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Littér'auteurs
30 janvier 2014

KINDERZIMMER, Valentine Goby

KINDERZIMMER

Kinderzimmer
Valentine Goby
Actes Sud, août 2013, 218 pages

 

 

 

 

 

 

 

France, 2013. Suzanne Langlois, inlassablement, narre la dernière guerre à de jeunes élèves de terminale. C’est d’elle qu’elle parle. Une jeune fille l’interrompt : « quand avez-vous su que vous étiez à Ravensbrück ? » Suzanne Langlois se tait. Elle ne sait pas. Elle se rappelle les mots de la poétesse Charlotte Delbo, évoquant Auschwitz, « un lieu d’avant la géographie », dont elle n’a su le nom qu’après deux mois de captivité. Ravensbrück, non, Suzanne Langlois ne savait pas non plus.

Ravensbrück, en 1944. Plus de quarante mille détenues y sont entassées, dans le dénuement, la crasse, la faim, l’humiliation, la violence. Dans l’antichambre d’une mort presque certaine. Quarante mille femmes déportées de Pologne, de Russie, de France, de Belgique… Suzanne Langlois était Mila, enceinte de trois mois au moment de son arrivée au camp. Tant qu’elle peut, elle cache sa grossesse et supporte courageusement la cruauté des gardiennes et des surveillantes, le supplice de l’Appel.


« C’est le moment où tes pupilles roulent comme des yeux de mouches. Voir. Mesurer l’espace. Bouger les pupilles d’un coin à l’autre de l’œil et de haut en bas sans remuer la tête, sans rien activer du reste du corps qui doit être immobile, ont dit les Françaises : faire la stèle ».

 

Mila se tait, parce qu’elle a appris qu’il n’y a pas si longtemps les nouveau-nés étaient noyés sous les yeux de leur mère, ou qu’on avortait les femmes jusqu’à huit mois de grossesse et brûlait le fœtus… Mila se tait. Parce que le seul objectif est de survivre. Mais son secret est rapidement mis au jour par ses codétenues. Et la solidarité entre ces femmes va être exemplaire : elles s’accrochent à l’espoir. Et quand, dans la Kinderzimmer (chambre des enfants, des nourrissons), de bébé de Mila voit le jour, leur lutte pour la survie se poursuit dans un lieu où la vie et la mort sont entremêlées… Ravensbrück, un camp où l’on a donné la mort à celles qui donnaient la vie.

« Le camp est une régression vers le rien, le néant, tout est à réapprendre, tout est à oublier ».

Valentine Goby s’inspire de la détention de Marie-José Chombart de Lauve, puéricultrice-captive à la Kinderzimmer de Ravensbrück,  pour signer un roman d’envergure. Pas un roman de plus sur la guerre, sur les camps de concentration.
Un roman sur la vie. Aucun pathos. Des phrases courtes, denses, soutenues. Un vocabulaire précis, âpre. Les corps affamés, malades, exsangues. Les nourrissons qui ressemblent à des vieillards. Une narration au plus juste de la vie, au plus juste de la mort, au plus juste du souvenir que l’on veut effacer.

La musique choisie par l'auteure pour illustrer son roman :

 

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28 janvier 2014

LA LUMIÈRE VOLÉE, Hubert Mingarelli

LA LUMIER VOLEE MINGARELLI

La lumière volée
Hubert Mingarelli
Folio Junior. 2009. 140 pages. À partir de 12 ans.

 

 

 

Varsovie. 1942. Deux gosses. Deux mômes. Juifs.

Élie, onze ans, est venu trouver refuge aux côtés de Josef Cytrin auquel il se confie, quand l’ombre arrive et que les coups de feu retentissent dans la nuit. Il a quitté le ghetto et ne trouve sécurité nulle part ailleurs qu’auprès de Josef qui repose sous une stèle. Si, il y a aussi Clara qui lui fournit subsistance. Élie est orphelin. Son père lui a laissé quelques subsides qui lui permettent de payer ses repas.

