions Esperluette que j’ai découvertes, récemment, au salon « L’autre livre », aux Blancs Manteaux à Paris, en novembre.

Et maintenant, je file voir l'avis de Mina sur cet ouvrage ; elle l'a publié aujourd'hui ici.

 

Ma modeste participation à l’entreprise de Mina qui nous invite à découvrir les Éditions Esperluette (clic)

14 mars 2015

LES PLUMES D'ASPHODELE, COMPLETEMENT MARTIENNES

 

LES PLUMES

C’était un pays d’il n’y a guère, un pays de renaissance. C’était un pays fantastique, un pays de paresse. C’était un pays de contradictions, un pays qui se disait de liberté.

L’ubac s’était installé au sud ; le bernard-l’hermite n’était pas sans abri. L’animal, d’ailleurs, appréciait la chaleur de ce versant d’univers qui n’était pas au nord (et pas davantage qu'à l’est ou à l’ouest). Un beau matin, le crustacé décida qu’il y avait urgence à déserter. Mais avant de quitter sa douillette demeure, il secoua son édredon.

Quelle erreur !

Une plume s’en échappa, virevolta et se posa, tout en douceur, sur la nuisette d’une cigogne, qui, soit dit en passant, était un héron. Surprise, elle sortit de son sommeil et ouvrit grand ses ailes. Le printemps s’approchait à pas menus.  Le ciconiidé au long bec emmanché d’un long cou huma l’atmosphère : il la trouva vaporeuse à souhait et décida de prendre l’air.

Quelle erreur !

Dans ce pays d’il n’y a guère, fantastique et plein de contradictions, la volupté et l’insouciance étaient bannies ! L’oiseau s’abima en plein vol et s’écrasa sur le flaccide décapode, l’entraînant avec lui dans le silence éternel.

Moralité :

Que vous soyez pagure ou ardéidé
Choisissez bien, pour y demeurer,
Le pays o
ù vous exposerez vos idées.
Sinon, votre vie y laisserez.

© Martine Littér'auteurs - 14 mars 2015

https://www.facebook.com/martine.crasez


J'ai utilisé cette collecte, à l'invite d'Asphodèle (chez elle, c'est ici) qui, chaque mois, me fait prendre ma plume. 

Douceur, printemps, déserter, sommeil, chaleur, renaissance, air, bernard-l’hermite, édredon, paresse, plume, aile, volupté, insouciance, liberté, vaporeux, virevolter, cigogne, nuisette, ubac, univers, urgence

Pour rédiger une fable de 211 mots

17 avril 2015

CAHIERS DU JOUR : 17 avril ¨ Aujourd'hui chaleur de

2015

L'Institut Supérieur Coréen des Sciences et Technologies a créé un ruban adhésif, intégrable aux vêtements, qui aspire la chaleur de la peau et la convertit en énergie électrique pour recharger un smartphone ou autres appareils mobiles.

Ça c'est une nouvelle capitale pour la survie de l'humanité.

Il est des contrées du monde où la chaleur est meurtrière, des contrées où les scientifiques et les chercheurs-créateurs ne savent pas la transformer en énergie vitale. Mais peut-être ne le souhaitent-ils pas ? Ce n'est probablement  pas économiquement correct.

©Martine Littér'auteurs - 17 avril 2015 

  page FB

Le règlement des "366 réels à prise rapide" et la liste des 18 participants que j'ai répertoriés à ce jour sont ici

 

Prochain épisode : 18 avril¨ Aujourd'hui ça n'aurait pas dû se passer ainsi,

19 avril 2015

CAHIERS DU JOUR : 19 avril ¨ Aujourd'hui mains touchées

2015

Ce week-end, j'ai suivi les bénévoles d'un village préparant leur fête du pain. C'est sur ces mains que mon regard s'est posé. Ces mains qui pétrissent la pâte.

Subitement, j'ai eu huit ans.

Quand dans le fournil de mon père, je passais mes temps libres ; quand les odeurs de levure et de farine mélangées à l'eau tiède aigrissaient l'atmosphère suffocante de la pièce ; quand le bois pétillait dans le foyer ; quand la croûte du pain crépitait ; quand le beurre fondait sur la mie de la ficelle chaude ; quand le grillon stridulait inlassablement.

Quand j'étais enfant.

©Martine Littér'auteurs - 19 avril 2015 

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Le règlement des "366 réels à prise rapide" et la liste des 18 participants que j'ai répertoriés à ce jour sont ici

 

Prochain épisode : 20 avril ¨ Aujourd'hui rouge.

