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26 mai 2013

MARCHÉ DE LA POÉSIE - Paris 2013 : Eavan Boland

Marché de la poésie 2013

À sa propre image

Ce sont ses yeux :
les iris sont d'or
et ils tournent
comme la bague sur mon annulaire,
ils tournent et ils tournent

et je ne peux atteindre
ni leur histoire ni leurs larmes.
Penser qu'autrefois ils étaient mes satellites !
Ils m'ont exclue maintenant.
Quelles années-lumière !

Elle n'est plus moi,
elle n'est même plus
dans mon ciel
et moi,
je ne suis pas moi-même.

Je ne vais pas défigurer
son joli visage.
Qu'elle porte des empreintes
digitales d'améthyste, un bijou de famille,
une sorte de collier funéraire.

Je connais l'emplacement idéal :
là où le mur projette son ombre,
où germe la laitue,
où le jasmin ne cause pas
de surprise.

C'est là que je la coucherai,
là qu'elle fleurira,
ma seconde nature,
perfection unique
parmi les compromis.

Eavan Boland

eavan-boland

Eavan Boland est née en1944. Sa mère, Frances Kelly, est peintre, et son père diplomate. Elle passe une partie de son enfance à Londres (époque à laquelle elle se réfère volontiers pour exprimer son aversion de la culture anglaise moderne) puis le début de son adolescence à New York ; à son retour en Irlande en 1960, on la confie à un couvent de Dublin dont la rigidité la détourne de la foi catholique. Elle fait de brillantes études à Trinity College et épouse le romancier et dramaturge Kevin Casey. Elle publie en 1967 son premier recueil, New Territory, et se voue à l’écriture à partir de 1968.The War Horse (1975) consacre sa réputation de poète, confirmée par In Her Own Image (1980),Night Feed (1982), The Journey (1986). Volontiers narrative, sa poésie se place souvent sous le signe d’une confrontation avec l’étrangeté cruelle du quotidien.

Eavan Boland sera présente au Marché de la Poésie.


Sa bibliographie

  • 23 Poems. Dublin: Gallagher, 1962.
  • Autumn Essay. Dublin: Gallagher, 1963.
  • Eavan Boland Poetry/Prose Joseph O’Malley. Dublin: Gallagher, 1963.
  • New Territory. Dublin: Allen Figgis, 1967.
  • W. B. Yeats and His World. With Micheál Mac Liammóir. London: Thames, 1971; New York: Thames & Hudson, 1998.
  • The War Horse. London: Victor Gollancz, 1975.
  • In Her Own Image. Dublin: Arlen House, 1980.
  • Introducing Eavan Boland. Princeton, NJ: Ontario Review P, 1981.
  • Night Feed. Dublin: Arlen House, 1982. Reissue: Manchester: Carcanet Press, 1994.
  • The Journey and Other Poems. Dublin: Arlen House, 1986; Manchester: Carcanet Press, 1987.
  • Selected Poems. Manchester: Carcanet Press, 1989.
  • Outside History. Manchester: Carcanet Press, 1990.
  • Outside History: Selected Poems 1980–1990. New York: Norton, 1990.
  • In a Time of Violence. New York: Norton, 1994; Manchester: Carcanet, 1994.
  • Collected Poems. Manchester: Carcanet Press, 1995.
  • Object Lessons: The Life of the Woman and the Poet in Our Time. New York: Norton, 1995; Manchester: Carcanet Press, 1995.
  • Penguin Modern Poets: Carol Ann Duffy, Vicki Feaver, Eavan Boland. London: Penguin, 1995.
  • An Origin Like Water: Collected Poems 1967–1987. New York: Norton, 1996.
  • The Lost Land. Manchester: Carcanet Press, 1998.
  • The Lost Land: Poems. New York: Norton, 1998.
  • The Making of a Poem: A Norton Anthology of Poetic Forms. Ed. Eavan Boland and Mark Strand. New York: Norton, 2000.
  • Against Love Poetry. New York: Norton, 2001.
  • Code. Manchester: Carcanet Press, 2001.
  • Three Irish Poets: An Anthology: Eavan Boland, Paula Meehan, Mary O’Malley. Ed. Eavan Boland. Manchester: Carcanet Press, 2003.
  • After Every War: Twentieth-Century Women Poets. Trans. Eavan Boland. Princeton, NJ: Princeton UP, 2004.
  • New Collected Poems. Manchester: Carcanet Press, 2005.
  • Domestic Violence. Manchester: Carcanet Press, 2007; New York: Norton, 2007.
  • Irish Writers on Writing. Ed. San Antonio: Trinity University Press, 2007.
  • Selected Poems by Charlotte Mew. Ed. Manchester: Carcanet Press, 2008.
  • New Collected Poems. New York: Norton, 2008.
  • The Making of a Sonnet: A Norton Anthology. Ed. with Edward Hirsch. New York: Norton, 2008.
  • A Journey with Two Maps: Becoming A Woman Poet.(prose essays) Manchester: Carcanet Press, 2011; New York: Norton, 2011
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22 mai 2013

