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Littér'auteurs

25 janvier 2015

PIERROT DE RIEN - Françoise Lison-Leroy & Anne Leloup

"Les messages s'entassaient sous la vitre, l'écran demeurait blanc. Rien qu'un grésillement d'insecte apeuré. Celui que l'on redoute dans la chambre mortuaire, à l'heure de l'ultime échappée. Celui qui hèle l'invisible, l'imparable, l'inouï. Parce qu'un signe suffit."

Françoise Lison-Leroy


2015

Cache-cache cigüe

vous avez fermé la lourde porte/ derrière
mes mains/ vous avez tatoué mon âge/ mes
pas d'écolière/ mes armures/ et dans cette
cour carrée/ j'apprends à voler quelques songes/
à sangloter sans bruit ni mouchoir/ à compter
les carreaux de tous nos tabliers


sans tendresse/ vos silhouettes gardent
nos jeux/ épient nos fausses lettres/ ne pas
dormir/ ne pas céder/ grapiller encore et encore/
mille instants/ seule à seule avec rien/ il faut
tenir la rampe/ faire craquer l'escalier de bois/
le parquet/ pour se savoir pesante


vous trônez sur un siège/ et chacune
vous salue/ vous reniflez les rires/ les parfums
coupables/ et lacérez le rouge/ de quelques joues
trop roses/ combien donneriez-vous/ pour voir
nos fronts baissés/ nos certitudes calcinées


le silence est de mise/ nous abordons
le jour suivant/ entre tartines et leçons/
les tables sans issue/ les cratères/ vous
cadenassez nos dents/ le pain trop froid me
gifle/ ceinture/ faut-il éventrer la coupable

Fraançoise Lison-Leroy

Inédit, pour le printemps des poètes

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18 janvier 2015

CAHIERS DU JOUR - Semaine du 12 au 18 janvier 2015

2015

Les 366 réels à prise rapide correspondent à un exercice d’écriture de Raymond Queneau tiré des Exercices de Style. Il s’agit d’écrire chaque jour un texte sur un thème proposé sous la forme “Aujourd’hui [quelque chose]“.

Les règles sont les suivantes : écrire sur le vif, ne pas écrire plus de 100 mots, rapporter des éléments réels de sa journée sans en inventer et sans se référer à un jour antérieur, suivre la thématique de la date correspondante. La liste des thèmes et le règlement sont ici.


Lundi 12 janvier 2015 ¨ Aujourd'hui description du comportement des humains.

Trois millions sept cent mille, s'exclament les médias. Tous dans un même mouvement collectif ! Debout, droits dans leurs bottes. Y en a-t-il seulement un(e) qui a crié : "je suis juste là, parce que j'ai peur pour ma peau, pour ma vie pépère, pour ma bagnole, pour mon compte en banque et que je fais dans mon froc ? Et que de Charlie, je m'en fous un peu".

Le collectif n'est que l'addition d'individualités égocentriques. C'est humain.


Mardi 13 janvier 2015 ¨ Aujourd'hui ce qui ne fonc­tionne pas.

Mon inspiration


Mercredi 14 janvier 2015¨Aujourd'hui transparences.

"Poésie, le dernier phare sur la mer qui monte" ; in Poésie, Art de l'insurrection ; Ferlinghetti ; maelstrÖm reEvolution

Transparences des mots....


Jeudi 15 janvier 2015 ¨ Aujourd'hui j'attends.

J'ai attendu toute la journée à attendre quelques chose. Je ne savais trop pas ce que j'attendais... Attendez ! Ne me dites pas que vous attendiez aussi ! Vous attendiez quoi,, au fait ? En tout cas, il fait nuit, et j'attends que le sommeil arrive


Vendredi 16 janvier 2015 ¨ Aujourd'hui mal.

Ni mal de mer, ni mal du pays. Pays... j'ai dit Pays ? C'est qu'il me fait un mal de chien, mon pays qui divague ! Le mal est fait, depuis ce jour sinistre où la liberté a été flinguée. Ces gens sont l'incarnation du mal. Ils ne distinguent pas le bien du mal. Et je crains les remèdes qui vont être prescrits à ces grands maux. Ça risque d’aller de mal en pis ! Je ne veux du mal à personne, je ne songe pas à mal et il ne faudra surtout pas rendre le mal par le mal.


