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Littér'auteurs

20 janvier 2013

RENCONTRES POÉTIQUES : Raymond Carver

 

Lumière tendre

 

Après l'hiver, abattu, maussade,
j'ai fleuri ici tout le printemps. Une lumière tendre

a commencé d'emplir ma poitrine. J'ai sorti
une chaise. Je suis resté des heures face à la mer.

J'ai écouté les bouées et j'ai appris
à faire la différence entre une cloche

et le son d'une cloche. Je voulais
tout abandonner. Je voulais même

devenir inhumain. Et le l'ai fait.
Je le sais. (Elle pourra le confirmer.)

Je me souviens du matin où j'ai rabattu le 
     [couvercle
sur la mémoire et tourné la poignée.

L'enfermant pour toujours.
Personne ne sait ce qui m'est arrivé

ici, mer. Toi et moi seuls le savons.
La nuit, des nuages se forment devant la lune.

Au matin ils ont disparu. Et cette lumière tendre
dont j'ai parlé ? Elle a disparu aussi.

La vitesse foudroyante du passé
(Ultramarine, New York, Random House, 1986)
Éditions de l'Olivier (2008) - Traduit de l'anglais par Emmanuel Moses

 

monet

Ombres sur la mer à Pourville
Claude Monet (1882)

 

Le dialogue poétique est ouvert ! Laissez, en commentaire, un poème en réponse à celui-ci !

Règle du jeu ici.

POÉTISONS

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19 janvier 2013

JOURNAL D'UN CORPS ; Daniel Pennac

corps

"Le narrateur a commencé à tenir scrupuleusement le journal de son corps à l'âge de douze ans, en 1935. 

Il l'a tenu jusqu'à sa mort, en 2010, à 87 ans. 

Son projet était d observer les innombrables surprises que notre corps réserve à notre esprit d'un bout à l'autre de notre vie. Ainsi a-t-il finalement décrit toute l'évolution de son organisme. 

Le résultat est le roman d'un corps qui tient moins du précis anatomique que de l univers malaussénien, car Daniel Pennac évite la froideur du constat médical en introduisant à chaque page des personnages, des situations, des dialogues et des réflexions qui font circuler le sang de l intimité dans ce corps autopsié que le lecteur, souvent, reconnaîtra comme étant le sien."


Jubilation !

 

C'est un grand cru que ce roman paru il n'y a pas un an (février 2012). Du Pennac dans l'essence, avec un subtil mélange de facétie, d'exultation, de dialectique, de sagesse, assaisonné juste ce qu'il faut d'un soupçon d'extravagance.

 

Le narrateur (dont on ne connaîtra jamais le nom) a remis à sa fille Lison, quelques moments avant sa mort, le journal qu'il a tenu, du 28 septembre 1936 au 29 octobre 2010. Non, ce n'est pas un journal intime, surtout pas ! SURTOUT PAS ! Ici pas de mièvreries d'une vie quotidienne et sociale que tout le monde connaît, et dont tout le monde parle. « Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose ». (Mercredi 18 novembre 1936). C'est un enfant de 13 ans, 1 mois et 8 jours qui commence cette biographie.

Biographie imaginaire ? Auto-biographie ? Sans doute un peu les deux. Impossible que Pennac ait inventé tout cela, sans avoir puisé ses sources en son propre corps !

À l'origine, c'est une grosse frayeur, un épouvantement devenu hystérique, qui conduit ce gamin à écrire. Un gamin chétif, malingre, dont le corps n'existe pas dans le regard de sa mère. « À quoi ressembles-tu ? Veux-tu que je te le dises ? Tu ne ressembles à rien ! Tu ne ressembles absolument à rien », vitupère-t-elle, en claquant la porte. Alors, pour exorciser ses peurs, il commence à les mettre en mots : il établit une liste de ses sensations : « la peur du vide broie mes couilles, la peur des coups me paralyse, la peur d'avoir peur m'angoisse toute la journée, l'angoisse me donne la colique, l'émotion (même délicieuse) me flanque la chair de poule, la nostalgie (penser à papa par exemple) mouille mes yeux, la surprise peut me faire sursauter […], la panique peut me faire pisser, le plus petit chagrin me fait pleurer, la fureur me suffoque, la honte me rétrécit. Mon corps réagit à tout. Mais je ne sais pas toujours comment il va réagir. » Et de poursuivre, le lendemain, « si je décris exactement tout ce que je ressens, mon journal sera un ambassadeur entre mon esprit et mon corps. Il sera le traducteur de mes sensations ».

