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Littér'auteurs
15 septembre 2012

LUZ OU LE TEMPS SAUVAGE ; Elsa Osorio

luz

"A vingt ans, à la naissance de son enfant, Luz commence à avoir des doutes sur ses origines, elle suit son intuition dans une recherche qui lui révèlera l'histoire de son pays, l'Argentine. En 1975, sa mère, détenue politique, a accouché en prison. La petite fille a été donnée à la famille d'un des responsables de la répression. Personne n'a su d'où venait Luz, à l'exception de Myriam, la compagne d'un des tortionnaires, qui s'est liée d'amitié avec la prisonnière et a juré de protéger l'enfant. 
Luz mène son enquête depuis sa situation troublante d'enfant que personne n'a jamais recherchée. 
Un thriller loin des clichés dans lequel l'amour cherche la vérité."

Il est des mots qui gravent sur le papier des narrations monstrueuses, et laissent dans la mémoire du lecteur la trace indélébile de pans de l’histoire humaine qui n’auraient jamais dû exister, et qui, hélas, ont cruellement écorché l’humanité.

Il est des textes qui laissent à l’âme du lecteur le souvenir ébloui de les avoir rencontrés : « Le cœur cousu » de Carole Martinez est inscrit en moi depuis que j’en ai fait la découverte. 
« Luz ou Le temps sauvage » d’Elsa Osorio vient de me bouleverser de la même manière, mais pour d’autres raisons, évidemment.

La naissance de son enfant conduit Luz, une jeune femme argentine, à se questionner sur sa propre naissance. Son refus de se reconnaître comme appartenant à cette famille de tortionnaires qui l’a élevée est tant à fleur de peau qu’elle part en quête de la vérité. C’est un chemin de douleurs, d’atrocités, d’abominations qu’elle entreprend. Un chemin qui va la conduire vers son père, le vrai, avec lequel elle retissera les fils de sa vie, de LA vie. Mais un chemin qui va l’amener vers l’espoir de vivre en femme libérée d’une histoire qui la débecte au point de ne plus pouvoir garder la tête haute.

En dire plus serait à nouveau violer et violenter, humilier et torturer cette jeune femme, et Elsa Osorio qui, sous forme romancée, a narré l’histoire de sa reconstruction. L’hommage que l’auteur rend à l’Asociación Madres de la Plaza de Mayo, ces mères argentines dont les enfants ont « disparu » pendant la dictature militaire de 1976 à 1983 et à Abuelas de Plaza de Mayo, celle des grands-mères qui ont mis leur énergie, voire leur vie, en cause pour retrouver les « desaparecidos » (Noemi Gianetti de Molfino a été séquestrée et assassinée, à Lima, en 1980, par le « Bataillon d’intelligence 601 »), cet hommage donne à l’humanité la force de combattre pour qu’elle retrouve, trouve sa dignité, malgré les exactions que l’homme peut commettre.

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Un roman d’espoir, d’espérance pour surmonter les ténèbres de l’ignominie.

 

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10 mars 2012

CE QU'ILS N'ONT PAS PU NOUS PRENDRE ; Ruta Sepetys

0ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre

"Lina est une jeune Lituanienne comme tant d'autres. Très douée pour le dessin, elle va intégrer une école d'art. Mais une nuit de juin 1941, des gardes soviétiques l'arrachent à son foyer. Elle est déportée en Sibérie avec sa mère et son petit frère, Jonas, au terme d'un terrible voyage. Dans ce désert gelé, il faut lutter pour survivre dans les conditions les plus cruelles qui soient. Mais Lina tient bon, portée par l'amour des siens et son audace d'adolescente. Dans le camp, Andrius, dix-sept ans, affiche la même combativité qu'elle..."

Elle a quinze ans, Lina, quand les anges noirs font irruption dans sa vie. Ils sont soviétiques et ils envahissent les pays Baltes.

Dans la nuit du 13 au 14 juin 1941, 23 000 Lituaniens sont déportés. Ruta Sepetys, l'auteur(e) de ce roman, est la fille d'un exilé lituanien qui a réussi à échapper au bannissement. C'est dire que la fiction qu'elle propose à des lecteurs adolescents s'ancre dans le terrifiant réel de son histoire culturelle.

 Outre Lina, ses personnages sont bouleversants de véracité : Jonas, son petit frère, Elena, sa mère, et tous ceux qui vont partager avec cette famille malmenée les affres d'un aller sans retour, pour la plupart, vers le glacial enfer Sibérien. Enfants et adultes, sans distinction, sont implacablement soumis à la férocité, au sadisme, à la monstruosité.

 Ce qui va donner à Lina la force de subsister, de combattre et d'aider ceux qui sur-vivent avec elle, c'est sa passion pour le dessin. Comme Anne Franck écrit, Lina dessine. « Il nous faut peindre des gens vivants, des gens qui respirent, sentent, souffrent et aiment », affirme E. Munch. Ce sera le credo de Lina, le fondement de sa résistance contre une mort probable. Edvard Munch l'inspire beaucoup ; c'est à lui et à sa peinture qu'elle fait constamment référence ; c'est sur ses œuvres qu'elle appuie sa volonté d'exprimer, elle aussi, ce qu'elle voit, ce qu'elle ressent. Une ressource pour exorciser sa peur, son angoisse, ses terreurs. Une manière d'immortaliser l'instant pour que jamais il ne s'oublie. Une façon de transmettre, de communiquer : elle utilisera des dessins qu'elle réalise sur un mouchoir, une écorce, pour qu'ils passent de main en main, dans l'espoir qu'ils arrivent à son père dont elle a perdu la trace.

Dire que le roman de Ruta Sepetys est émouvant, ce serait galvauder le profond sentiment d'épouvante et d'espoir qui ne m'a pas quittée au fil de cette lecture. Elle retrace ici une partie de notre mémoire collective – quelque peu ignorée - sans pathos, mais avec une telle volonté d'historicité que cette fiction revêt un caractère de véracité.

Dédié aux adolescents, ce texte exemplaire est aussi à confier aux adultes pour qu'ils ne sombrent pas dans le négationnisme qui fait florès dans certains milieux bien-pensants.

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