Samedi 17 janvier 2015 ¨ Aujourd'hui, film dont vous êtes le héros.

Je ne suis pas cinéphile.
La vie sur les écrans,
Les grands et les petits,
M’ennuie et m’anesthésie.

Je ne suis pas cinéaste
Ni metteur en scène
Ni réalisateur.

Le film de cette journée
C’est juste
Quelques séquences
Quelques rencontres
Quelques émotions
Quelques gestes.

Les yeux d’une vieille dame
Embruinés par les années
Dans lesquels j’ai vu
Quatre-vingt-dix ans
D’une vie.

L’héroïne, c’était elle
Aujourd’hui

Pour son anniversaire.
J’en fus la spectatrice,
Attendrie et émue.

N’est-ce pas mieux
Qu’au cinéma ?


Dimanche 18 janvier 2015 ¨ Fragment d'aujourd'hui raconté en recette de cuisine.

 

Liste des ingrédients :

-         Une salle de bain

-         Un tapis

-         Un jeans

-         Un pull

-         Un rendez-vous

-         Une montre

-         Chaussettes, chaussures…

 

  1. Commencez par vous prendre les pieds dans le tapis, et glissez-vous sous la douche
  2. Oubliez d’analyser d’où viendra la giclée d’eau froide et poussez un cri de surprise glacée
  3. Lavez-vous, sans oublier les oreilles et …
  4. Cherchez slip et soutif
  5. Surveillez l’heure et sautez dans le jeans, le pull, les chaussettes et les chaussures
  6. L’heure du rendez-vous est passée et vous êtes toujours à poil
  7. Recouchez-vous

Le cahier du jour du 5 au 11 janvier 2015 est à lire ici

18 janvier 2015

ILS ONT MIS DES FRONTIÈRES - Dominique Cagnard

frontière au Mexique

Ils ont mis des frontières entre les sables,
dressé des barrages aux icebergs,
isolé les cormorans de la banquise.
mais ils n'attacheront jamais les ailes du vent!

Prisonnier de l'inutile,
nous avons rompu le fil
qui relie le ciel et la terre.
Fortunés bac plus dix,
nous n'osons plus marcher
sur la sente déserte.
Tapis dans nos pavillons,
nous ne connaissons plus le chaud et le froid.
La vitesse a tout emporté sur son passage
et le silence a eu peur.

Il existe un bateau de nuit perdu au fond d'un jardin,
une pleurésie grimpante,
une neige qui ne fond jamais,
une étable pour s'asseoir dans la lumière de midi.

Dominique Cagnard

11 janvier 2015

CAHIERS DU JOUR - D'après EXERCICES DE STYLE de Raymond Queneau

EXERCICES DE STYLE - QUENEAU

Les 366 réels à prise rapide correspondent à un exercice d’écriture de Raymond Queneau tiré des Exercices de Style. Il s’agit d’écrire chaque jour un texte sur un thème proposé sous la forme “Aujourd’hui [quelque chose]“.

Les règles sont les suivantes : écrire sur le vif, ne pas écrire plus de 100 mots, rapporter des éléments réels de sa journée sans en inventer et sans se référer à un jour antérieur, suivre la thématique de la date correspondante. La liste des thèmes et le règlement sont ici.

J'ai vu ce défi sur plusieurs blogs, notamment  (Chez La Jument Verte) ou , ou là... Ça me plaît bien , cette idée ! Mais tiendrai-je tous les jours de toute l'année ? À suivre !


Lundi 5 janvier 2015 : "Aujourd'hui acheté"

Rien.
Enfin, si.
Deux tranches de gigot
Pas bon
Plein de nerfs
Et de gras.
Et mon gratin de navets
Avait tout du navet.


Mardi 6 janvier 2015 : "Aujourd'hui que deviendra cet enfant plus tard ? "

Assise par terre, au pied d'une caisse automatique de parking, une dame Roumaine, plus très jeune. Elle souhaite la bonne année à tous les passants, et explique aux automobilistes comment se servir de la machine à payer. Dans ses bras, un enfant endormi. Il fait froid. L'enfant dort. Certains jettent une piécette, d'autres les ignorent. L'enfant dort. D'un sommeil naturel ?