 

Le lecteur va donc suivre 74 ans de la vie de l'auteur (?), du narrateur, au gré des manifestations de son corps. Mais point d'inventaire à la Prévert, ni de misérabilisme, ni d'hypocondrie débordante ! Et il ne les chante pas non plus à la Gaston Ouvrard : « Je suis d'une santé précaire, et je me fais un mauvais sang fou... ». Non, le narrateur n'est pas « pas bien portant ». Il vit ses jours - bons et mauvais -, les heurs - bons et mauvais -, et dit les bouleversements de son corps – bons et mauvais -. Je l'ai accompagné avec enthousiasme, cet enfant qui devient jeune homme, puis vieillard.

Et je ne l'ai pas vu vieillir, tant l'histoire de son corps qui prend de l'âge est distillée graduellement. Les mots de Pennac, c'est la quintessence de la vie qui passe. C'est du raffinement, de la finesse de la subtilité.

Et pourtant ! L'auteur ne s'encombre pas d'oiseuses pudibonderies pour évoquer ce corps qui peu à peu se déploie, s'affirme, décroît, puis se meurt. Le vocable est cru, parfois un peu gaillard, quand il s'agit d'évoquer les miasmes de l'anatomie. De toutes les anatomies, parce que, en toute sincérité, j'ai retrouvé dans les scrupuleuses descriptions de nos rituelles « habitudes » intimes, quelques unes de mes petites pratiques solitaires que, bien sûr, je ne détaillerai pas... je n'ai pas l'habileté de Daniel Pennac, moi, pour révéler ma profonde nature !

« [...]un homme ignore tout de ce que ressent une femme quant au volume et au poids de ses seins, […] les femmes ne savent rien de ce que ressentent les hommes quant à l'encombrement de leur sexe ».

Ou bien : « Nous nous repaissons en secret des miasmes que nous retenons en public ».

 

Je n'omettrai surtout pas dans cette chronique d'évoquer ce qui fait la force des textes de Daniel Pennac : la faculté de penser, l'intelligence, le sens des choses dans ce qu'il sublime notre quotidien.

 

« L'angoisse se distingue de la tristesse, de la préoccupation, de la mélancolie, de l'inquiétude, de la peur ou de la colère en ce qu'elle est sans objet identifiable ».

 

« Il me plaît de penser que nos habitus laissent plus de souvenirs que notre image dans le coeur de ceux qui nous ont aimés ».

 

« Ces petits maux, qui nous terrorisent tant à leur apparition, deviennent plus que des compagnons de route, ils nous deviennent ».

 

« Enfants, nous ne voyons pas les adultes vieillir ; c'est grandir qui nous intéresse, nous autres, et les adultes ne grandissent pas, ils sont confits dans leur maturité ».

 

Ce livre, c'est un roman de vie, c'est un roman d'amour, c'est un roman d'aventure.

Non, ce n'est pas un roman ; c'est une leçon de choses, comme on appelait ces cours, dans mon enfance, qui traitaient de ce qui ce nomme désormais « SVT ».

Une leçon de choses, où je suis, tu es, il(elle) est, nous sommes, vous êtes, ils(elles) sont, du point de vue du corps, les protagonistes parfois ardents, parfois languissants, mais toujours présents de la ligne de vie.

 

« Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps. Un enfant déconcerté ».


