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Littér'auteurs

12 avril 2014

LES PLUMES D'ASPHODÈLE (26)

 

 

 

DIALOGUE

DIVISION

 

 

 

 

 

 

« Mémé »

Mais quel désordre dans cette salle de bain ! C’est infernal ! Ma petite-fille passe toujours avant moi, le matin. Et elle ne fait pas dans la dentelle, il faut bien le dire. Sans aucune délicatesse, elle bouscule le verre qui contient mon dentier et étale son dentifrice à la chlorophylle dans tout le lavabo. C’est drôle, je ne sais pas pourquoi, mais je n’aime pas cette odeur qui se distille dans la pièce. De la chlorophylle, ça ? On voit bien qu’elle n’a jamais vécu à la campagne, cette enfant.

« Jeanne »

Vivre à la campagne ? Elle est en plein délire, l’ancêtre ! Depuis qu’elle est venue habiter, en ville, à la maison, c’est le grand déballage familial. Et c’est qui qui reçoit ? Devinez ! Forcément, c’est tout pour moi. Et Jeanne par-ci, et Jeanne par-là… C’est sûr, ma grand-mère elle peut pas me décalquer ! Bon d’accord, elle est sur son déclin, mais quand même, mes parents pourraient être un peu plus cools, parce que là, ils sont devenus carrément dastiques, non ! dartiques, non ! sarcastiques, heu… non plus ! C’est comment déjà ? Jamais entendu ce mot-là ! Peuvent pas dire craignos, comme tout le monde ?

« Mémé »

Drastique. D.R.A.S.T.I.Q.U.E. Mais qu’est-ce qu’on leur apprend à l’école ? De mon temps… Vaut mieux que je me taise. Déjà que la petite me prend pour un diplodocus de l’ère secondaire…

« Jeanne »

Secondaire. Qu’est-ce qu’elle radote ? Ben oui, je suis en secondaire. En seconde secondaire, si elle veut. Et des diplodocus, j’en ai jamais rencontré. Ou alors ils étaient déguisés en dromadaire ! Parce que des dromadaires, le prof de géo, il arrête pas de nous en présenter. On étudie le désert Saharien.

« Mémé »

Qu’est-ce que ces dromadaires, dont elle parle, cette petite ? Le professeur de géographie ? Ils ne peuvent pas leur enseigner des choses bien de chez nous. De mon temps, on étudiait les doryphores. Et pour les travaux pratiques, on devait aller les ramasser dans les champs de pommes de terre.

« Jeanne »

Champs de pommes de terre. Des pommes de terre dans des champs ? Parce qu’à l’époque de Mémé, ils n’achetaient pas les pommes de terre au supermarché ? Ben dis donc, fallait être rudement débrouillard pour se nourrir ! Et puis qu’est-ce qu’elle radote ? Le prof d’histoire nous a dit l’autre jour que Le Doryphore c’était une statue. Celle de Polyclète. C’était aussi un soldat armé. Je suis plus calée que Mémé ! J’ai deux définitions pour le même mot ! Attention Mémé ! Danger ! Désormais tu ne pourras plus m’opposer ton dédain !

« Mémé »

Dédain ? Dédaigneuse, moi ? Que nous chante-t-elle, cette sauterelle ? Je suis la douceur même. C’est un don, chez moi, la douceur.

« Jeanne »

Pffffff

« L’auteure »

Dans le dédale des pensées de Jeanne et de sa grand-mère, j’ai tenté de trier. Je n’ai pas cherché à les réconcilier. Parce qu’elles vivent chacune sur leur planète, à des millions d’années-lumière l’une de l’autre. Mémé, sur le départ, en est encore à écouter les disques microsillon, alors que Jeanne télécharge sa musique sur sa tablette. Et pourtant. Toutes les symphonies de la vie s’achèvent sur le même final dramatique.

 


ASPHODELE

Voici ma modeste première participation aux "Plumes d'Asphodèle". (clic) (clac pour voir les autres participations)

Les mots imposés : Dentifrice, délicatesse, deux, débrouillard, désirer, danse, danger, diplodocus, dentier, désordre, décalquer, drastique, douceur, dédain, désormais, dentelle, dromadaire, don, dédale, déballage, doryphore, drôle, départ, disque, déclin, distiller.