JE SUIS CHARLIE

Mercredi 7 janvier 2015 : "Aujourd'hui surprise"

Charlie Hebdo. Douze morts. Onze blessés. 

Épouvante.
Horreur.
Monstruosité.
Ignominie.
Inhumanité.
Barbarie.

 

 


Jeudi 8 janvier 2015 : "Aujourd'hui, une question lue quelque part"

 Pourquoi ?


Vendredi 9 janvier 2015 : "Aujourd'hui, tentative de liberté"

 Entendu, ce soir, au cours d'un reportage sur une cérémonie des voeux d'un maire de tout petit village de l'Isère : "Que l'avenir ne soit plus ce qui va arriver, mais ce que nous allons en faire."  Henri Bergson.


VIVE LA LIBERTE

Samedi 10 janvier 2015 : "Aujourd'hui, livre posé"

 "Vive la Liberté", publié chez Bruno Doucey. Des poèmes rassemblés autour d'un idéal. "Yo no canto por cantar / ni por tener buena voz / canto porque la guitarra / tiene sentido y razon". Victor Jara

 

 

 

 

 

 

 

 


Dimanche 11 janvier 2015 : "Aujourd'hui, à midi pile"

 

Je suis correspondante de presse. À midi, la maire d'un village dont j'assure la couverture, présentait ses vœux à ses concitoyens et demandait une minute de silence, pour Charlie et pour la liberté d'expression. Une heure plus tard, elle me téléphonait pour s'inquiéter de "ce qu'aurait pu me dicter" l'un de ses conseillers avec lequel "on m'aurait vue partir". Ce sont ses mots. Elle s’adressait… à la presse locale, et lui demandait le S I L E N C E !!!

11 janvier 2015

PRENEZ LA PAROLE - Lawrence Ferlinghetti

2015

Et une vaste paranoïa déferle sur le pays
Et l’Amérique transforme l’attentat contre ses Tours jumelles
En début d’une Troisième Guerre Mondiale
La Guerre contre le Tiers-Monde

Et les terroristes de Washington
Expédient tous les jeunes gens
Une fois de plus vers les champs de tuerie

Et personne ne dit rien

Et l’on débarque
Tout ce qui porte turban
Et l’on évacue
Tous les douteux immigrants

Et ils expédient tous les jeunes gens
Une fois de plus vers les champs de tuerie

Et personne ne dit rien

Et lorsque se réuniront
Tous les grands écrivains les poètes les peintres
Le Cercle National des Arts de Complaisance
Ne dira rien
Alors que tous les jeunes gens
Une fois de plus tueront tous les jeunes gens
Dans les champs de tuerie

L’heure est venue pour vous de parler
Vous tous amants de la liberté
Vous tous amants en quête du bonheur
Vous tous amoureux et dormeurs
Enfoncés dans vos rêves intimes
L’heure est venue de vous prononcer
Ô majorité silencieuse
Avant qu’ils viennent vous chercher !

Lawrence Ferlinghetti, extrait de PRENEZ LA PAROLE, in Blind Poet, ed. Maëlstrom & Le Veilleur, Traduit de l\'anglais (USA) par Marianne Costa

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5 janvier 2015

LE JOURNAL DE PETER - Sébastien Perez & Martin Maniez

COUVERTURE

Le Journal de Peter

Sébastien Perez & Martin Maniez
Milan Jeunesse (1er octobre 2009)
50 pages

 

 

Peut-être ne se prénomme-t-il pas comme cela, mais c’est égal. C’est Sœur Anne, la surveillante de l’orphelinat dans lequel il échoue qui le baptise ainsi. Et comme l’enfant s’en accommode, il sera donc Peter.