6 avril 2015

CAHIER DU JOUR : 6 avril ¨ Aujourd'hui temps qu'il fait.

Aujourd'hui, j'ai joué à la maîtresse d'école, et j'ai noté la température. L'interrogation écrite a duré toute la journée. Une journée qu'elle a commencée à 7 h par un 0 pointé. J'ai demandé à mon élève de revoir sa copie et de refaire son évaluation.

De retour à 10 h, assez satisfaite :

10 H

 

Insuffisant ! Revenez dans une heure !

11

Elle a bien essayé de me faire du charme avec ses petits rameaux en fleur, mais ce n'était pas acceptable !

15

À 15 h, mon élève a donné son maximum.

Moyenne de la journée : 5,75…

De graves lacunes.

©Martine Littér'auteurs - 03 avril 2015

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Le règlement des "366 réels à prise rapide" et la liste des 18 participants que j'ai répertoriés à ce jour sont ici

Prochain épisode : 7 avril¨ Aujourd'hui laisser passer les petits papiers.

18 avril 2015

CAHIERS DU JOUR : 18 avril¨ Aujourd'hui ça n'aurait pas dû se passer ainsi

 

2015

Pssst ! Je me dépêche de vous écrire pendant qu'Elle prend sa douche. Vous me connaissez : je suis son Petit-Matou-Zabou (des fois même Elle rajoute d'Amour). L'hypocrite ! Elle a changé de marque pour ma petite chatterie du soir ! Vous vous rendez compte ! Fallacieuse, Elle dit qu'Elle ne trouve plus ce dont Je me régale avant d'aller dormir. Aujourd'hui, Je suis triste ; pas affamée, non ; juste chagrinée. J'ai essayé de me plaindre à Lui, mais, complice, Il rigole. Ça n'aurait pas dû se passer ainsi, notre tendre complicité ! Oh non ! M'aime-t-Elle toujours ?

©Martine Littér'auteurs - 18 avril 2015 

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Le règlement des "366 réels à prise rapide" et la liste des 18 participants que j'ai répertoriés à ce jour sont ici

 

Prochain épisode : 19 avril ¨ Aujourd'hui mains touchées.

19 avril 2015

DIMANCHE EN POÉSIE : Werner Lambersy

2015

 

Werner Lambersy
DERNIÈRES NOUVELLES D'ULYSSE
Avis de recherche

Préface d'Hubert Hadad

Peintures d'Anne-Marie Vesco
Éditions Rougier V.- mars 2015

Il y a
Dans la lumière
Des zones de silences

Que jamais nous
Ne pourrons entendre

Il y a
Dans la voix
Des zones de ténèbres

Où nous
Ne pouvons pas entrer

Il y a dans l'âme
Des zones si lointaines

Qu'on en
Devine à peine
Les fièvres sur la peau

Sans fin est la route
Des matrices muettes

Et antérieur le chant
Sans origine
Sans bornes ni bords

Et sans fin la matière
Celle qui résiste
Au désir

L'homme
Son désir son ouvrage
Sont sans fin

 

Werner Lambersy, poète belge, né à Anvers en 1941,  vit et travaille à Paris où il est actuellement responsable de la promotion des lettres belges de langue française à Paris. Il est avant tout poète, un des plus importants de la Belgique francophone à l’heure actuelle. Tout en variant dans leur ton et leur forme de l’extrême dépouillement à une respiration ample, sa poésie, à travers quelque 40 ouvrages publiés, poursuit une méditation ininterrompue sur le dépassement de soi dans l’amour (tant charnel que mystique) et l’écriture. Son œuvre maîtresse à ce jour, Maîtres et maisons de thé (1979), est largement reconnue comme un des sommets de la poésie française depuis la guerre pour la puissance de ses images et la profondeur de sa vision. Un autre de ses livres, Quoique mon cœur en gronde… (1985) a été publié en version bilingue au Canada (Despite my Growling Heart, Guernica 1990, avec une traduction de Daniel De Bruycker).

D'autres poèmes ici.

 

Werner Lambersy

retrouvez l'actu de Werner Lambersy sur http://wernerlambersy.hautetfort.com/

http://evazine.com
Un peu tardive, mais c'est ma participation du jour au mois belge organisé par Anne et Mina 

 

29 juillet 2013

LE BAL - Irène Némirovski

Le bal nemirovski

Dans la famille Kampf, je voudrais le Père. Un petit homme falot, Un Juif allemand qui peinait à la Banque de Paris,comme chasseur d'abord, puis comme employé, dans les années 1920. Il avait dévergondé la dactylo du patron en lui promettant monts et merveilles, et surtout l'opulence.

