LIVRE MYSTÈRE ~ Écrivain mystère
Un ouvrage-mystère, à l’initiative de Jérôme, m’est parvenu, il y a peu. Un livre bien scellé, où toute indication d’expéditeur, d’éditeur, de date, d’auteur et de titre bien sûr est camouflée. Pas neuf, pages un peu jaunies, pas épais, juste une centaine de pages, pas grand, format livre de poche. Un livre posté de Beauvais… mystère, mystère….
Je soupçonne bien Jérôme et sa « loustic-band » d’être pour quelque chose dans cet envoi. Mais bon.
Posté de Beauvais, disais-je. Et dont l’intrigue de déroule à… Beauvais (ou dans les parages). Je situe ce récit dans les années 50 ou immédiatement postérieures (la TV noir et blanc est encore à l’honneur). Mhummm… quel(le) est cet(te) expéditeur(trice) qui souhaite me faire découvrir l’histoire de sa région (de naissance ou d’adoption) ?
Parce que d’histoire-terroir il est question (pas péjoratif). L’histoire « simple » d’un instituteur remplaçant tout frais bachelier, qui est administrativement contraint de quitter le pays d’oc et se retrouve dans celui d’oïl. Pas bien sûr d’être motivé, tant par la fonction qu’il va occuper que par la région où il va devoir demeurer, le jeune homme ; 18 ans et, comme il le dit, l’âme tourmentée.
Ce parcours, personnel et professionnel, dans une Picardie qu’il va devoir apprivoiser et qui devra l’adopter, va être relaté à petites touches narratives, descriptives, actancielles. Et, hors de l’histoire-terroir, le juvénile candide va découvrir ici, l’amitié (avec un jeune garagiste), la liberté (grâce à sa voiture brinquebalante), les amourettes des salles de cinéma, et le sentiment d’amour. Quant à sa rencontre avec l’enseignement, elle est pour le moins fastidieuse. Les minois « enchifrenés » de ses élèves ne l’émeuvent guère et leurs difficultés à ingurgiter les premiers rudiments de la lecture le laissent froid. Jusqu’au jour où… l’un des écoliers, Michel, retient son attention. Ce serait plutôt la maman de Michel qui … Autour de cet enfant, dont la santé chancelante entrave la progression scolaire, va se nouer entre la mère et l’enseignant une intrigue qui, certes, restera platonique, mais qui n’en sera pas désincarnée pour autant. L’exaltation du jeune homme à la vue et au contact de cette femme, belle et sensuelle, est subtilement dépeinte, comme une toile impressionniste qui se dévoilerait lentement.
Je suis absolument sûre de n’avoir jamais rien lu de cet auteur. Et j’affirmerais volontiers qu’il s’agit d’UN auteur. La plume me semble très masculine. Ce roman m’a fait faire un formidable retour dans le passé. C’est à la fin des années 60 que j’ai quitté l’Aude (pas natale, comme celle du personnage, mais l’Aude quand même), pour être propulsée, à 20 ans tout juste sonnés, dans le Pas de Calais, nantie d’une nomination de remplaçante, avec pour seul bagage un baccalauréat (et un livret de famille qui me conférait le statut de « madame »). Et mon insertion n’a guère été plus facile que celle de ce jeune enseignant.
Cependant, cette lecture m’a seulement « intéressée » ; pas émue, pas passionnée, pas captivée. L’écriture est déliée, les intrigues s’enchaînent habilement, le style est distingué. Mais j’ai ressenti comme une sorte de « fadeur », de manque de relief, dans ce texte qui me semble être un témoignage sur les régionalismes de la moitié du siècle dernier, sur les partis pris provinciaux, J’espère que l’auteur, s’il est toujours de ce monde et s’il lit ma chronique, ne me tiendra pas rigueur de faire une analogie entre son livre et celui de Germaine Acremant, « Ces dames aux chapeaux verts ». Et aussi, celui de Marcel Pagnol, dans « La gloire de mon père », qui, d’ailleurs, est cité dans cet opus.
Une expérience intéressante et amusante que cette lecture à l’aveugle. Je n’ai pas encore soulevé le voile (ni déchiré la couverture), parce que j’attends de mes lecteurs des propositions d’auteurs et/ou de titre. Histoire de savoir si elles résonnent dans ma bibliographie personnelle.
Alors, à vous les hypothèses… jusqu’au 29 prochain.