Lorsqu’on ouvre cet album, on pénètre ex abrupto dans la vie d’un jeune garçon, amnésique, en mal de maman. Mais on n’ouvre pas n’importe quel album de n’importe quelle vie ! C’est… comment dire… sublime. Fastueux. Non. Ce n’est pas ça. C’est…

PETER

Comme l’impression de m’aventurer dans un cahier d’enfant qui y aurait consigné ses joies et ses peines, ses quêtes, ses observations. Un cahier aux pages jaunies, adorné de dessins, de photos, de billets secrets. Un cahier qui a vécu, maculé de taches d’encre, d’eau, (de larmes ?), d’esquisses, de griffonnages. Comme l’impression que c’est véritablement un enfant qui a tenu ce cahier. Mais sans mièvrerie.

LONDRES

Martin Maniez a réalisé là une œuvre d’art. Des œuvres d’art. Parce que chaque page fourmille d’illustrations toutes plus éprouvées les unes que les autres. Les crayonnés sont extraordinaires, qu’ils soient exécutés à l’encre de Chine, à la mine de plomb, à l’encre de couleur ou au crayon de couleur. C’est fabuleux. L’album est un livre-objet dans lequel alternent différentes formes d’expression : photos délavées par le temps, certificat d’admission à l’orphelinat, article de presse, planches ornithologiques, ébauches de portraits, plan de Londres, lettres, crobars…

Sébastien Perez, l’auteur de cet album sensible et touchant, ne propose pas une réécriture des aventures de Peter Pan. Il le positionne « avant » le conte de James Matthew Barrie. Si, ici, le jeune garçon n’a pas encore modelé son pays imaginaire, il est déjà à la recherche de sa génitrice. D’ailleurs, son journal n’est autrement constitué que des lettres qu’il adresse à sa mère et qu’il signe « Peter ». « Maman »… c’est ainsi que débute chaque émouvante missive. Il ne doute pas un seul instant qu’il la retrouvera ; chaque lettre du journal intime de l’enfant fournit un indice au lecteur.

001 LES ENFANTS PERDUS

Quelques repères pour les connaisseurs (et – mais je n’ose l’imaginer– pour ceux qui n’ont jamais entendu parler de Peter Pan) : les enfants perdus, les pirates, le capitaine Crochet, la Fée Clochette, les Peaux-Rouges, Londres… Bien sûr, Wendy est absente de ce paysage admirablement brossé par Sébastien Perez et Martin Maniez.

LES PIRATES

Me voici désormais devant un terrible dilemme : où classer, dans ma bibliothèque et dans mon cœur, cet album ? Il est, dit-on, dédié aux enfants à partir de 8 ans. C’est irréfragable. C’est un livre-jeu qui conte les aventures d’un personnage de l’enfance.

Mais c’est un livre-objet où éléments textuels, typographiques et artistiques s’entrelacent pour former un ouvrage que l’on croirait unique. J’ai l’impression de l’avoir déniché dans un vieux coffre empli des souvenirs de mes ancêtres.

Ce journal est un coup de cœur, en ce début d’année. Pour petits et grands, à lire à relire, à conserver précieusement, à manipuler…

L'ENVOL

La quinzaine du conte de Mina (là, c’est chez elle) et Marilyne (ici, c’est chez elle) s’est terminée hier. Elles m’ont donné envie de retourner au pays de mon enfance. Mais avec « Le Petit Chaperon Rouge » et « La mort de Gilgamesh », Myriam Mallié dessillera ses lecteurs : les contes, c’est aussi pour les adultes ! Mes billets sont ici & .

Mina a aussi lu Le Petit Chaperon Rouge : elle en parle ici.

Marilyne a lu (relu) « Le Journal de Peter » (c’est d’ailleurs elle qui m’a fait craquer) : elle en parle ici.

4 janvier 2015

LA CLEF DU MONDE EST DANS L'ENTRÉE À GAUCHE - Francis Combes

0002 FRANCIS COMBES

APHORISME

 

 

 

 

 

 

 

« Tout 
homme
a sous les pieds
le centre de la Terre »

*
Réveillez
l’eau
qui dort


*
Les œufs 
du soleil sont
à tout le monde
*
Le monde 
tourne en rond
Ouvre-lui
sa cage ! 

*
Refusez
de 
marcher
Volez !