Gad, à peine plus âgé. Un szmugler. Il vit dans le ghetto que, chaque matin, il quitte pour trafiquer et ramener à ses occupants de quoi s’alimenter un peu.

Ces deux gamins vont voler quelques nuits à la mort. Dans un cimetière. Adossés à une tombe. Quand l’ombre les enveloppe et que les coups de feu retentissent dans la nuit, toujours plus près de leur repère.

Le premier est encore un enfant, ingénu. Le second est déjà, aux yeux de la guerre qui sévit, un vaurien. Leur rencontre est émouvante et tragique. Chacun apporte à l’autre une part de son désir de vie. Jusqu’au bout de leur vie. De leur lumière.

Hubert Mingarelli a publié ce roman en 2009. Son écriture n’avait pas atteint la puissance qui s’exprime dans ses derniers opus, destinés aux adultes (Un repas en hiver, Quatre soldats). Pourtant. Serrements de cœur. Émotion. Poésie. Littérature. De l’authentique, de l’essentielle. De celle qu’il faut lire, sans modération. À partir de 12 ans, peut-être. Mais bien après, aussi. 

 

26 janvier 2014

LA SUPPLICATION, Svetlana Alexievitch

Alexievitch-Svetlana-La-Supplication-Tchernobyl-Chroniques-De-Notre-Monde-Futur-Livre-895459805_ML

La supplication,
Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse
Svetlana Alexievitch
JC Lattès, 1998, 267pages, 18,50 €

 

 

 

 

 

Depuis le 26 avril 1986, le monde n’est plus celui que nous croyons connaître. Le monde a changé en cet instant même où l’un des réacteurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl a explosé. Le monde. Pas le périmètre devenu interdit autour du site maudit. Le monde, « tout le monde ». La terre du monde, l’air du monde, l’eau du monde, le feu du monde, les vivants du monde.

Svetlana Alexievitch, dans ce livre témoignages-documents-reportage-chronique convoque les « SUR-vivants » de l’apocalypse. Elle ne commente pas. Mais entre les lignes, entre les chapitres, entre les mots qu’elle a moissonnés, on ressent le parti-pris qu’elle prend de dénoncer, d’alerter, de témoigner de cette fin du monde qui n’a pas été dite, et qui ne l’est toujours pas.

« Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes » (Strophes pour le souvenir » Louis Aragon, in  « Le Roman Inachevé », 1955). Hommes, Femmes, Enfants… inconscients du drame, au moment même où il se noue.

Ce n’est pas de l’évènement que veut attester ce livre. C’est de l’après apocalypse. Ce sont les voix des rescapés (pour peu de temps, sans doute). Ceux qui ont perdu leurs proches, ceux qui ont été déracinés, ceux qui ont donné vie à des enfants mutilés, amputés de la vie avant même de l’avoir commencée. Des patriotes, des enrôlés involontaires, des scientifiques, des inconscients, des soldats, des résidents non autorisés…

Nikolaï Fomitch Kalouguine… les lecteurs d’Antoine Choplin reconnaîtront ce père qui, dans « La Nuit Tombée »*, en moto, traverse la forêt, pour récupérer une porte de son appartement de Pripiat. « Notre porte… Notre talisman ! Une relique de famille. Mon père a été allongé sur cette porte. J’ignore l’usage ailleurs, mais, chez nous, ma mère disait qu’il fallait coucher les défunts sur la porte de la maison en attendant de les mettre en bière. […] Ma fille avait six ans. Je la borde et elle me murmure à l’oreille : « Papa,  je veux vivre, je suis encore petite. » […] Nous l’avons allongée sur la porte… Sur la porte qui avait supporté mon père, jadis. Elle est restée là jusqu’à l’arrivée du petit cercueil… Il était à peine plus grand que la boîte d’une poupée. Je veux témoigner que ma fille est morte à cause de Tchernobyl ».