Deuxième moment de volupté, pour ma deuxime participation au challenge de George.

challenge-daniel-pennac

18 janvier 2013

MERCI, Daniel Pennac

Je choisis de commencer le challenge initié par George par la présentation de "Merci". Parce que oui, merci à George d'avoir lancé ce défi qui vient à point pour stimuler mon envie de relire l'oeuvre de Daniel Pennac que je viens de recomposer dans ma bibliothèque il y a peu. Je pense avoir presque tout lu de cet auteur pour lequel j'ai une grande admiration. Je le considère comme un écrivain "complet", capable de s'adresser à un lectorat d'âges différents, aux intérêts divers. Merci à Daniel Pennac de proposer avec un tel bonheur autant de diversité, autant de qualité, autant de réflexions sur la vie.


Merci, Daniel Pennac

Un beau matin, l'envie m'a pris d'écrire une variation autour du mot "merci". J'ai donc imaginé le monologue d'un lauréat primé pour l'ensemble de son oeuvre et contraint aux remerciements officiels, le pauvre.
Or, voilà que deux ans plus tard, je me retrouve dans un théâtre, seul en scène, à devoir dire moi-même ce monologue ! Ce n'est pas mon emploi, je n'ai jamais voulu faire l'acteur : j'ai failli mourir de peur.

On trouvera ici le récit de cette aventure théâtrale. Titre : Mes italiennes. On y trouvera aussi la réédition de Merci et le texte tel que je l'ai adapté pour le jouer, sous la houlette de Jean-Michel Ribes.

D.P.


"Merci", je l'ai vu et entendu avant de le lire... C'était le 5 février 2006, à Bourgoin-Jallieu, en Isère. Daniel Pennac, s'il n'a jamais voulu faire l'acteur (il affirme qu'une "vague expérience de jeunesse [l']en a dissuadé"), s'est fort bien employé à donner un spectacle haut en couleur. À l'origine, l'exercice devait être une lecture publique, exercice auquel Pennac est accoutumé en qualité d'ancien enseignant. Certes, il aurait préféré être lu. Ou joué.

C'est dans la deuxième partie de l'ouvrage, intitulé "Mes Italiennes" que Daniel Pennac dévoile par quels procédés il a du passer pour adapter son monologue : "couper", explique-t-il, l'introduction, les didascalies, les énumérations, les explications superflues, les développement inopportuns, les transitions inutiles... "11 922 mots réduits à 8 550, soient 3 372 mots sacrifiés sur le champ d'une bataille impitoyable". Mais Pennac prend bien soin de "s'excuser" auprès du lecteur : les "interventions de l'auteur [sont] nécessaires à la métamorphose du lecteur en spectateur".

"Merci", Daniel Pennac l'a écrit en 2004. L'idée lui "en était venue en grimpant l'escalier de mon bureau. Un de mes rares textes spontanés, en fait, une envie immédiatement réalisée, matérialisée par un personnage très indéfini, ce lauréat théorique, né du mot "merci", ce vieux râleur en quête d'on ne sait quoi et qui m'envoyait maintenant remercier à sa place, moi, un individu en chair, en os, et en tripes désormais liquéfiées".

Ce "merci", alors ? à qui le dit-il ? comment le dit-il ? Le récit, et le spectacle auquel j'ai assisté, c'est un florilège de remerciements, "un genre centrifuge, au sens ondulatoire du terme. Comme un caillou qu'on lance dans une mare, le remerciement fait des cercles... centrifuges, de plus en plus;;; larges... de plus en plus éloignés du centre". Tout le monde y passe : les notables, les importants, le jury, puis le public, puis l'"équipe"... (à ce point de l'ordre de passage, Pennac fait une petite digression vers la gent ministérielle : "un ministre ne parle jamais au nom de son équipe [...], un ministre n'attend jamais qu'on le félicite [...] se féliciter - et à la seule première personne du singulier - est exclusivement ministériel".

Ce monologue, dans lequel la plume de Pennac se fait acérée, aigre parfois,caustique souvent, espiègle aussi, est un délirant mais réaliste brocard contre les convenances que personne ne prend pour argent comptant, mais sans lesquelles les relations humaines bienséantes seraient complètement traumatisées. C'est vraiment de la belle ouvrage que Daniel Pennac a réalisé là : un véritable traité de philosophie sociale ! Et avec quel humour !

