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Littér'auteurs
22 janvier 2012

SEULE CONTRE LA LOI; Wilkie Collins

Wilkie

« Au lendemain de ses noces avec Eustace Woodville, Valeria découvre qu'elle a épousé un homme riche en mystère. Tout d'abord, son vrai nom est Macallan. Cette révélation pique la curiosité de la jeune mariée... qui n'est pas au bout de ses surprises. Il s'avère que le nom de Macallan est entaché de scandales, l'homme ayant été soupçonné d'avoir assassiné sa première épouse. Les poursuites abandonnées faute de preuves, Eustace a tenté de se faire oublier. Convaincue de l'innocence de son mari, l'impétueuse Valeria décide de mener l'enquête. Contre l'avis de tous, et bientôt en opposition violente avec son entourage, elle va s'employer, dans une angoissante solitude, à lever l'un après l'autre les masques supposés protéger la bonne société victorienne. Soucieuse de dissimuler ses propres turpitudes - meurtre, chantage, extorsion -, cette dernière semble avoir fait main basse sur la Loi. Thriller labyrinthique, âpre réflexion sur les faux-semblants, vibrant portrait d'une héroïne libre et intraitable, Seule contre la loi passe pour le premier roman policier dont le détective est une femme. A la lecture de cet opus, on comprend l'admiration sans borne que Borges et Hitchcock vouèrent au maître W. W. Collins (1824-1889), ami et rival de Dickens en son temps. »

 

Une lectrice, le 22 janvier 2012

 

Ma chère Valeria,

 

Vraiment, vous m'impressionnez par la ténacité, l'opiniâtreté, l'obstination, l'entêtement dont vous faites preuve ! Permettez-moi de vous dire, tout d'abord, à quel point j'admire votre audace (qui frise parfois l'intrépidité, voire l'inconscience).

L'amour est vite né de votre rencontre avec Eustache. J'ai même pensé qu'il était TROP VITE né, que vous seriez vite abusée par ce prompt engouement et que raison reviendrait au premier écueil que rencontrerait votre couple naissant.

Et le désagrément, que dis-je, le péril a pris place dès les premiers instants de votre union ! Cette Madame Woodville que vous êtes devenue, découvre in petto qu'elle aurait du prendre le patronyme de Macallan, si son époux avait accepté de lui offrir sa réelle signature.

La supercherie découverte, l'âme, le corps et le cœur abandonnés par un conjoint honteux d'un passé sinistre et non élucidé, vous voici transformée en courageuse va-t-en guerre.

Je ne peux que louanger votre détermination à laver l'honneur de votre mari, cet homme qui vous a caché son passé et auquel vous pardonnez incontinent.

 

Mais ce que j'ai apprécié par dessus tout, à la lecture de votre longue investigation, c'est la manière dont votre père « littéraire » (je nomme ici Monsieur Wilkie Collins) a délibérément bouleversé les principes victoriens qui régissaient l'époque dans laquelle vous avez vécu.

Alors que la femme, en ces temps, possède des droits similaires à ceux de l'enfant mineur, qu'elle est cantonnée dans un rôle de mère et de maîtresse de maison, vous, Valeria, partez vous exposer au Monde pour faire reconnaître l'entière innocence de l'homme que vous aimez.

Vos agissements sont précurseurs : une trentaine d'années plus tard, ce sont les suffragettes qui prendront le flambeau que vous auriez allumé si vous n'aviez pas été qu'une figure de roman.

Âprement, vous défendez ce que vous pensez être les droits d'Eustache Macallan sans hésiter à braver les convenances. N'oublions pas que nous sommes en 1875 !

Voici, d'une part, ce qui fait l'attrait du récit de votre entreprise.

 

En outre, votre « géniteur », Wilkie Collins, a l'art de distiller les détails de l'enquête que vous allez conduire, de manière à ce que vos hésitations de détective amateur deviennent matière à se perdre dans le dédale des suppositions et des présomptions.

Le dénouement est imprévisible ; chacun des personnages qui vous entourent est un suspect potentiel et la conclusion de votre quête absolument inattendue à aussi peu perspicace que moi !

 

Vous me voyez bien aise, ma chère Valeria, d'avoir parcouru en votre compagnie ce labyrinthe mondain et de commerce bien peu aimable, bien aise d'avoir fait la connaissance d'une jeune femme généreuse, déterminée, persévérante.

Je souhaite longue vie au couple que vous avez su défendre et sauver, contre vents et marées.