Arkadi Pavlovitch Bogdankevitch, un assistant médecin… « Bonne gens, laissez-moi tranquille ! Nous autres, nous habitions ici. Vous vous allez causer et repartir. Mais nous resterons. […] Pouvez-vous être d’un quelconque secours ? Non ! Alors, à quoi bon venir ? Nous poser des questions ? Nous toucher ? Je ne veux pas faire commerce de leur malheur. Ou philosopher là-dessus. Bonne gens, laissez-moi ! C’est à nous de rester vivre ici. »

Sergueï Vassilievitch Sobolev, vice-président de l’association biélorusse « Le Bouclier de Tchernobyl »… « Il n’y aura plus jamais d’autre monde. Nous comprenons maintenant que nous n’avons nulle part où aller. Cela implique une sensation de sédentarité tragique, une autre perception du monde. Souvenez-vous d’Erich Maria Remarque… Comme une génération perdue qui rentre toujours de la guerre. Avec Tchernobyl, il s’agit d’une génération désemparée. Nous sommes désarmés… Seule la souffrance humaine n’a pas changé… Notre seul capital. Qui n’a pas de prix ! »

 Vassili Borissovitch Nesterenko, ancien directeur de l’Institut de l’énergie nucléaire de l’Académie des Sciences de Biélorussie … que les lecteurs de Javier Sebastian reconnaitront dans « Le cycliste de Tchernobyl »*. « Non, ce n’était pas des criminels, mais des ignorants. Un complot de l’ignorance et du corporatisme. Le principe de leur vie, à l’école des apparatchiks : ne pas sortir le nez dehors […] Surtout pas de vagues, ne semez pas la panique, il y a déjà assez de bruit autour de cela en Occident. […]  Les responsables ne se faisaient pas de souci pour les gens, ils s’en faisaient pour leur pouvoir. Nous vivons dans un pays de pouvoir et non dans un pays d’êtres humains ».

Svetlana Alexievitch, l’auteur de ce livre… « C’est plus qu’une catastrophe…. Justement tenter de placer Tchernobyl au niveau des catastrophes les plus connues nous empêche d’avoir une vraie réflexion sur le phénomène qu’il représente. Nous semblons aller tout le temps dans une mauvaise direction. Dans ce cas précis, notre vieille expérience est visiblement insuffisante. Après Tchernobyl, nous vivons dans un monde différent, l’ancien monde n’existe plus. Mais l’homme n’a pas envie de penser à cela, car il n’y a jamais réfléchi. Il a été pris de court ».

Valentina Timifeïevna Pannassevitch, l'épouse d'un liquidateur, Vladimir Matveïevitch Ivanov, ancien premier secrétaire du comité du parti du du district de Slavgorod, et des dizaines d'autres se confient à l'auteure dans un livre à lire, 22 ans après ce « phénomène », parce que Tchernobyl est dans notre contemporanéité, parce que les traces invisibles restent ostensibles, parce que les témoignages recueillis expriment aussi la force de vie qui anime l’être humain.

EN GUISE D'ÉPILOGUE

"Une agence de voyage de Kiev propose des voyages à Tchernobyl et une tournée au coeur des villages morts... Naturellement,pour de l'argent. Visitez La Mecque du nucléaire..." (Le journal Babat, février 1996)


* clic sur le titre pour lire la chronique

 

26 janvier 2014

LA POÉSIE DANS LE BOUDOIR : John Montague (2 poèmes)

john montague 2

TRACES

 

La vaste chambre,
salle aérienne,
nos corps liés
qui reposent.

Quand je me retourne pour poser
mes lèvres sur tes longs cheveux
noirs et sur tes petits seins,
la chaleur monte de
ton odorante peau qui s'embrase,
tes yeux s'agrandissent quand
plus profondément, avec plus d'assurance
et à maintes reprises, je pénètre en cherchant
à prendre possession
du lieu où ton être
se cache dans ta chair.