Mille mercis, Monsieur !

Premier billet, pour le challenge. Premier plaisir d'avoir retrouvé Pennac.

challenge-daniel-pennac

15 janvier 2013

CHALLENGE DANIEL PENNAC, chez George

challenge-daniel-pennac

Là, je ne peux pas faire autrement ! Impossible de laisser passer un tel régal ! Pennac ! Il n'y a qu'un roman de lui à propos duquel je suis passée complètement à côté. Mais je ne dévoile rien ! Je me suis inscrite Chez George pour un challenge. Je n'ai pu que choisir la 3ème catégorie ! Trop tentant de partager, beaucoup beaucoup...

Voici ce qu'elle propose (mais allez plutôt voir chez elle)

1. La Petite marchande de prose : 1 à 3 livres

2. La Fée Carabine : 4 à 6 livres

3. Au bonheur des ogres : 7 et plus

Toute l’œuvre de Daniel Pennac, jeunesse comme adulte, entre dans ce challenge, ainsi que ses essais.

Alors, à très bientôt ! 

15 janvier 2013

LE MARDI SUR SON 31 : AU TABLEAU ! de Frigyes Karinthy

le mardi sur son 31

C'est une initiative que Sophie a prise en avril 2012, et qui suit son bonhomme de chemin avec de nombreux(ses) blogeurs(euses) qui y participent. Au hasard de mes zappings dans la blogosphère, l'information m'est seulement arrivée la semaine dernière.

"L'idée est simple, tous les mardis, vous ouvrez le livre que vous êtes en train de lire à la page 31 et vous choisissez une phrase. Elle peut être révélatrice du roman, vous plaire par son style, vous déplaire... Bref vous êtes libre ! 

Le but : se faire plaisir dans un court billet et parler rapidement de sa lecture du moment !" 

J'ai eu envie d'entrer dans la ronde, alors... c'est parti !

Je suis en train de lire : AU TABLEAU ! de Frigyes Karinthy

image

Page 31

"Puis il ramasse sur son banc un tas de cahiers et, tout en marchant dans la petite rue de la rangée des bancs, il pense : "aplusbéparamoinsbé égale acarrémoinsbécarré"."

Cette citation reflète précisément l'atmosphère de ce court opus, écrit au début des années 1900, par un prosateur, poète, journaliste et traducteur hongrois, qui demeure de nos jours l'un des auteurs les plus importants de ce pays. Chaque page est une délicieuse bouchée d'humour sur le monde scolaire vu du côté des élèves. Eh bien, au siècle dernier, on s'inventait déjà des petits maux pour échapper au contrôle, on redoutait l'interro surprise, on guettait le bulletin scolaire... Chaque chapitre présente quelques uns des épisodes de la vie d'un collégen au bahut et ça n'est pas du tout obsolète et vieillot ! Une véritable friandise !

 

 

 

 

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13 janvier 2013

RENCONTRES POÉTIQUES : Xavier Hanotte

T.

 

Tu existes sûrement
Mais pas pour moi.

Alors je tente
De te suivre
À travers rêves
À travers encre.

Qu'importent la distance
Et tes grands silences.

Je t'écris.

Fragile et mince
Telle cette page
Tremblante et vaine
Où je te couche
Au bruit feutré des mots.

Ventre de soie
Griffé d'entailles
Cuisses de papier
Cloche de tram
Lueurs de lampes
Et de regrets.

D'autres me disent
Qu'ils te connaissent
Que tes yeux gris
Les ont croisés.

Sombre injustice - 
Mais s'ils te voient
Moi seul t'entends
Et t'espère
Sans vraiment y croire.

