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Littér'auteurs
10 mars 2012

CE QU'ILS N'ONT PAS PU NOUS PRENDRE ; Ruta Sepetys

0ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre

"Lina est une jeune Lituanienne comme tant d'autres. Très douée pour le dessin, elle va intégrer une école d'art. Mais une nuit de juin 1941, des gardes soviétiques l'arrachent à son foyer. Elle est déportée en Sibérie avec sa mère et son petit frère, Jonas, au terme d'un terrible voyage. Dans ce désert gelé, il faut lutter pour survivre dans les conditions les plus cruelles qui soient. Mais Lina tient bon, portée par l'amour des siens et son audace d'adolescente. Dans le camp, Andrius, dix-sept ans, affiche la même combativité qu'elle..."

Elle a quinze ans, Lina, quand les anges noirs font irruption dans sa vie. Ils sont soviétiques et ils envahissent les pays Baltes.

Dans la nuit du 13 au 14 juin 1941, 23 000 Lituaniens sont déportés. Ruta Sepetys, l'auteur(e) de ce roman, est la fille d'un exilé lituanien qui a réussi à échapper au bannissement. C'est dire que la fiction qu'elle propose à des lecteurs adolescents s'ancre dans le terrifiant réel de son histoire culturelle.

 Outre Lina, ses personnages sont bouleversants de véracité : Jonas, son petit frère, Elena, sa mère, et tous ceux qui vont partager avec cette famille malmenée les affres d'un aller sans retour, pour la plupart, vers le glacial enfer Sibérien. Enfants et adultes, sans distinction, sont implacablement soumis à la férocité, au sadisme, à la monstruosité.

 Ce qui va donner à Lina la force de subsister, de combattre et d'aider ceux qui sur-vivent avec elle, c'est sa passion pour le dessin. Comme Anne Franck écrit, Lina dessine. « Il nous faut peindre des gens vivants, des gens qui respirent, sentent, souffrent et aiment », affirme E. Munch. Ce sera le credo de Lina, le fondement de sa résistance contre une mort probable. Edvard Munch l'inspire beaucoup ; c'est à lui et à sa peinture qu'elle fait constamment référence ; c'est sur ses œuvres qu'elle appuie sa volonté d'exprimer, elle aussi, ce qu'elle voit, ce qu'elle ressent. Une ressource pour exorciser sa peur, son angoisse, ses terreurs. Une manière d'immortaliser l'instant pour que jamais il ne s'oublie. Une façon de transmettre, de communiquer : elle utilisera des dessins qu'elle réalise sur un mouchoir, une écorce, pour qu'ils passent de main en main, dans l'espoir qu'ils arrivent à son père dont elle a perdu la trace.

Dire que le roman de Ruta Sepetys est émouvant, ce serait galvauder le profond sentiment d'épouvante et d'espoir qui ne m'a pas quittée au fil de cette lecture. Elle retrace ici une partie de notre mémoire collective – quelque peu ignorée - sans pathos, mais avec une telle volonté d'historicité que cette fiction revêt un caractère de véracité.

Dédié aux adolescents, ce texte exemplaire est aussi à confier aux adultes pour qu'ils ne sombrent pas dans le négationnisme qui fait florès dans certains milieux bien-pensants.

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7 mars 2012

L'ÉCOLE EST FINIE ; Yves Grevet

grevet

"2028. Sur le chemin de l'école certains enfants sont en tenue de travail. Ce sont les enfants des entreprises..."

À peine 40 pages. Un plongeon dans un futur proche. Très proche. En 2028. Imaginez : votre petit(e) dernier(e) vient de naître cette année, en 2012. Un jour elle (il) aura 16 ans. C'est demain. C'est même cet après-midi.

L'école que connaitra votre progéniture n'aura plus rien à voir avec l'école que vous avez gardée dans vos souvenirs, dans votre tête, dans vos représentations, dans vos rancœurs, dans vos bonheurs, cette école que vous avez contestée, dénigrée, clabaudée, aimée aussi.

En 2028, les enfants porteraient des uniformes. Comme naguère, me direz-vous ? Pour gommer les différences sociales ?

« La combinaison rouge pour Lila et le terrible tee-shirt vert fluo, celui dont le logo brille même dans l'obscurité, pour moi. Quand par malheur nous croisons dans la rue des enfants des écoles payantes, les insultes fusent aussitôt : « Sales pauvres ! », « Fils de clochards ! ». »

Non ! Pour les accentuer !

 

Ce court roman, je l'ai savouré comme une tasse de thé. Un thé à l'amertume prononcée. Un thé qui serre les dents. Un thé génétiquement modifié que l'auteur m''a donné à boire jusqu'à la dernière goutte. Mais que j'ai apprécié.

Yves Grevet se pose en « démonstrateur pédagogique » : ce qu'il anticipe, c'est un système scolaire qui re-donnerait aux enfants un statut d'esclaves. La société ne les instruit (et chichement) que s'ils la nourrissent (et grassement).

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Fiction ? Extrapolation ? Funeste prophétie ? Fasse que l'auteur ait tort et que cela lui soit démontré !

 

Un livre à lire, oh oui ! De 9 ans à la fin de la vie, pour que, jamais, jamais, au grand jamais, dans notre monde dit démocratique et affranchi, nous ne construisions un modèle de société qui conduise à cette aberration !

 

Et pourtant... à bien regarder autour de nous... ce court roman ne serait-il pas inspiré d'une certaine contemporanéité ?

 

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