Derrière nos paupières
un paysage s'ouvre,
un horizon violet
que des pélerins traversent avec peine,
un ciel de couleurs
qui changent, font éclater
des étoiles en éventail,
l'éclair mental du sexe
illuminant les parois du crâne ;
un dôme de plaisir qui flotte.

Tu vas me manquer,
grince le miroir
dans lequel la scène
disparaît bientôt :
la vaste chambre,
salle aérienne, où les
traces de nos corps
s'effacent, cependant
que des femmes de chambre poussent
en gloussant un chariot de linge
frais tout le long du couloir.

 

LES ADIEUX DE DON JUAN

john montague 1

 

Dames auprès de qui j'ai reposé
          dans des chambres à la lumière tamisée
doux frisson de la chair
          derrière les stores ombreux
longues barres de lumière
          en travers de seins chavirés
monticules chauds de
         suave douceur palpitante
jeune chair embaumant
          les roses que l'on froisse
la tendre anxiété
          de la femme entre deux âges
chandelle dont la lueur errante
          cache des veines bleues
épuisement ô combien éloquent
          à regarder décroître la lumière
quand votre partenaire engourdie
          dérive vers les
chaudes rives du sommeil
          et que vous vous réveillez lentement
pour affronter de nouveau
          l'illusion séduisante
de chercher à travers
          le corps docile d'une autre
quelque chose qui manque
          à votre moi isolé
tandis que la nuit profonde
          pareille à un cygne noir
passe en lissant ses plumes.

25 janvier 2014

Semaine poétique : JEAN TARDIEU (7)

2014

DÉDICACE À PERSONNE

 

Pour recueillir, comme au futur. Pour perdre
dans le passé. Pour attendre, pour piétiner,
pour se morfondre, comme au présent.
Une suite de jours dispersée, déchirée, entre
l'insomnie et le songe. Une vie qui n'appartient
à personne, pas même à moi.
Une route qui ne conduit nulle part ailleurs
qu'en ce point où tout se dissipe et disparaît.
(Est-ce la récompense ?)
Au vertige vécu. À l'immobile. Au retour sans fin.

 

Da capo, Jean Tardieu, Gallimard, 1995

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24 janvier 2014

Semaine poétique : JEAN TARDIEU (6)

2014

RÉCATONPILU
(Ou le jeu du poulet)

 

Si tu veux apprendre
des mots inconnus,
récapitulons,
récatonpilu.

Si tu veux connaître
des jeux imprévus,
locomotivons,
locomotivu.

Mais les jeux parfaits
sont les plus connus :
Jouons au poulet.

Je suis le renard
je cours après toi
plus loin que ma vie.

Comme tu vas vite !
Si je m'essoufflais !
Si je m'arrêtais !

Comme ceci comme cela, Jean Tardieu, Gallimard, 1979

23 janvier 2014

Lecture en cours : LA SUPPLICATION, Svetlana Alexievitch

LA SUPPLICATION

23 janvier 2014

DÉSORDRES, Elsa Montensi

2014

Désordres, lettre à un père
Elsa Montensi
L’Harmattan – Amarante, août 2012
82 pages, 12 €

 

 

 

 

 

Désordre : manque d’ordre, égarement, mauvais état, dérèglement des mœurs, querelle…

Les différents sens du mot conviennent tous exactement à l’âme de ce texte chargé d’émotion, de souffrance, d’incompréhension, d’indulgence. Désordres, une lettre autobiographique d’une jeune femme à son père.