MARCHÉ DE LA POÉSIE - PARIS 2013 : pas d'ici, pas d'ailleurs

PAS D'ICI, PAS D'AILLEURS

Les éditions 'VOIX D'ENCRE' ont publié, en juillet 2012, une remarquable 'Anthologie poétique francophone de voix féminines contemporaines'. 156 voix de 28 pays se mêlent dans ce bel ouvrage qui regroupe 223 textes poétiques.

L’anthologie pas d’ici, pas d’ailleurs capte le pouls poétique des femmes poètes réparties sur les vastes territoires de la francophonie, à l’aube du troisième millénaire, autour d’une thématique universelle et résolument moderne, portant l’empreinte de Julia Kristeva : l’identité et l’altérité dans les pas qui nous mènent ici et ailleurs.

(...) Certaines poètes ont choisi de mettre en avant leur ancrage linguistique ou culturel, d’autres non ; certaines ont traité de tel ou tel aspect de leur « identité », pour s’en jouer, s’en revêtir ou s’en départir, quand d’autres ont tenté de défaire cette notion ; toutes ont surtout donné à lire et à entendre des textes qui, s’ils revendiquent finalement une appartenance, est bien l’appartenance à la poésie contemporaine d’expression française, une poésie qui peut être « déconcertante » et sans concession, et qui elle aussi s’attache à déconstruire les formes, dans la « distance exquise » de son héritage. Les formes plurielles cohabitant au sein de ce recueil témoignent de la distance prise avec l’ici et le maintenant, le là-bas et l’alors, et expriment un certain étoilement du moi qui éventuellement relèverait d’une subjectivité universelle, ou universellement féminine.

(...) Plus de centre, ni de marge, un étoilement donc, qui pourrait déstabiliser ceux qui affectionnent les repères, si ce n’était que l’écriture poétique reste, comme il se doit, le pôle d’appartenance et de ralliement prévalent, comme nous l’avons dit plus haut. « Écrire, c’est ébranler le monde », disait Barthes. Nos poètes sont modernes, parfois écorchées, cosmopolites, étrangères à elles-mêmes aussi, mais pas à leur propre écriture, qui peut jaillir de l’aliénation. Les pas semés mènent à l’écriture et celle-ci se présente comme étant résolument polymorphe, reflétant bien la déconstruction annoncée par le thème.

C'est Sabine Huynh, l'une des auteures (avec Andrée Lacelle, Angèle Paoli, Aurélie Tourniaire) qui signe de cette façon la quatrième de couverture.

Marché de la poésie 2013

Si je vous propose la découverte de ce livre, c'est qu'à Paris, Place Saint Sulpice, le 7 juin, à 14 h 30, des lectures seront données d'une soixantaine de ces poèmes.

Sept périodes, sept temps, scandent l'ouvrage :

- Sous les cieux de l'errance
- Dans les flots du temps
- Au royaume des ombres
- Sur l'île de la nitescence
- Dans les contrée de l'intime
- Vers les caps de l'imaginaire
- Sous une voûte de voix et d'encre

La part belle est certes donnée aux poétesses françaises, mais on peut rencontrer les vers de voix canadiennes, belges, roumaines, tunisiennes, algériennes, suisses, marocaines, ivoiriennes, libanaises, martiniquaises, argentines, brésiliennes, syriennes, espagnoles, brunéiennes, mauriciennes, allemandes, haïtiennes, mexicaines, japonaises, congolaises, colombiennes, viétnamiennes, italiennes, monégasques, portugaises, burkinabè.

Au hasard de ces belles pages :

Partir

Ulysse en moi chevauche des marées
La mer a son visage ou peut-être le mien
L'esquif a pris au mot la lame et les embruns

Ulysse
Quelle neige s'éprend de ton doux repartir
Et sème du levant sur ce qui va finir ?

Béatrice Libert


Béatrice Libert

Née à Amay-sur-Meuse, en Wallonie, Béatrice Libert vit à Liège. Professeur de français dans le secondaire, elle est aussi bibliothécaire, critique de poésie et  animatrice en ateliers d'écriture. Elle a publié des poèmes, des essais et des nouvelles. Elle écrit aussi pour la jeunesse. Passionnée par l'art sous toutes  ses formes, elle collabore avec des artistes peintres, graveurs, photographes, musiciens, et donne des récitals en duo avec la harpiste liégeoise Angélique Giorgio.