 

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10 avril 2014

EN FORME ; Ingrid Chabert

en forme

En forme
Ingrid Chabbert, Marjorie Béal
Éditeur : Langue au Chat (janvier 2014)
18  pages - cartonné

 

C’est un rond, c’est un carré, c’est un triangle. C’est rond comme un ballon, ou une planète. C’est carré comme une cabane, ou une boîte. C’est triangulaire comme un instrument de musique, ou comme le bonnet du chien…. C’est un livre-jeu, aux pages cartonnées (très épaisses), destiné aux tout petits bambins qui aiment mettre leurs toutes petites menottes un peu partout. Et leurs tout petits doigts vont pouvoir suivre le contour des trois formes, découpées en creux dans la page.
C’est surtout un livre à toucher. Le texte ne me semble pas vraiment porteur. Les planètes, par exemple. À deux ans, elles sont vraiment hors du champ des repères de l’enfant. Quant au bonnet du chien… certes je n’ai plus depuis longtemps les yeux d’un p’tit loup de 2 ans, mais le chien est aussi mystérieux que le bonnet. Les exemples auraient pu être plus proche des références quotidiennes ; le ballon, lui, rentre tout à fait dans ce cadre. La boîte aussi.
Le concept du livre à toucher, même s’il n’est pas récent, est bien exploité. L’illustration est agréable, sans plus. Couleurs vives en aplat ; pages épurées. Mais excepté les trois formes géométriques, objet principal de l’album, le reste semple « posé » là, un peu par hasard. Pas de lien, pas de sens…

carré

Dernière remarque : les formes évidées. Le contour n’est pas complet : la forme est présentée comme si elle était attachée à l’intérieur d’une fenêtre. (Confer la photo) Le petit doigt ne pourra donc pas suivre le chantournement dans son intégralité.

Un peu déçue par ce livre, reçu dans le cadre des opérations "Masse Critique" de Babelio (clic) (que je remercie).

masse_critique

6 avril 2014

LA POÉSIE DANS LE BOUDOIR : Raymond Carver

LA VITESSES FOUDROYANTE DU PASSÉ - CARVER

La vitesse foudroyante du passé
Raymond Carver
Points Poésie (février 2008)
Titre original : Ultramarine (octobre 1987)
Traduit de l'anglais par Emmanuel Moses
174 pages

 

Simple

Une trouée dans les nuages. Le contour
bleu des montagnes.
Le jaune sombre des champs.
La rivière noire. Que fais-je ici,
seul et plein de remords ?

Je continue de manger distraitement
les framboises. Si j'étais mort,
ça me fait penser, je ne
les mangerais pas. Ce n'est pas si simple.
C'est aussi simple.

4 avril 2014

LAISSEZ-MOI, Marcelle Sauvageot

 

LAISSEZ-MOI SAUVAGEOT

Laissez-moi

Marcelle Sauvageot
Éditions Phébus - Libretto (juillet 2012)
144 pages

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce roman autobiographique a été écrit, en 1930, par une femme, gravement atteinte par la tuberculose (dont on mourrait presque toujours, à cette époque) qui vient de recevoir une lettre de rupture de son amant. C'est cette lettre qui va susciter une méditation profonde et sensible. Bien qu'écrit il y a quatre-vingts ans, le texte est d'une actualité et d'une pertinence profondes.

Marcelle Sauvageot sait que ses jours sont comptés, mais elle a, pour se raccrocher à la précarité de sa vie, une relation amoureuse qui lui donne force, combativité, espoir et bonheur. "Si tu m'aimes, je guérirai", affirme-t-elle.

Ce matin-là une lettre de son amant lui parvient au sanatorium. Elle lit ces deux phrases, laconiques : "Je me marie... Notre amitié demeure..." La brutalité de ces mots transforme brusquement "la valeur de toute chose". La narratrice (l'auteure elle-même) voit tout s'effondrer et se glacer autour et en elle. Pour tenter de refaire surface, Marcelle Sauvageot s'engage dans une introspection qui la conduit à s'interroger sur le sens de l'amour en vis à vis de l'amitié. Elle compose ainsi une sorte de longue missive qui s'adresse à l'homme qui vient de l'abandonner.

Le thème pourrait évoquer une interminable lamentation, un déferlement d'aigreur, un rêve de vengeance, un trop-plein de chagrin. Point de sentiments de la sorte dans ce texte pudique et poignant ! En aucun moment la narratrice ne sombre dans le misérabilisme et dans la plainte. Il y a de la vie dans ses mots qu'elle choisit avec soin pour qu'ils soient le reflet exact de ses ressentis, pour qu'eux, à leur tour, ne la trahissent pas, pour qu'ils témoignent le plus justement possible de ce qu'elle explore avec minutie certes, mais avec tant de poésie !

Ce n'est pas un ouvrage qui apitoye ... c'est un texte fort, plein de vigueur, de chaleur, de profondeur. 