« Arriver sur terre, c’est arriver dans une famille que nous ne connaissons pas, qui peut nous rester étrangère des années durant. C’est devoir s’en remettre à des êtres apeurés, bancals, mettre notre vie entre leurs mains tremblantes. On ne se choisit pas, on nous impose les uns aux autres sans même nous présenter. Il arrive que la véritable rencontre ne se produise jamais. Je n’ai pas su me frayer de chemin pour venir jusqu’à toi, tu n’as pas su venir à ma rencontre. Chaque jour qui passe nous rapproche du moment où le rendez-vous manqué s’inscrira de manière irréversible dans notre histoire. Qu’y aura-t-il de plus douloureux ? Le manque, la nostalgie, ou les paroles interdites, l’amour retenu prisonnier ? Aussi sûrement que les coups reçus, chaque élan retenu nous oppresse. Ce que nous n’aurons pas su donner restera perdu. Définitivement ».

Quelle famille a offert cet homme à sa femme et à sa fille, alors que le mari et le père se cachaient derrière un homme qui n’aime que les hommes ?

Elsa Montensi écrit à son père ; elle dit, elle se dit. C’est troublant, c’est douloureux, c’est dérangeant, c’est éprouvant.

« Autres allers retours. Entre les pages d'encre et l'extérieur. Je découvre la vie, me rencontre, me reconnais dans les livres. La musique des mots, espace vital où je reprends mon souffle, puise des forces pour aller de l'avant. Je les attrape au vol, m'en saisis, les brandis comme un étendard. La littérature devient l'épaule sur laquelle je m'appuie pour affronter le monde ».

Une lettre sublime. Poétique aussi.

« Nos vies sont faites de moments éphémères, fugaces, qui nous glissent entre les doigts. Ce qui est ne sera bientôt plus ».

23 janvier 2014

INTERBLOGS : le tag de la convivialité

tag lecteur convivial

C’est Mina qui l’affirme, il paraît que je suis conviviale. Je suis allée compulser le dico qui dit que convivial c’est chaleureux et amical. Bon, ça ne me semble pas totalement discordant. Mais on a parfois une forte propension à l’indulgence quand on se contemple.

Je vais donc éviter le nombrilisme exacerbé et remercier Mina pour ce petit cadeau. Mina, je ne la connais guère. Mina est apparue dans ma vie de lectrice, lorsqu’elle a créé avec Marilyne une éphémère association de protectrices de la littérature érotique, au début de l’année 2014. Contrairement à ce que certains mal-pensants auraient pu croire, il ne s’agissait pas de mettre en avant des textes canailles, mais plutôt de donner la parole à des auteurs qui ont su vanter l’amour et le désir en termes délicats et élégants. Et j’attends de Mina qu’elle poursuive mon éducation ! Ça me fait penser que dimanche prochain je présenterai des vers d’un poète que je trouve tout à fait inattendus. Mais chuttt !

 

Voici les règles du jeu

1. Lorsque tu apprendras que tu as été désigné(e), te réjouir tu devras. Danser la gigue et arborer le logo de ce tag sur ton blog tu feras.

Voilà la gigue  (la dame en robe noire, c’est moi). Quant au logo tout le monde le voit, non ? 

2. Pour remercier celui qui t’a désigné (e), un petit texte tu rédigeras.

Mina est apparue dans ma vie de lectrice… ah, mais ça, c’est déjà fait ! Confer quelques lignes plus haut.

3. Puis, les 10 internautes les plus réactifs ces derniers temps sur ton blog tu nommeras. (10… c’est sûr ?)

C’est à Aifelle que je vais décerner l’une des palmes, non parce qu’elle est plus réactive que d’autres que je vais nommer plus loin ; mais parce qu’elle supporte avec patience mes grands silences, lorsque les mots ne veulent plus me donner sens, qu’ils s’agitent et refusent de se mettre en ordre, et que je la retrouve dès que je reviens : parce que, chaque dimanche, elle « me » souhaite une bonne journée et que j’aime ses clins d’œil hebdomadaires. Aifelle est aussi l’une de mes ambassadrices normandes. La Normandie avec laquelle j’ai quelques attaches personnelles.