 

En avril 2000, elle a été reçue comme "visiting professor" à l'Université de Denison, en Ohio. Elle est également correspondante pour la Belgique francophone du magazine culturel Pourtours (Marseille, Autre Temps). Elle collabore à de nombreuses revues et anthologies. Ses poèmes sont traduits en plusieurs langues.

 

 

 

19 mai 2013

MARCHÉ DE LA POÉSIE - PARIS 2013 - JOHN MONTAGUE

Marché de la poésie 2013

 

Bruit de blessure

Qui sait
la musique d'une blessure ?
Peau cousue
se déchire, vieille douleur
se rouvre
parfois, quand le corps du violon
se plaint
épouse et porte le chant, épouse
et porte la peine (lents troupeaux
de bétail
entrant en prairies grasses, tourbe noire)
du rythme pastoral

Je clame
que civilisation mourut ici ; 
qui tremble sous mon pied comme je gravis ces
bases, tristes
collines : qui rugit dans le flux
de mon sang comme 
j'entends chevroements du mépris saxon,
Westminster
va au diable qui ne vaut pas 
ces étranges
pierres sculptées stables de cinq mille ans,
croix seule résistante.

Cette aigreur
je l'hérite de mon père, essaim
du sang
à la cervelle, le dégoût de vomi
de haine raciale
la victime contemplant colon jacobite
imprudent
l'oppresseur, le marine bardé d'insignes,
qui épar-
pilla ses dieux lares, utilisa comme
serviteurs
son peuple, leva ses femmes comme
du gibier.

john-montague

John Montague - Extrait de La Langue Greffée - 1988 - Belin, L'extrême contemporain

16 mai 2013

MARCHÉ DE LA POÉSIE - PARIS 2013

Marché de la poésie 2013

Du 6 au 9 juin, se déroulera, à Paris, Place Saint-Sulpice, le MARCHÉ DE LA POÉSIE. 

Dédié à la poésie irlandaise, à la poésie slovène et encore à la poésie féminine internationale. Jusqu'à cette date (mais de manière irrégulière), je consacrerai mes billets à ces poètes qu'il sera possible de rencontrer ou d'entendre par la voix d'autres.

Dimanche, c'est John Montague que je mettrai à l'honneur. Il fait partie des poètes présents au Marché de la Poésie.
Aujourd'hui, je vais le présenter.

john-montague

Il est né en 1929, à Brooklin. Il a passé son enfance dans la ferme de ses tantes, dans le comté de Tyrone, puis a fait ses études secondaires à Armagh et ses études supérieures à l’University College de Dublin, qu’il est allé compléter aux États-Unis. Il a longtemps vécu à Paris, rue Daguerre, et entretient depuis trente ans avec la culture française et les poètes français contemporains un dialogue d’une grande richesse ; il est notamment membre du comité de la revuePoésie. Traduit très tôt en français par Claude Esteban, Serge Fauchereau, Michel Deguy, il est avec Thomas Kinsella le plus remarquable des poètes de la génération qui suit immédiatement celle de Kavanagh et d’Austin Clarke. Universitaire (il a enseigné à l’University College de Cork de 1972 à 1988), éditeur d’anthologies de la poésie irlandaise (The Faber Book of Irish Verse en 1974 et, plus récemment, Bitter Harvest, de moindre ampleur et de propos différent), auteur d’une autobiographie (The Lost Notebook, 1987) et d’un recueil de nouvelles (Death of a Chieftain, 1964), son œuvre poétique proprement dite porte, surtout dans les années 60, la marque d’une interrogation anxieuse sur les malheurs qui ont frappé la terre d’Irlande (Poisoned Lands, 1961). Issu des milieux catholiques d’Ulster, marqué par son séjour aux États-Unis, il est avant tout un poète de la mémoire, de la réminiscence et du rêve. Ses principaux recueils sont A Chosen Light (1967), Tides (1970), The Rough Field (1972), A Slow Dance (1975), The Great Cloak (1978), The Dead Kingdom (1984),Mount Eagle (1988). Deux anthologies de ses poèmes ont paru en français : La Langue greffée (éd. Belin) et Amours, marées (éd. William Blake).

J'ai extrait cette biographie de "Anthologie de la poésie irlandaise du XXe siècle", parue chez Verdier, en 1996.