Dans la famille Kampf, je voudrais la Mère. Rosine, ladite dactylo. Un vrai personnage de roman-feuilleton. La petite fille pauvre qui rêve de devenir riche. C'est d'ailleurs dans les magazines à quatre sous qu'elle puise son inspiration et ses aspirations.

Dans la famille Kampf, je voudrais la Fille. Antoinette, quatorze ans, plate comme une presque limande, au physique ingrat. Mais bourgeonnante d'adolescence naissante.

Ce roman/nouvelle est un quasi huis-clos de deux semaines entre ces trois protagonistes. 

Monsieur Père, s'est un jour pris pour un trader de génie. Banco ! il a fait fortune ! Foin de la rue Favart ! Foin des chaussettes à ravauder ! Foin des devoirs faits sur la table de la salle à manger ! Désormais, au jeu des sept familles, les Kampf brillent de mille feux. Enfin, ils essaient. Et, pour essayer de jouer dans la même cour que les "Ôtres", madame mère et monsieur père vont organiser un bal.

Une telle entreprise, faut pas dire, demande une belle organisation, et un réseau d'approximatives connaissances, qui deviendront, si l'on si prend correctement, des "chèèèèères" connaissances. Nous sommes dans les Années Folles, rappelons-le. On est dans le paraître, dans le futile. Rosine excelle dans l'art de l'inconsistant. On invite à tour de bras, des vrais barons, des fausses comtesses, des incontestables gigolos, des anciennes catins...

Et pendant ce temps, Antoinette rêve. De devenir grande. De découvrir l'amour. De trouver le plaisir. Quand elle apprend que Maman s'oppose à ce qu'elle assiste au bal, Antoinette s'effondre, se révolte, puis se venge. De sa mère, de sa gouvernante aussi qui a le bonheur de connaître les batifolages de l'amour.

C'est ainsi qu'Antoinette va créer les conditions pour changer de statut, involontairement, dans un geste de dépit. Un geste qui aura pour conséquence de renverser les relations entre la mère et la fille.

Publié en 1930, par une romancière russe qui mourra dans les camps d'Auschwitz, ce texte est à la fois une satire caustique de la société faussement bourgeoise, une fine analyse des relations mère/fille, un regard affûté sur cette partie de la vie qu'on nomme adolescence, pleine de contradictions, de haine et d'amour mélangés....

Une savoureuse lecture d'été, rafraîchissante à souhait, quoi qu'abondamment aromatisée à l'acidité du citron....

 

 

Les avis de Soukee, de Choco...

16 mai 2015

DES PLUMES À CRAQUER chez ASPHODÈLE

 

2015

Corrigations

Il va s'y mettre.

Il repousse ce moment depuis quelques jours ; mais les élèves attendent la correction. Il a proposé à sa classe de seconde un sujet libre en suggérant aux lycéens de se lâcher. De s'évader. De se laisser porter par le souffle de leur inspiration, comme une abeille turbulente occupée à faire ses courses de fleurs en fleurs.

Il va s'y mettre.

Il va prendre son courage à deux mains, pour ne pas céder à l'ennui qui déjà s'empare de lui, à la simple idée de devoir lire – et peut-être s'extasier d'une pharisienne admiration – un texte qui l'aura fait pleurer de consternation.

Il va s'y mettre.

Il allume d'abord un feu de branches mortes dans la cheminée de son bureau. Ce serait folie pour ses articulations, pense-t-il, que de travailler dans le froid. Et puis, ça lui fait plaisir d'entendre les craquements des ramilles.

Il va s'y mettre.

Il dépose une tablette de chocolat à croquer sur l'angle droit de son bureau. Et, sur l'angle gauche, son paquet de clopes (pourvu que les élèves n'emploient pas ce terme vulgaire !) et une boîte d'allumettes. Il ajoute un sachet de caramel. Quelques douceurs ne pourront que le réconforter.

Il va s'y mettre.

Il a les nerfs en pelote. Ses pensées vagabondent comme les abeilles qu'il a évoquées devant ces jeunes dont il a la charge de raccommoder l'inculture et le vernis de futurs playboys en quête d'amours éphémères. Ce lycée de fils à papas pleins de thunes le débecte.

Il va s'y mettre.

Il a bien l'intention de les faire raquer : il va étudier leur prose sous toutes les coutures, dénicher les fautes de syntaxe, débusquer les barbarismes, leur mettre le nez dans leur ignorance, repérer les solécismes, triturer les contresens. Il sent le ressentiment monter en lui, prêt à éclater comme un coup de tonnerre.