*
Rejoignez
la conjuration
des coquelicots 

Francis Combes, La Clef du monde est dans l’entrée à gauche, éd. Le Temps des Cerises, 2008

3 janvier 2015

DES LETTRES ET DES MOTS - Pour les Plumes d'Asphodèle

 

-      Consonne
-      Z
-      Consonne
-      N
-      Voyelle
-      O
-      Voyelle
-      O
-      Voyelle
-      I
-      Consonne
-      H
-      Consonne
-      R

 

Bien sympa la copine, de m’avoir inscrite à ce jeu télévisé où l’on jongle avec les lettres et les mots. Certes, je suis de nature joueuse, mais là j’ai l’impression que mon adversaire est complètement à donf. Il va m’épuiser, me mettre en fatigue, me donner la fièvre. C’est juste le premier round, et j’ai déjà besoin d’un remontant.

H O R I Z O N… j’ai trouvé un sept lettres ! Oui, mais c’est à lui de parler en premier.

-      Six lettres, annonce-t-il avec ravissement.

-      Yes !!! Je suis dans le rythme ! Sept pour moi ! Et, comme on dit au pays d’ovalie, la cabane est tombée sur le chien. Pourquoi le chien ? Pourquoi pas le cheval ? Ou la poule ? Tiens, une poule sur une échelle, ou une étagère, qui sait ! Une poule qui picoterait du pain dur, qui cherrait – du verbe choir – de son échalier, valdinguerait du rayonnage et terrirait –du verbe terrir – dans la cahutte. Décidément, ce jeu me transcende !

 

Partie suivante. Je vais le faire grimper au rideau. Et il n’a pas intérêt à en faire une montagne !

 

-      Voyelle
-      A
-      Voyelle
-      E
-      Consonne
-      N
-      Consonne
-      R
-      Voyelle
-      E
-      Consonne
-      C
-      Voyelle
-      U

 

C’est à moi de dire en premier… Là, tu vois, c’est presque l’ascenseur pour l’Éden : six lettres triomphales : N A C R E E. Pourvu qu’il tombe en panne ! Je marche sur des œufs. Et s’il montait au créneau ? Il se gratte la tête, me regarde en coin, tente une œillade. Oh non ! Je viens d’entrevoir un sept lettres que je n’avais pas vu : C E R N E A U ! Là, c’est sûr, il va l’emporter ; c’est sûr il va le forger ce mot.

drague

Va falloir que je sorte le grand jeu, que je lui fasse croire qu’avec moi il va monter au ciel : un petit battement de cils, la langue qui s’insinue entre mes lèvres que je me mordille en baissant les yeux, le nez qui se retrousse. Je tournicote une mèche de cheveux… Super cute !

Non, pas sept lettres ! Je croise les jambes sous le pupitre, heu non, les doigts sur le pupitre. Le chrono s’essouffle. Je vois mon adversaire qui vacille, qui flageole. Il se déconcentre, il se disperse, il se dilue, il s’entomate. Sait même plus quelles lettres sont en jeu. Le voici qui claironne : « On se retrouve tout de suite après l’émission ? »

 

G A G N É ! J’ai gagné !

 

des chiffres et des lettres

Je rentre à la maison. La télé est allumée. Mon mari n’est pas là. Sur la table un post-it : « Tu as perdu au jeu de l’amour et du hasard. Sache que les lettres peuvent aussi faire des maux ».

 

 

 

-      Consonne
-      D
-      Consonne
-      V
-      Voyelle
-      E
-      Voyelle
-      O
-      Consonne
-      R
-      Voyelle
-      I
-      Consonne
-      C

 

C O R V I D É… je savais bien que les corbeaux portent malheur !

Un autre sept lettres : D I V O R C E…. ça c’était pas le jeu !

 


ASPHODELE

Les dernières Plumes 2014, dans leur dernière version. Les mots de la collecte, sur le site d'Asphodèle, ici.

(horizonnaturecielcabaneéchellefatiguegrimperrideaucréneauascenseurÉdenmontagneétagèrefièvretranscenderpanneépuiserœufschevalravissementremontant - rythme) ne m'ont pas inspirée vraiment. Alors que le thème était "monter", je les ai paradoxalement trouvés plats. J'ai fait ce que j'ai pu !

Et puis, c'est au scrabble que l'on tire 7 lettres ; à ce jeu télévisuel, c'est 10. Quand je vous disais que j'ai fait ce que j'ai pu !