 

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12 janvier 2012

LA LÉGENDE DE NOS PÈRES ; Sorj Chalandon

chalandon

« Après avoir été journaliste à la Voix du Nord, Marcel Frémaux est devenu biographe familial. " Toute vie mérite d'être racontée ", disent ses publicités, et c'est pour cela que ses clients se confient à lui. Il les écoute, met en forme leurs souvenirs, les rédige puis fait imprimer un livre destiné aux amis ou au cercle familial.
Un matin, Lupuline Beuzaboc se présente au biographe.
Tescelin, le père de Lupuline, ancien cheminot du Nord de la France, était un Résistant, un partisan de l'Armée des ombres. Dédaigneux des hommages, il n'a raconté sa bravoure qu'à sa fille. Alors, pour ses 85 ans, Lupuline veut offrir à son père les mémoires de son combat. Elle veut ramener son passé glorieux en pleine lumière. Le vieil homme est réticent. Embarrassé. En colère même de tout ce tapage. Et puis il accepte.
Marcel Frémaux va s'atteler à cet ouvrage avec passion. Pierre Frémaux, son père, fut un Résistant. Comme le vieux Beuzaboc, un partisan de l'Armée des ombres, silencieux et dédaigneux des hommages. Mais son père n'a jamais rien raconté. Et il est mort, laissant son fils sans empreinte de lui. En écoutant Beuzaboc, c'est son père que le biographe veut entendre. En retraçant sa route, il espère enfin croiser son chemin. Mais rien ne se passe comme il le pensait. Et plus Beuzaboc raconte, plus le doute s'installe. C'est par une poignée de mains, que le biographe et le vieil homme avaient scellé leur pacte de mémoire. Ensemble, ils franchiront les portes de l'enfer. »

 

Qui, de Tescelin Beuzaboc ou de Pierre Frémaux, son père, Marcel Frémaux souhaite-t-il entendre les souvenirs ? De laquelle de ces deux mémoires veut-il et pourra-t-il se faire l'écho ?

Lupuline, la fille de Tescelin, a connu le bonheur d'entendre son père narrer son histoire de Résistant, alors que Marcel n'a jamais rien recueilli de Pierre. L'un et l'autre de ces guerriers de l'ombre ont pourtant vécu les mêmes événements. L'un et l'autre de ces héros silencieux ont refusé les hommages, conservant pour eux seuls les faits d'une guerre clandestine.

 

Le roman de Sorj Chalandon n'est pas une publication de plus sur la Résistance. Non.

 

L'un des sujets profonds de ce texte ce sont LES MOTS. Ceux qui sont dits, ceux qui sont entendus, ceux qui sont écrits, ceux qui sont lus. Concis, incisifs, sobres, précis. Des phrases courtes, épurées, porteuses de sens. Porteuses du sens que chacun, de là où il se trouve, leur accorde. Lupuline, enfant, a fait entrer son père dans la gloire en l'écoutant parler de son passé. Marcel, en quête des non-dits du sien, veut faire raisonner les propos de Beuzaboc pour qu'ils évoquent la trace paternelle manquante.

 

Les mots sont nés de LA MÉMOIRE, l'autre thème de ce roman. Marcel, le « biographe familial », est un passeur de mémoire, celui qui met en perspective les faits - réels ou imaginaires – et les dits. En écoutant Tescelin, en transcrivant ses propos, en enquêtant sur leur véracité, il contribue au devoir de mémoire. Empreinte de l'Histoire collective, certes. Mais aussi témoignage sur l'histoire humaine de ceux qui nous ont précédés : nos pères.

 

Quelques extraits :

« Parce que les mots écrits font parfois mal, ou peur. »

 

« Oui, tout, j'écoute, je garde, même le plus gris des mots. Même s'il ne sert à rien. »

« Simplement pour que Lupuline se souvienne, il avait recueilli des éclats de vaillance et choisi des bravoures qui n'étaient pas les siens. Il avait volé quelques hommes, s'était glissé dans la peau de l'un, le courage de l'autre, la douleur du troisième, pour les ramener tous les trois à la vie. Il n'était pas la somme de ses renoncements, mais l'addition de leurs courages. Il avait une vie en plus. Il leur rendait hommage. Et toute son existence, jusqu'à son dernier souffle, il se demanderait ce qu'il aurait fait, s'il avait eu deux jambes pour porter ses vingt ans. »

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