Marcelle Sauvageot fut l'auteur d'une oeuvre unique, dans tous les sens du terme. Elle meurt à 34 ans, emportée par la tuberculose, quatre ans après avoir écrit ce livre.

3 avril 2014

LA VIE, Régis de Sá Moreira

LA VIE REGIS DE SA MOREIRA

La vie
Régis de Sá Moreira
Au Diable Vauvert (août 2012)
119 pages

 

 

 

 

 

La vie, c’est la vie, c’est ça la vie ; un proverbe amérindien dit que « c’est l’éclat d’une luciole dans la nuit. C’est le souffle d’un bison en hiver. C’est la petite ombre qui court dans l’herbe et se perd au coucher du soleil ». L’auteur, dans ce court recueil, a pris le temps de contempler l’éclat de la luciole, de sentir le souffle du bison, de regarder s’enfuir une petite ombre vers le crépuscule.

 

Je suis sorti de chez moi à 8 heures, j’ai marché au lieu de prendre le métro, je me suis marré en croisant un homme qui portait une télé…

[…]

Il y avait quelqu’un avec moi, ce quelqu’un venait de me faire rire et ce quelqu’un, c’était moi !

L’essentiel de ce texte réside dans « […] », puisque les deux extraits que je viens de citer n’en sont que le prologue et l’épilogue.

[…] au fur et à mesure du récit, composé de courtes réflexions intérieures, Régis de Sá Moreira donne la parole au protagoniste de l’évènement précédent. Pas facile à expliquer, mais un procédé particulièrement amusant. Amusant, certes, mais plus encore.

Démonstration : « je me suis marré en croisant un homme qui portait une télé… »… 

… « Je ne sais pas ce que j’avais de marrant, je portais une télé c’est tout, mais bon allez savoir ce qui se passe dans la tête des gens »…

Et comme la télé était lourde, il fait une pause pour fumer une cigarette. Pas de feu. Il demande service à un homme assis sur un banc…. Qui lui-même…. Etc. Etc.

Une ficelle stylistique astucieuse que l’auteur déroule avec habileté pour faire parcourir « LA » vie à son lecteur. Un petit morceau de vie de chacun des acteurs. Parce qu’au-delà de l’artifice littéraire, c’est une succession de réflexions souvent anodines qui construit un texte assez bien élaboré. Une idée entraînant l’autre, Régis de Sá Moreira aborde ce qui constitue le quotidien de chacun dans sa banalité. Son art, c’est de mettre en relief les petits lieux communs et de les rendre « vivants ». Une façon originale d’aborder par petites touches, presque insignifiantes, les grands thèmes de l’existence humaine : l’amour, la solitude, l’amitié, le deuil…

Un enchaînement subtil. Mais un peu superficiel quand même. Une impression de touche à tout, d’une revue sommaire. Des enchaînements à l’emporte-pièce qui passent du coq à l’âne. Un peu comme nos pensées qui, au fil des heures, vont et viennent indéfiniment, parfois sans suite.

Un livre déconcertant d’un auteur polygraphe, fin observateur du fugace et de l’éphémère, somme toute.

C'est peut-être ce qu'on appelle "avoir de la suite dans les idées"....

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2 avril 2014

50 MINUTES AVEC TOI, Cathy Ytak

50 minutes avec toi - Cathy Ytak

50 minutes avec toi
Cathy Ytak
Actes Sud Junior - D'une seule voix (2010)
80 pages

 

 

 

 

 

 

C’est encore un enfant. Il n’a que 17 ans. Devant lui, gît son père, inconscient, peut-être mort. Huis clos.

Le jeune homme ne bouge pas ; n’appelle pas les secours. Il regarde son père. Pendant cinquante minutes. Le temps pendant lequel il va dérouler ses dix-sept années de vie.

Dix-sept années d’une violence indicible, d’une terreur sans nom. Dix-sept années d’humiliation, de vexations. Des coups aussi, anodins en apparence… une gifle par-ci, une autre par-là. Pas tout à fait dix-sept… c’est depuis ses sept ans que le narrateur subit les camouflets d’un père « bien sous tous rapports », certes strict, certes, aux yeux de son entourage, un peu exigeant. Mais l’éducation d’un enfant ne nécessite-t-elle pas que celui-ci apprenne à se soumettre à l’autorité ? Huis clos aussi, les rapports entre le père et son fils.

La mère est là. Oui. Une mère qui ne dit mot. Une mère qui ne voit pas. Qui ne peut/veut pas dire. Qui ne peut/veut pas voir. Huis clos au sein du couple parental.