Xavier Hanotte
Poussière d'histoires & bribes de voyages - Le castor astral, 2003

modigliani

Amadeo Modigliani

 

 

Merci à Anne pour le cadeau qu'elle m'a fait de ce recueil des poésies d'un auteur belge;

"Comment un romancier - ou présumé tel - pourrait-il s'amouracher d'un de ses personnages, le plus imaginaire d'entre tous ? Surtout quand celui-ci n'a vraiment rien d'un canon et tout d'un caractère plutôt rugueux ? Et un petit nom imprononçable ? Ce n'est pas raisonnable me direz-vous. Je ne suis pas raisonnable, vous répondrai-je. Facile. Et puis, j'ai le temps. Et surtout, j'ai fait pire."

 

Le dialogue poétique est ouvert ! Laissez, en commentaire, un poème en réponse à celui-ci !

Règle du jeu ici.

POÉTISONS

10 janvier 2013

LE KOALA TUEUR et autres histoires du bush, Kenneth Cook

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En quête d'une bonne tranche de rire ? Il n'y a pas à hésiter : humour garanti !

Kenneth Cook, décédé en 1987, était un journaliste, réalisateur, scénariste, écrivain australien. fondateur d'un parti politique opposé à la guerre du Vietnam. C'est aussi lui qui a ouvert une ferme de papillons dans son pays.
Kenneth Cook, à mon avis, c'est un type qui se marre bien. Mais c'est aussi un écrivain qui décrit sa vie et ses aventures dans le bush avec une sorte de réalisme lucide, féroce et hilarant qui empêche de fermer le recueil, même quand on tombe de sommeil et que l'on NE baille PAS d'ennui. Impossible de refuser de se délecter à la lecture de ces 15 nouvelles, toutes plus jubilatoires les unes que les autres. Impossible de se retenir d'éclater de rire au mieux, de sourire au pire. Mais je n'ose même pas imaginer ce pire !

Si vous voulez tout connaître de la vie sexuelle des crocodiles, de la manière de guérir l'occlusion intestinale d'une éléphante, si vous voulez éviter de vous faire kidnapper par un chameau, de vous faire étouffer par un boa constrictor même avec un diplôme agréé de montreur de serpents, si vous voulez la recette pour vous tenir correctement devant un sanglier furibond, échapper à la rage d'un chat prénommé Cédric... 

Si vous voulez... résister à l'étreinte mortelle et pas très décente du koala...

Il ne faut pas tergiverser ! Votre libraire préféré se fera un plaisir de vous proposer Le Koala tueur de Kenneth Cook.

C'est de ce recueil que je tirerai prochainement un billet pour le au challenge "Je lis des nouvelles et des novellas" organisé par Lune.

C'est ce recueil, parmi d'autres, que vous retrouverez dans cette rubrique.

 

7 janvier 2013

JE DIS AUX FEMMES QU'ON VA FAIRE UN TOUR, Raymond Carver

C'est une des nouvelles de Raymond Carver que je vais ici présenter. UNE nouvelle, mais DEUX versions de la même écriture. Celles et ceux qui ont lu "Ciseaux" de Stéphane Michaka, celles et ceux qui se sont intéressés peu ou prou à la vie de Carver, savent que le célèbre novelliste s'est, tout au long de sa vie d'écrivain, heurté à son éditeur Gordon Lish (lequel lui a quand même procuré la notoriété). Alors que Raymond Carver opte pour une écriture généreuse, son éditeur prône le minimalisme, en vogue à cette époque (1950). 

 

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Neuf histoires et un poème est la traduction des nouvelles écrites par Raymond Carver, mais revues et corrigées par Gordon Lish. Débutants est celle des nouvelles textuellement rédigées par Carver. Dans l'un et l'autre des ouvrages, on peut lire "Je dis aux femmes qu'on va faire un tour".

