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Littér'auteurs
25 décembre 2012

RENCONTRES POÉTIQUES : Théophile Gautier

Noël

Le ciel est noir, la terre est blanche ;
- Cloches, carillonnez gaîment ! -
Jésus est né ; - la Vierge penche
Sur lui son visage charmant.

Pas de courtines festonnées
Pour préserver l'enfant du froid ;
Rien que les toiles d'araignées
Qui pendent des poutres du toit.

Il tremble sur la paille fraîche,
Ce cher petit enfant Jésus,
Et pour l'échauffer dans sa crèche
L'âne et le boeuf soufflent dessus.

La neige au chaume coud ses franges,
Mais sur le toit s'ouvre le ciel
Et, tout en blanc, le choeur des anges
Chante aux bergers : " Noël ! Noël ! "

 

Image du Blog lusile17.centerblog.net

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9 décembre 2012

RENCONTRES POÉTIQUES : Jean Tardieu

 

image

Conversation

***

Comment ça va sur la terre ?
- Ça va ça va, ça va bien.

Les petits chiens sont-ils prospères ?
- Mon Dieu oui merci bien.

Et les nuages ?
- Ça flotte.

Et les volcans ?
- Ça mijote.

Et les fleuves ?
- Ça s'écoule.

Et le temps ? 
- Ça se déroule.

Et votre âme ?
- Elle est malade
le printemps était trop vert
elle a mangé trop de salade.

Jean Tardieu ; Monsieur Monsieur (1951)


Jean Tardieu

Jean Tardieu est né en 1903 dans le Jura, d'un père peintre et d'une mère musicienne. Son oeuvre comprend de très nombreux recueils poétiques et des pièces de théâtre fréquemment représentées en France et à l'étranger : Le fleuve caché. Comme ceci, comme cela. Théâtre de chambre. Poèmes à jouer...

"Il me semble que je lisais beaucoup plus que les enfants de mon âge. J'aimais lire la nuit. Et j'aime toujours la nuit, je me sens très calme, à l'abri. J'aime la paix, la sérénité de la nuit". 

Il écrivait la nuit.

Jean Tardieu a toujours beaucoup aimé les enfants et se sentait proche d'eux : il a eu un public fidèle de jeunes lecteurs. Les enfants lui envoyaient des lettres, des dessins et des poèmes.

Pour lui, être poète était une sorte de nécessité. Il disait que ce goût pour l'écriture ne l'avait jamais quitté, et il n'a jamais cessé d'écrire jusqu'à la fin de sa vie, en 1995.

 

25 novembre 2012

RENCONTRES POÉTIQUES : Paul Verlaine

L'amour est infatigable !
Il est ardent comme un diable, 
Comme un ange il est aimable.

L'amant est impitoyable,
Il est méchant comme un diable,
Comme un ange redoutable.

Il va rôdant comme un loup
Autour du coeur de beaucoup
Et s'élance tout à coup

Poussant un sombre hou-hou !
Soudain le voilà roucou-
Lant ramier gonflant son cou.

Puis que de métamorphoses !
Lèvres rouges, joues roses,
Moues gaies, ris moroses,

Et, pour finir, moulte chose
Blanche et noire, effet et cause ;
Le lys droit, la rose éclose...

Paul Verlaine, Chansons por elle et autres poèmes érotiques

amant

Jean Honoré Fragonard (1732 - 1806)
L'amant couronné

18 novembre 2012

RENCONTRES POÉTIQUES : Serge Pey

Dialogue avec Jalâl ud Dîm Rumi (I)

Un plus un égale un

car deux est la séparation

 

La plus haute addition

soustrait car elle unit

 

Le nombre ne calcule pas

son unité

Il se renverse jusqu'à ne plus

se compter

 

Serge Pey
Rituel des renversemens
Poèmes soufis pour Michel Raji
danseur chorésophe

 

rumi-medium

 

Jalâl ud Dîm Rumi (1207-1273)

mystique et poète dont les disciples étaient chrétiens, juifs aussi bien que musulmans.

11 novembre 2012

RENCONTRE POÉTIQUE ; Serge Pey

La nuit éblouissante est restée dans les fleurs
Une lumière terrible résonne dans un visage
Un petit dieu comme un accident
surgit dans un arbre
Il est le clown de la lumière
qui fait rire les corbeaux
La petite robe de la poupée
nous appelle de ses cerceaux
Nous cousons son sourie
à sa chemise
C'est la condition de l'infini

L'alphabet des trimards - Rougier V éd.

Infini_modifié-1

"Qui cherche l'infini n'a qu'à fermer les yeux". Milan Kundera
(L'insoutenable légèreté de l'être)

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2 novembre 2012

VOYAGES IMMOBILES ; Thomas Vinau

 

Thomas Vinau

"La revue "ficelle" ne publie que ce qui lui plaît et ça ne risque pas de changer. 

Chaque jour, le ciel écrit sa phrase dans les nuages. 
Je dois écrire la mienne..."

 

AUTOPORTRAIT DE THOMAS VINAU


« Écrire c’est se taire » disait Duras, ou plutôt elle l’écrivait. Peut-être commencer par ça.
Ma bouche close. L’esprit comme du vent dans une longue plaine. Une langue pleine.
Les mots qui fouettent l’herbe, qui disparaissent en bourrasque. Qui reviennent. Ma
bouche close et mes yeux ouverts. Mes yeux qui boivent la lumière.
Il y a cinq ou six ans je suis venu m’installer dans le Luberon. Fonder une famille.
Fonder tout court. Ici les gens parlent. Ils parlent fort. Des yeux. Des mains. Même
les taiseux parlent. La lumière également est volubile. L’espace. Le ciel. Je sais
qu’écrire c’est se taire. Rester cet adolescent muet qui comprend que la terre est une
bille sur la tête d’un boiteux. Je sais aussi qu’écrire c’est déborder. Être une tasse d’eau
chaude trop pleine. Déborder de l’infusion de l’espace, de la lumière, de
l’environnement, des autres. Déborder de l’infusion de l’enfance aussi. La sienne.
Celle d’où l’on vient. Toujours. Reste à ne pas se tromper. À ne pas avoir peur de se
taire. Ne pas redouter le silence. Dans des grands gestes de mots et de phrases. Ne pas
rajouter du bruit au bruit. Écrire dans la lucidité d’un murmure. Retourner d’où l’on
vient. Droit. Les yeux bien en face du grand trou de nos vies. Bâtir. Dans nos
balbutiements. Construire. Maçonner des poèmes. Des histoires. Des enfants ….


Alors le poète écrit :

Je veux apprendre à voir, c'est le commencement d'un voyage immobile.

Et encore : 

Le ciel comme un couvercle
la lune comme un bouchon
la vie comme une fenêtre
immobile et ouverte.

"Et le jour vient de naître"

dans l'espace des mots de Thomas, dans son immobilité créatrice, pour accompagner un voyage onirique.

Le blog de l'auteur : ETC-ISTE

Le site des éditions "ficelle"

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