Il va s'y mettre.

Il ne supporte pas ces jean-foutre pas même capables d'installer un logiciel correcteur d'orthographe qui lui éviterait de devoir déchiffrer leur jargon phonétique.

Il va s'y mettre.

Il prend une grande inspiration.

Il rassemble le paquet de copies.

Délicatement le pose sur les flammèches.

Il allume une cigarette,

Soulagé.

© Martine Littér'auteurs - 16 mai 2015 

 page FB

 

ASPHODELE

Pour tout dire, c'est ASPHODÈLE (mais oui ! cliquez donc !) qui orchestre ce jeu d'écriture. Elle propose un mot, les futurs particpants proposent des mots que leur évoque ce vocable. Et de mots en mots, de mots par mots, de mots à mots... chacun devient créateur d'un texte unique, comme une pièce de collection.

Cette fois-ci, il fallait mettre en harmonie :

Feu, chocolat, pelote, courage, croquer, branche, pleurer, folie, logiciel, admiration, couture, s’évader, play-boy (ou playboy), abeille, clope, plaisir, raquer, tunes (ou thunes), caramel, articulations, céder, raccommoder, vernis, allumette, amour, courses (dans le sens de shopping),  tonnerre.

 

25 avril 2015

LES PLUMES DU DÉSIR, chez Asphodèle

plumes

J'emporte ma peluche, dit l'enfant. Tu sais bien qu'elle me donne des allergies, dit la mère. Je prends du chocolat, dit le père.

Ils attendent tous les trois le tramway. Quelle idée que d'emprunter cette machine pour partir en voyage d'amour !

Ce sera un nouvel envol, dit le père. Pourvu qu'il ne soit pas éphémère, dit la mère. C'est la première fois qu'on part, dit la petite.

Laissez-vous vibrer, dit la brise.

Oubliez la censure du déplaisir, dit l'étincelle.

Gardez l'envie des gourmandises de la vie, dit le tapir plein de rides.

J'ai besoin de valser, dit la mère. J'aimerais un baiser, dit le père. Est-ce que vous m'aimez, dit la fillette.

J'ai quelques velléités d'écrire, dit l'auteur, en contemplant les volutes du lierre enroulé autour de la carrosserie rubigineuse du chemin de fer.

Immobile et engourdi.

© Martine Littér'auteurs - 25 avril 2015 

 page FB

 

ASPHODELE

Tous les mots de la collecte ont été utilisés, dit l'autrice, l'auteuse, l'auteure qui aime chercher chez Asphodèle des sources d'inspiration.

Allergie, velléité, brise, espérance, étincelle, écrire, déplaisir, censure, enfant, gourmandise, première, tramway, rides, éphémère, envie, amour, voyage, peluche, chocolat, tapir (l’animal ou le verbe au choix), envol, baiser (dans le sens que vous voulez), vibrer, volutes, valser, attendre.

Nous avons été nombreux à aimer ces mots, disent les plumitifs :

MonesilleGhislaine53Val-Grenouille59LilouSoleilMelle La DémoneThiébault de Saint-AmandSoèneJacou33,  Martine27Modrone-EeguabCériatPascal Bléval,Mélusine80Les mots d’IsabelleAstrid-ToinetteRéjanieEmilieBerdFred Mili-Choupi,Carnets ParesseuxBizak,MarlaguetteDimDamDom59Célestine.

13 octobre 2013

LA POÉSIE DANS LE BOUDOIR : Nelly Roffé

L'ÂME DES MOTS

 

Elle ferma les yeux,
ses paupières comme un rideau baissé
entre elle et lui.

Il lui fallait écrire ce silence-là,
labourer le champ d'énigmes
avec son encre
et arpenter les sillons
comme autant de passages à lui.

Elle voulait saisir en elle
ce temps d'aller-retour
entre le lointain et le proche,
ce col, cette gorge, cette voie
ce détroit
cette trouée.

Il lui fallait cet espace mitoyen
entre le point de départ
et son lieu d'arrivée.

*******************

Nelly Roffé

Nelly Roffé est née au Maroc dans une famille sépharade. Diplômée de l’Université de Montréal en Littérature comparée, elle s’intéresse à la littérature francophone nord-africaine et donne des conférences dans différentes universités sur la femme dans le roman magrébin, ou la problématique du ghetto dans le roman juif nord-africain des années 50.
Elle a donné une conférence sur Primo Levi, poète, la poésie et l’exil et le tango et les camps de concentration.
La littérature pour enfants et pour adolescents est le domaine qu’elle privilégie.

 

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