Dix-sept ans. Pour complaire à son géniteur, il s’est attaché à réussir ses études. Un an d’avance en terminale. Bac en poche, mention très bien. Prêt pour une prépa. Pour de grandes études. Selon le désir paternel.

Dix-sept ans. Amoureux. De Camille. Amour partagé. Bonheur révélé : la vie n’est pas que mortification.

Amoureux d’un garçon. Camille est un garçon.

L’irascibilité du père en est décuplée.

C’est encore un enfant. Il n’a que 17 ans. Devant lui, gît son père, inconscient, peut-être mort. Le jeune homme ne bouge pas ; n’appelle pas les secours. Il regarde son père. Lui dit son amertume. Lui dit sa rancune. Et s’en va.

Retrouver Camille.

Un roman pour adolescents. Qui ne traite pas que de l’homosexualité. Qui traite aussi des interdépendances familiales. Des non-dits. Des exaspérations. Des haines. Des maltraitances. Un roman pour que beaucoup d’adolescents s’y reconnaissent. Même s’ils ne sont pas homosexuels. Même s’ils ne sont pas persécutés. Un roman qui aide à réfléchir, à devenir adulte.

1 avril 2014

L'EMPLOYÉ, Guillermo Saccomanno

L'EMPLOYÉ - SACCOMANNO

L’employé
Guillermo Saccomanno
Asphalte Éditions (8 novembre 2012)
Traduit de l’espagnol (Argentine) par Michèle Guillemont
169 pages

 

 

 

 

Noir
Rouge

Noir de la destinée d’un homme ordinaire
Rouge du sang dont il est éclaboussé

C’est l’Argentine de la dictature que reconstruit Guillermo Saccomanno. Une Argentine sous la terreur. Une Argentine qui baigne dans l’angoisse et la soumission. Au sein de cette Argentine, un homme. Banal, anonyme, sans relief. Un « employé ». Employé, c’est sa fonction. Employé, c’est ainsi qu’il s’appelle dans ce récit. Ou plutôt : « l’employé ». Sans majuscule, neutre. Autour de lui gravitent « le chef », « la secrétaire », « le collègue ». Pas de majuscule pour eux non plus. L’employé a un emploi. L’employé a une famille. L’emploi et la famille sont « dans » l’employé. Il vit avec ça, cet homme. Il vit, c’est une façon de parler.

Parce que la terreur est aussi « dans » lui. Terreur de perdre son emploi. Terreur de traverser la ville. Terreur de retrouver sa femme. Terreur.

La ville explose de tous les attentats qui y sont commis. La ville est rougie du sang des chauves-souris, émincées vives par les pales des hélicoptères qui, jour et nuit, la survolent. La ville suinte des rebellions qui naissent et qui sont foudroyées par les milices. La ville. L’employé la parcourt, le matin, le soir, la nuit. Il enjambe les corps, morts ou vifs, de ceux qui sont déjà broyés, ou qui le seront demain. Il croise des chiens. Des chiens clonés, agressifs, malfaisants. Il croise des gosses. Des gosses drogués. Des gosses prostitués. La ville est noire. La ville est rouge.

L’employé se méfie. De tout. De tous. Et il a raison. Parce que la délation règne. « Le collègue » est suspect. Il est derrière son dos, à le surveiller. Paranoïa.

L’employé tombe. Amoureux. L’employé tombe. Dans la folie. L’employé tombe. Dans la perversion.

Noir. Rouge. Ce roman prend aux tripes. 

31 mars 2014

MONDE SANS OISEAUX, Karin Serres

MONDE SANS OISEAUX - KARIN SERRES

Monde sans oiseaux
Karin Serres
Éditeur : Stock, 2013
112 pages

Il m'a fallu démarrer trois fois la lecture de ce roman avant de parvenir à la conduire jusqu'à son épilogue. Difficile, vraiment, d'entrer dans le monde de « Petite Boîte d'Os » ! Les conditions de sa naissance m'ont déjà laissée pantoise. L'attribution de son prénom m'a déconcertée. Quant aux cochons fluorescents, génétiquement modifiés qui flottent imperturbablement à la surface du lac, ils m'ont complètement désarçonnée ! J'ai dû aussi m'habituer aux maisons sur roulettes, et aux défunts dans leurs cercueils qui reposent au fond de ce lac. Quelques lapins verts à apprivoiser plus tard...
J'ai enfin réussi à lâcher prise pour suivre le parcours de Petite Boîte d'Os.

