LUZ OU LE TEMPS SAUVAGE ; Elsa Osorio
"A vingt ans, à la naissance de son enfant, Luz commence à avoir des doutes sur ses origines, elle suit son intuition dans une recherche qui lui révèlera l'histoire de son pays, l'Argentine. En 1975, sa mère, détenue politique, a accouché en prison. La petite fille a été donnée à la famille d'un des responsables de la répression. Personne n'a su d'où venait Luz, à l'exception de Myriam, la compagne d'un des tortionnaires, qui s'est liée d'amitié avec la prisonnière et a juré de protéger l'enfant.
Luz mène son enquête depuis sa situation troublante d'enfant que personne n'a jamais recherchée.
Un thriller loin des clichés dans lequel l'amour cherche la vérité."
Il est des mots qui gravent sur le papier des narrations monstrueuses, et laissent dans la mémoire du lecteur la trace indélébile de pans de l’histoire humaine qui n’auraient jamais dû exister, et qui, hélas, ont cruellement écorché l’humanité.
Il est des textes qui laissent à l’âme du lecteur le souvenir ébloui de les avoir rencontrés : « Le cœur cousu » de Carole Martinez est inscrit en moi depuis que j’en ai fait la découverte.
« Luz ou Le temps sauvage » d’Elsa Osorio vient de me bouleverser de la même manière, mais pour d’autres raisons, évidemment.
La naissance de son enfant conduit Luz, une jeune femme argentine, à se questionner sur sa propre naissance. Son refus de se reconnaître comme appartenant à cette famille de tortionnaires qui l’a élevée est tant à fleur de peau qu’elle part en quête de la vérité. C’est un chemin de douleurs, d’atrocités, d’abominations qu’elle entreprend. Un chemin qui va la conduire vers son père, le vrai, avec lequel elle retissera les fils de sa vie, de LA vie. Mais un chemin qui va l’amener vers l’espoir de vivre en femme libérée d’une histoire qui la débecte au point de ne plus pouvoir garder la tête haute.
En dire plus serait à nouveau violer et violenter, humilier et torturer cette jeune femme, et Elsa Osorio qui, sous forme romancée, a narré l’histoire de sa reconstruction. L’hommage que l’auteur rend à l’Asociación Madres de la Plaza de Mayo, ces mères argentines dont les enfants ont « disparu » pendant la dictature militaire de 1976 à 1983 et à Abuelas de Plaza de Mayo, celle des grands-mères qui ont mis leur énergie, voire leur vie, en cause pour retrouver les « desaparecidos » (Noemi Gianetti de Molfino a été séquestrée et assassinée, à Lima, en 1980, par le « Bataillon d’intelligence 601 »), cet hommage donne à l’humanité la force de combattre pour qu’elle retrouve, trouve sa dignité, malgré les exactions que l’homme peut commettre.
Un roman d’espoir, d’espérance pour surmonter les ténèbres de l’ignominie.