Un petit avant-goût...

Face cachée

J'ai vu les hautes
traînées de vapeur des
derniers destroyers
en rêve :
j'ai vu la grise
face cachée de la lune
s'approcher en glissant de la terre...

In "La Langue Greffée" - Belin (L'extrême Contemporain) - 1988

15 mai 2013

MARCHÉ DE LA POÉSIE - PARIS 2013 - SERGE PEY, Président d'honneur

Marché de la poésie 2013

Du 6 au 9 juin, place Saint Sulpice, se tiendra le 31ème marché de la poésie (le 1er pour moi). Serge Pey en est le président d'honneur. C'est à Vienne, à la Librairie Lucioles, que j'ai rencontré Serge Pey (son site est ICI). Un homme de poésie, de philosophie, de roman. Un homme engagé, qui dit son engagement, qui hurle ses combats et ceux de ses ascendants, un homme au verbe haut, tonitruant. Un homme qui m'a fascinée par sa présence physique, par la puissance de ses mots.  Il dit écrire de la poésie d'action. Un homme qui théâtralise ses pensées. Un homme qui pleure quand il lit l'histoire qu'il a écrite sur sa mère. Un homme qui émeut, dont la superbe touche.

SERGE PEY

Ce jour-là, le 10 mars 2012, en Isère, il présentait son dernier recueil de nouvelles : 'Le Trésor de la guerre d'Espagne". C'est ICI que j'en avais dithyrambiquement parlé.

Serge Pey, c'est aussi CECI, CELA, et tant d'autres mots conjugués, tricotés, inscrits dans les bâtons avec lesquels il réalise ses scansions.

Serge Pey... encore (et je ne m'en lasse pas) : Dialogue avec Ibn Hazm - Rituel des renversements

- Quel âge as-tu ?

- Une heure
car je viens de donner
un baiser à celle que j'aime.

- Quel âge as-tu ?
- L'âge de l'éternité
car j'ai donné un baiser au baiser

- Quand es-tu né ?
- Quand toi tu commenceras à naître
et quand le baiser s'embrassera
sans que j'ai besoin de ma bouche
pour le donner

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28 avril 2013

LA POÉSIE DANS LE BOUDOIR : Aurélien Delsaux

l-incommensurable AURELIEN DELSAUX

L'incommensurable, Aurélien Delsaux - 2012

 

L'hiver en sa fin

 

quand tombe la dernière neige

quand viennent les premières pluies

quand le jour dans son manteau beige

travestit son regret des nuits

 

quand Orion quitte enfin son siège

quand la fumée des toits faiblit

on sent se refermer le piège

on cherche dans le vin l'oubli

 

et bien que la lumière croisse

le coeur se serre avec angoisse

comme un poing qui voudrait frapper

 

dans la vitre du temps qui passe -

la vie est le lait sous la glace

qu'un vieux félin voudrait laper

 

Aurélien Delsaux - Le cahier blanc

 

Aurélien Delsaux autoportraitsept4

Aurélien Delsaux est né en 1981, à Lyon.

Il a grandi au hameau du Bresson, à Saint Jean de Soudain (Isère). Des voyages l’ont conduit en Allemagne, en Suisse, en Belgique, en Hollande, en Pologne, en Russie, en Italie, en Grèce, en Croatie, au Liban, en Algérie. 
               Dans le cahier blanc vous trouverez au fil des jours poèmes, notes, esquisses, peintures, travaux divers - le vrac d'un atelier de travail.

Egalement homme de théâtre, Aurélien Delsaux est le fondateur de l'Arbre

On ne connaît pas encore la date de sa mort.

 

POÉTISONS


Le jeu

Poétisons ensemble...
La semaine dernière,  Anis Anne, Sido se sont jointes à moi pour faire chanter les mots. (clic sur leurs prénoms pour aller chez elles)
La règle du jeu est ici.

Plus nous serons nombreux à faire parler la poésie, plus elle restera vive, créatrice et porteuse de beauté.

 

21 avril 2013

LA POÉSIE DANS LE BOUDOIR : Xavier Hanotte

julian-beever-trottoirs-trompe-loeil-L-NAJOlO

Julian Beever - Trompe l'oeil

Dédits

On m'a signé
Des tonnes d'amour sans provision
On m'a montré
De beaux mariages de raison.

Messes et caresses.

On m'a vanté
La joie des grandes maisons
On m'a lancé
Bien des bouées en béton.

Chairs et promesses.

Je ne cherchais
Qu'une épaule où poser ma tête.

Je suis resté
Dans ce fossé en bord de route
Assis sur une borne froide
La tempe meutrie de vide

Et toutes les chutes à venir.