 


SE LAISSER PORTER par l'onirisme, par le conte, par la fable, par le fantastique d'un monde « borderline » dont l'on ne sait s'il va vers sa fin ou s'il est en pleine mutation


ESCORTER Petite Boîte d'Os dans sa quête de vie, candide et sincère


TROUVER DU CHARME, comme elle, au vieux Joseph, surnommé Le Cannibale, et l'aimer infiniment


ACCOMPAGNER les naissances


CORTÉGER les décès


GUETTER les crues imprévisibles d'un lac qui recèle tous les mystères de la vie et de la mort et qui, inexorablement, monte, monte


REDOUTER « la ville »


S'ÉMOUVOIR la poésie limpide du texte


ÊTRE FASCINÉE par l'authenticité des sentiments


MÉDITER


Un monde sans oiseaux, parce qu'ils n'ont pas survécu aux mouvements du monde. Un monde dans lequel Petite Boîte d'Os évolue, sereine. En pleine conscience de la vie qui passe et de l'inéluctable issue.


Un roman


DÉLICAT INTELLIGENT SUBTIL MYSTÉRIEUX LUCIDE PÉNÉTRANT ÉMOUVANT DENSE 

30 mars 2014

LA POÉSIE DANS LE BOUDOIR : Rose Ausländer

BLINDER SOMMER

Blinder Sommer / Été aveugle
Rose Ausländer
Æncrages & Co (15 juin 2010) – Voix de chants
Traduit de l’allemand par Dominique Venard

 

 

 

 

 

Le temps d’une respiration

 

Le temps d’une respiration
l’air a changé de couleur
L’herbe et les feuilles en séchant se teintent
au ciel un drapeau de paille pend

Le temps d’une respiration
une forme dans mes nerfs se glace
j’entends la silhouette d’un ange qui s’estompe

Il est temps de
construire le rêve en gris
il s’est agité s’est déjà
posé dans mes
cheveux le temps d’une respiration

Entre-temps le soleil s’est vitrifié et
fendillé je cherche à retrouver sa
forme intacte dans le Hudson mais
dans ses yeux devenus gris les
contours se sont noyés
Du nord vient une
main preste qui chasse
les gouttes vers
l’océan Atlantique
le temps d’une respiration

Rose Ausländer
Poétesse d’origine juive allemande (1901-1988)

 

BLINDER SOMMER 2

29 mars 2014

PORTRAITS D'AUTOMNE, Roger Wallet

PORTRAIT D'AUTOMNE ROGER WALLET

Portraits d’automne
Roger Wallet
Gallimard (28 novembre 2001)
108 pages

 

Je n’avais pas vraiment craqué pour le récit de ce livre mystère, choisi spécialement pour moi par un Jérôme-clin-d’œil ; mais j’ai craqué l’enveloppe, hier, qui en dissimulait le titre et l’auteur.

J’avais raison, je n’avais jamais rien lu de Roger Wallet. Pourtant, depuis ce premier roman, récompensé par le Prix du livre de Picardie, en 2000, l’écrivain a publié six autres opus, outre des nouvelles, des essais, des poésies, des textes de chanson, des pièces de théâtre… On peut trouver tout cela sur son site (clic).

Roger Wallet avait été reçu par Bernard Pivot. Le grand honneur ! Et pourtant, quelques années plus tard, il s’irrite de la médiatisation offerte à son roman : « C’est loin d’être mon meilleur texte et je ne suis pas loin de penser que cela illustre le côté « snobisme parisien » de l’édition. Il ne faut pas se laisser embarquer dans cette médiatisation outrancière. Ce dont un écrivain a le plus besoin, c’est de savoir se situer, de savoir analyser ce qu’il fait. « Portraits d’automne » est une jolie histoire assez banale. J’avais des choses plus fortes à écrire ».

Grand défendeur de la « Picarditude », cet ancien enseignant, (jusqu’en 1992, avec un intermède d’un an entre 1981 et 1982 à la direction du Centre d’animation culturelle de Compiègne et du Valois, puis chef de cabinet de l’inspecteur d’académie jusqu’en 1999, et directeur du centre départemental de documentation pédagogique jusqu’en 2006, année de son départ à la retraite), est devenu un ami de Jérôme. Ensemble, ils ont parfois collaboré à l’écriture de « les années », en tout cas, c’est ce que m’a expliqué mon expéditeur (qui n’est pas resté mystérieux longtemps). Merci à lui pour cette découverte qu’il m’a permis de faire !

Et si Roger Wallet, par hasard, vient à lire mon billet sur son roman (ici), j’espère qu’il pardonnera mon manifeste manque d’enthousiasme pour un texte qui, pourtant, a fait ressurgir beaucoup de mes propres souvenirs.

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