En 2015, les rythme de ces ateliers d'écriture change (1 atelier mensuel seulement), les consignes aussi. Seul le règlement s'accroche.

 

27 décembre 2014

LE PETIT CHAPERON ROUGE - Myriam Mallié

LE PETIT CHAPERON ROUGE

Le Petit Chaperon Rouge
Myriam Mallié
Esperluette éditions (15 septembre 2009)
55 pages

 

 

Myriam Mallié ne lit pas les contes de la même manière que la plupart d’entre nous. Là où je me suis plutôt attardée sur le rôle du Loup et celui du Chasseur – c’est-à-dire sur les représentations symboliques et le rôle de l’homme dans sa relation avec une fillette – l’auteure, elle, analyse avec pertinence la fonction féminine. Elle crée une triangulation entre l’enfant, sa mère, et la mère de sa mère (c’est plus sous cet angle-là qu’elle considère la grand-mère). Elle s’attarde aussi sur la filiation : La grand-mère est donc aussi mère. La mère est donc aussi fille. La fille est donc aussi petite-fille. C’est cette entrée qui m’a intéressée dans la lecture de l’ouvrage de Myriam Mallié. Elle dit que c’est dans une ancienne version nivernaise du conte qu’elle a trouvé la matière à conduire ainsi sa réflexion : Les filles y marchent là où la vie les invite à marcher, rencontrent qui elles doivent rencontrer, se mesurent à qui elles doivent se mesurer, avant de rejoindre la communauté des femmes – et des hommes bien entendu – et d’y prendre leur place.

Selon elle, cohabitent dans le conte six positions féminines, et seulement une masculine (le Loup).

Après avoir aussi dressé la carte géographique (symbolique, elle aussi) des lieux de vie, elle peut alors définir l’espace de l’entre-deux, de l’intervalle, de la création : la forêt. La forêt, qui enivre ceux qui la traversent de sensations excitantes (un peu exaltantes ?), la maison du Loup. Avec, en ligne de fuite, la rivière.

C’est dans ce cadre humain, relationnel, spatial que va se jouer, se nouer et se dénouer la tragédie. Une tragédie en … rouge. Le rouge c’est la vie, le sang chaud qui court dans les veines, la joie et le rire, les joues comme des pommes quand on a couru, le jeu à en perdre le souffle, la beauté aussi […]. Le rouge c’est une force. C’est la vie du sang, tant qu’il court invisible dans les fins tuyaux du corps. S’ils viennent à se rompre, tout ce rouge se répand sur le sol, s’assombrit, et c’est la mort qui s’y faufile.

Myriam Mallié va alors reconstruire le conte. Pas le revisiter, pas le relire, le reconstruire. Il y sera question de dévoration. Dans le conte traditionnel, c’est la peur d’être dévoré ; ici, c’est encore autre chose. Mais je n’en dirai pas davantage.

J’ai aimé ce petit recueil qui ouvre une brèche dans la lecture du texte. D’autres s’y sont collés aussi, les psychanalystes notamment. Et chacun, selon sa sensibilité, a interprété l’histoire. Non seulement Myriam Mallié en propose l’exégèse, mais elle ouvre le champ à une version beaucoup plus féminine – féministe peut-être – qui prend sens dans un chemin de vie très actuel. Mais n’est-ce pas là le rôle d’un conte ?


Mina et Marilyne (ici et ) nous offrent jusqu’au 4 janvier une quinzaine « conte ». Je sais aussi que Mina met à l’honneur les Éditions Esperluette que j’ai découvertes, récemment, au salon « L’autre livre », aux Blancs Manteaux à Paris, en novembre.

Et maintenant, je file voir l'avis de Mina sur cet ouvrage ; elle l'a publié aujourd'hui ici.

 

Ma modeste participation à l’entreprise de Mina qui nous invite à découvrir les Éditions Esperluette (clic)

23 décembre 2014

LA MORT DE GILGAMESH - Myriam Mallié

La-mort-de-Gilgamesh-1

La mort de Gilgamesh
Myriam Mallié
Photographies de Nina Houzel
Esperluette éditions (2 février 2005)
154 pages

Il était une fois. Il a été une fois, plutôt.