Xavier Hanotte - Poussières d'histoires & bribes de voyage - 1984-2003 - Escales du Nord


"Pour certaines personnes, la vérité du jour sera le mensonge du lendemain..."

 


POÉTISONS

Le jeu

Poétisons ensemble...
La semaine dernière,  Anis , Anne, (à laquelle j'adresse un clin d'oeil)Antigone, Bonheur du jour, Flomar, Fransoaz, Laurence se sont jointes à moi pour faire chanter les mots. (clic sur leurs prénoms pour aller chez elles)
La règle du jeu est ici.

Plus nous serons nombreux à faire parler la poésie, plus elle restera vive, créatrice et porteuse de beauté.

20 mars 2013

LA POÉSIE DANS LE BOUDOIR : Ana Blandiana au Salon du Livre 2013

                    printemps des poètes                          salon du livre

 

 

Sentier

Sentier droit
Frayé dans l'herbe
Par le peigne des pieds nus
Comme traversant les cheveux
De la terre,
Crâne réchauffé par le sommeil
Et prêt à s'effondrer
De l'automne, librement,
Comme de la vie, les vieillards.

Ana Blandiana - L'oeil de cigale (in Autrefois les arbres avaient des yeux) - 1981

19 mars 2013

LA POÉSIE DANS LE BOUDOIR : Ana Blandiana au Salon du livre 2013

                   printemps des poètes                    salon du livre

 

 

Soleil de l'insomnie

Soleil de l'insomnie,
Blanc métal fondu,
Insupportable sur la rétine,
Traversant la paupière,
Veille éclatante,
Regard sans le moindre espoir d'ombre
Me tenant suspendue
En haut, au-dessus de tous les sens,
Au-dessus du noir si doux,
Attenant, de l'enfer,
Dans la plus cruelle et impudique
Lumière
Dont je ne veux que
Tomber, tomber...

Ana Blandiana - Étoile de proie (in "Autrefois les arbres avaient des yeux") - 1985

17 mars 2013

LA POÉSIE DANS LE BOUDOIR : Ana Blandiana au Salon du Livre 2013

salon du livre


Pour sa 33ème édition, le Salon du livre met à l'honneur les Lettres Roumaines. Vingt-sept auteurs roumains seront présents à Versailles du 22 au 25 mars.

Ana Blandiana

Ana Blandiana est née en 1942, près de Timişoara. C'est une poétesse dont l’œuvre est emblématique d’une littérature entre les tensions de l’oppression et une tradition vive de créativité. Auteur d’une œuvre délicate presque totalement méconnue en français en dépit de sa notoriété de femme engagée auprès de la société civile, Ana Blandiana est aussi l’auteur d’un roman polyphonique sur les conditions de la création littéraire dans une société fermée et totalitaire. Après la publication de son premier poème paru sous le pseudonyme d’Ana Blandiana, elle fut dénoncée comme « fille d’un ennemi du peuple » et empêchée de s’inscrire à la Faculté pendant quatre années consécutives. Après ce faux départ imposé par le régime communiste, elle se réinscrit en 1963 à la Faculté de philologie de Cluj et publie, en 1964, son premier recueil de poèmes au titre annonciateur de ses engagements futurs : La Première personne du pluriel. Ana Blandiana crée en 1990 l’Alliance civique, maillon essentiel dans la vie de la « polis » après la chute de la dictature. Elle fonde également le Mémorial des Victimes du Communisme et de la Résistance, à Sighet (nord de la Roumanie). Elle a été traduite dans de nombreuses langues.

printemps des poètes

Jusqu'au 25 mars, dans le cadre du Printemps des Poètes, je présenterai chaque jour un poème d'Ana Blandiana, en hommage à cette dame, invitée du salon. Chaque page est extraite de l'un des recueils de la poétesse : "Autrefois les arbres avaient des yeux", édité au Cahiers Bleus/Libraire Bleue, en décembre 2005.

 

 

Rencontre

N'aie pas peur.
Tout sera tellement plus simple
Que tu ne comprendras
Que bien plus tard.
Tu attendras au début
Et tu n'auras de la peine
Que lorsque
Tu commenceras à croire
Que je ne t'aime plus,
Mais alors je mettrai
Un brin d'herbe à pousser
Dans un coin connu du jardin,
Qu'il arrive jusqu'à toi
Et te murmure :
N'ayez pas peur,
Elle est bien
Et vous attend
À mon autre bout

Anna Biandana - Cinquante poèmes (in Autrefois les arbres avaient des yeux) - 1970

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