Au tour d’Anne, maintenant de bien vouloir accepter mes hommages. Anne de Belgique. Oui, mesdames messieurs, j’ai dans mon entourage littéraire une gente dame ! Et c’est une dame qui sait tout de la psychologie féline, qui aime Thomas Vinau, qui a tellement de livres à lire qu’elle fait parfois de belles découvertes dans sa propre bibliothèque, et qui, elle aussi, me laisse me taire.

Et, voici Jérôme, mon conseiller littéraire jeunesse personnel. Ses avis me sont précieux, surtout pour que je constitue une biblio-bambins qui « arrache » lorsque mes petits-enfants viennent en vacances à la maison. C’est du pur bonheur que de voir mes p’tits loups [qui, chez eux, lisent peu, ou pas] foncer sur « leurs étagères » pour découvrir les nouveaux albums que j’ai choisis pour eux. Mais Jérôme n’est pas qu’expert en littérature jeunesse ; ses choix de lecture me donnent souvent (trop souvent pour mon compte en banque) des idées compulsives.

Pour que Jérôme ne soit pas le seul homme de ma famille littéraire, je vais faire un clin d’œil à Daniel. Avec Daniel, nous avons, dans un autre temps de ma vie, exploré les textes de Frédéric Dard. Et j’en conserve un souvenir savoureux. C’est lui qui a repris à son compte le challenge initié par Anne (de Belgique) : « Le défi 1er roman » que je suis, silencieusement certes. Et Daniel poursuit avec une belle assiduité les dimanches poétiques qu’avait lancés Celsmoon : il affichait, le 19 janvier, sa 158ème participation avec Pierre Reverdy.

Dans ma vie de bloggeuse, encore un homme : Jack. Notre passion commune pour la belle littérature est complètement secrète. J’aime lire ses avis, j’aime la manière dont il les illustre.  Je le trouve sibyllin, et pourtant très éloquent.

Dans mon cœur, je garde Soukee, avec laquelle il fut un temps où nous « marmitonnions » de concert. Une Soukee dont je guette les nouvelles lectures. Une Soukee dont les choix, parfois, me déconcertent. Une Soukee dont les choix, souvent, m’appâtent. Une Soukee un peu rétive à la poésie (sauf, peut-être, quand ce sont des haïkus), et que j’aimerais bien convaincre.

Ma passion féministe est largement comblée par Anis. Elle dédie l’intégralité de son blog aux femmes en littérature et frémit lorsque, le dimanche, mon boudoir poétique est consacré à une poétesse. Et je lis ses chroniques avec intérêt, même si je ne suis pas aussi exclusive qu’elle.

Et puis, Marilyne. L’histoire d’une belle rencontre avec une professionnelle de la littérature jeunesse, à l’époque où je recherchais, pour mes élèves, autre chose que le puéril, alors que leur âge mental connaissait quelques difficultés à s’épanouir. Comme ses conseils m’ont été précieux ! Marilyne, même si elle n’a pas complètement abandonné ce genre littéraire, a, depuis, ouvert son champ de recherche à une « autre » littérature : celle d'escapades thématiques approfondies qui abordent les différentes dimensions de l’art et de la culture.

4. Les prévenir (sur leur blog) de ton méfait tu devras.

5. Faire ce tag une seule fois tu pourras : je crains bien que certain(e)s de mes bloggeurs(seuses) préféré(e)s n’aient déjà été salué(e)s pour leur amicalité. Pour ce qui me concerne, c’est sincèrement que je les remercie.

 

23 janvier 2014

Semaine poétique : JEAN TARDIEU (5)

2014

ÉPITHÈTES

 

Une source - corrompue
Un secret - divulgué
Une absence - pesante
Une éternité - passagère
Des ténèbres - fidèles
Des tonnerres - captifs
Des flammes - immobiles
La neige - en cendre
La bouche fermée
Les dents serrées
La parole niée
muette
bourdonnante
glorieuse
engloutie.

 

Formeries, Jean Tardieu, Gallimard, 1976

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