Gilgamesh.

Dont l’épopée fut écrite en trois mille quatre cents vers, et reprise un nombre incalculable de fois entre la fin du deuxième millénaire avant Jésus-Christ et 250 avant Jésus-Christ. Gilgamesh, peut-être dieu/peut-être homme, roi d’Uruk réputé pour son despotisme, personnage légendaire et mythologique.

Le propos de Myriam Mallié n’est pas de revisiter l’histoire de Gilgamesh dans un roman choral qui réunit au chevet du roi mourant, Sharnat – épouse, amante, prêtresse – et Sînleqe'unnennî – son fidèle scribe -. La chanson de Gilgamesh, Myriam Mallié l’a souventes fois contée. Elle porte ici un regard intime sur les trois protagonistes de son récit, sur leurs relations à eux-mêmes et entre eux. La mort proche oblige au retour à soi.

Sînleqe'unnennî va prendre la parole le premier et donner le ton au sujet de l’ouvrage : une longue réflexion sur la mort, l’amour, la vie. Ce sont trois monologues qui alternent, les voix de trois chants intérieurs qui se succèdent. « Je suis le scribe du roi. Moi qui aime passionnément écrire, je suis vide de mots », pense Sînleqe'unnennî en observant son souverain que la vie quitte lentement. Il regarde aussi Shamat qui assiste Gilgamesh dans ses derniers moments. Et il médite sur la vie de l’une, de l’autre et des deux, ensemble.

Shamat se penche sur sa propre vie : sa vie aux côtés de Gilgamesh. Et lorsqu’il est parti à la quête de l’immortalité, après la disparition d’Endiku, son double, son frère, son ami, sa vie loin de Gilgamesh. Il y est question ici de l’absence, du deuil, de la solitude. « La vie est une succession de départs. Tous intolérables. La résistance du cœur est incalculable ».

Gilgamesh se meurt, lui, l’être qui cherchait le secret d’une vie sans fin. Il revoit son parcours, ses excès, son orgueil, son outrecuidance. « Ma marche était rageuse. Mes pieds frappaient durement le sol. […] Je marchais avec une exaltation pleine de colère et de ressentiment ».

Trois soliloques.

Qui mènent à l’unisson aux mêmes questionnements.

En filigrane, le mystère des mots : la parole, l’écriture.

« Et moi, simple scribe, qui m’a donné ce pouvoir d’écrire les signes de la parole ? »

« Les animaux ont des langages, l’homme a la parole. L’homme est la forme qu’a choisie la parole pour exister »

« L’écriture est au dehors de nous. La parole est dedans »

« Les mots indociles, vivants, débordants, inutiles, je les écartais comme des mouches d’une main agacée. Mon ventre, et mes mains décidaient de mes actions et de mes choix. Pas les mots »

« L’écriture est un apprivoisement, une lutte parfois sauvage pour la tenir là, au plus près de soi »

Sînleqe'unnennî, le scribe, apprendra à Shamat, la prêtresse veuve, à graver les tablettes pour [qu’elle voit sa] douleur en quelque sorte sortir [d’elle] prendre chair ailleurs que dans [sa] chair. Sînleqe'unnennî transcrira la geste de son roi, glorifiera ses hauts faits, insculpera sa géhenne.

Sînleqe'unnennî qui sait que « la vie ne sert qu’à une chose : apprendre à perdre, à accepter ».

Une œuvre qui donne à méditer sur les grandes questions de l’humanité, a écrit François Emmanuel, écrivain concitoyen de Myriam Mallié.

 

Maryline et Mina nous offrent jusqu’au 4 janvier une quinzaine « conte ». Je sais aussi que Mina met à l’honneur les Éditions Esperluette que j’ai découvertes, récemment, au salon « L’autre livre », aux Blancs Manteaux à Paris, en novembre.

Alors, d’une pierre deux coups :

Un « cadeau » de fin d’année, que je dédie à ces deux sympathiques et attachantes complices que sont Mina & Marilyne (ici et ).

Ma modeste participation à l’entreprise de Mina qui nous invite à découvrir les Éditions Esperluette (clic)

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