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Bill et Jerry sont amis depuis l'enfance : école primaire, collège, lycée technique, amourettes, jobs d'été, voiture... ils ont tout partagé. Mais la vie se charge de désassembler ce couple de bons potes. Jerry se marie et Bill se sent un peu de trop entre les deux. Il prend des distances, puis rencontre à son tour la femme de sa vie. Les deux couples nouent de nouvelles relations amicales : apéros, barbecues, progénitures qui jouent ensemble... La vie de famille, quoi ! Celle qui est faite d'habitudes, de rituels, de routine aussi. Les deux compères de naguère s'aperçoivent que l'ennui s'est insidieusement installé dans leur ordinaire. Quoi de plus normal, un dimanche après un bon repas partagé, que d'aller faire un tour entre hommes ? Après avoir prévenu les femmes, ils partent en goguette, comme au bon vieux temps.

Impossible de prolonger ce résumé sans dévoiler la chute de cette nouvelle, magistralement écrite. C'est le plus banal des quotidiens que Raymond Carver entreprend de peindre. L'intrigue est simplifiée à son maximum dans l'insignifiance et la platitude. On pourrait même parler de médiocrité. L'Amérique, présentée décadente, l'alcool, les petites et grandes misères, les p'tits boulots, les p'tites nanas, les vies bosselées.

Et si Carver avait écrit les fantasmes de son autobiographie ? C'est "son" monde qu'il dévoile, ses frustrations, sa violence, Jerry et Bill embarqués dans une ribote qui tourne à l'horreur, au tragique.

C'est cette question qui me ramène à mon introduction. Lequel de ces deux textes reflète le mieux l'âme de Carver ? La plume est compendieuse, lapidaire, dans l'un comme dans l'autre. Mais l'épilogue de la version "chaponnée" par Lish offre un dénouement émasculé... Chaponné, émasculé... ça manque évidemment de virilité ! Alors que c'est justement la masculinité dans son paroxysme monstrueux et destructeur que désigne l'auteur. Comme un fait. Pas de morale. Pas de regret. Du désespoir à l'état pur. C'est ce qui fait la force brute du "vrai" Carver. 


Et voici ma deuxième participation au challenge "Je lis des nouvelles et des novellas" organisé par Lune.

Je lis des nouvelles 

Dans cette rubrique, un index de T O U T E S les nouvelles que j'ai à lire !!!

6 janvier 2013

RENCONTRES POÉTIQUES : Jean-Paul Valla

LES TRABOULES

 

Calme sombre et vorace
La traboule est un pont
En notre âme caché

La traboule est un lieu
Et une idée

L'ouverture de ce qui compte
À ceux qui savent

Jean-Paul Valla ; Bande Passante, 
Éditions de Belledonne - 2012

 

Traboule_Lyon

 

"La poésie de Jean-Paul Valla découvre par le regard, dans l'émotion des rencontres, tout un univers. Comme un miroir de l'être, ses mots sensibles en appellent aux mythes et aux images. Passionné d'art et de livres, complice de la nature, découvreur des villes, chaque jour et pour lui une énigme. Poète, peintre, acteur dans la cité, Jean-Paul Valla parcurt dans ses poèmes, entre ombre et lumière, un chemin initiatique". Paul Vieuget, directeur de la Mison de la poésie Rhône-Alpes.

 

POÉTISONS

 

Le dialogue poétique est ouvert ! Laissez, en commentaire, un poème en réponse à celui-ci !

Règle du jeu ici.

4 janvier 2013

ON* POÉTISE ENSEMBLE ?

Chaque dimanche - et je ne suis pas la seule à le faire - je publie un poème ; je l'offre à la cantonade

C'est à cette "cantonade" que je m'adresse et à laquelle je propose de poétiser avec moi.

La règle du jeu est simple : en réponse au poème publié, on* met, en commentaire, un autre poème :

  • soit du même auteur
  • soit sur le même thème

Et on* donne ses références, bien sûr !

*on = cantonade

On* a aussi (et surtout) le droit de poétiser sur son propre blog.

 

POÉTISONS

 

 

 

 On* a le droit de se servir du logo pour dire qu'on* joue à poétiser.

 

 

On* a le droit de ne pas dire qu'on* joue.

On* peut jouer même si on n'a pas de blog.

On* a le droit de jouer de temps en temps seulement.

On* a le droit de pas jouer. (Encore heureux !)

 Rendez-vous dimanche prochain !

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