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Littér'auteurs
16 avril 2015

MARTINE GARDIENNE D'OIE

oie

Dans mon billet, hier, j'ai évoqué la présence d'une oie dans ma vie de petite fille. Certaines souhaitant connaître mes aventures, j'en ai fait texte ci-dessous.


Cette bestiole vivait dans la basse-cour familiale qu'elle partageait avec poules, pintades, canards, lapins et pigeons. La relation que j'entretenais avec tout ce petit monde était très étroite, alors que mes parents le considéraient plutôt comme de la viande à pattes. Dans un cas comme dans l'autre nous les entourions de soins attentifs : moi, parce que je les adoptais, mes parents parce qu'ils les engraissaient.

Ma mère prétendait que l'oie, pour revenir à nos… moutons, au point de tige, avait besoin d'air et d'herbe. Sans doute n'avait-elle pas tort, mais c'était à moi qu'incombait la charge de lui procurer ces deux ingrédients indispensables à sa bonne santé.

Il fallait remonter la longue allée qui traversait le potager, pour parvenir à un espace herbu destiné aux ébats de la demoiselle. Longue était l'allée, pour mes petites jambes de sept ou huit ans; long était le parcours parce qu'il fallait empêcher le volatile de prélever en passant les légumes qui nous étaient réservés.

À ce moment de mon histoire, je pense que vous, lecteurs, sentez l'irritation qui ascensionnait vers mon cerveau beaucoup plus vite que le palmipède claudicant qui me précédait.

Cahin-caha cependant, l'équipage arrivait à bon port. Je m'asseyais sur une grosse pierre, me saisissais du bout de tissu vert sur lequel paissait inlassablement un mouton devant une barrière et entreprenais mes fastidieux travaux d'aiguille.

L'oiseau se campait devant moi, tête haute et me fixait intensément. Jamais au grand jamais elle ne consomma un brin de verdure, toute occupée qu'elle était à me contempler, impassible. Je ne sais celui qui, du mouton ou de l'oie, m'exaspérait le plus ; le fait est que ma nervosité se muait petit à petit en crispation qui devenait progressivement fureur.

C'est l'oie, cet animal indigne et de surcroît narquois, qui faisait les frais de ma colère : prestement je la giflais, et sa tête au bout de son cou oscillait sans que leur propriétaire en prenne, en apparence, quelque ombrage. Alors, je réitérais mon geste : j'allais bien parvenir à la faire sortir de son impavidité !

Après quelques taloches, en effet, la belle au long cou commençait à se lasser ; elle ouvrait le bec, soufflait et … chargeait. Je n'avais plus qu'à prendre les jambes à mon cou, si je ne voulais pas me faire pincer les mollets. La longueur de l'allée, par un miracle que je me suis jamais expliqué, s'était considérablement raccourcie. Il n'empêche que c'est complètement essoufflée, avec une oie furieuse aux trousses, que j'arrivais devant ma mère qui, sans poser de question, m'appliquait une calotte pour venger la bête des camouflets que je lui avais infligés.

Bien sûr, le mouton ne nous avait pas suivies dans cette course-poursuite ! Il me fallait retourner le chercher. Dieu ! Que cette allée était longue !

©Martine Littér'auteurs - 16 avril 2015

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Commentaires
V
Syl m'a enlevé les miaulements de la bouche :-) <br /> <br /> <br /> <br /> http://www.babelio.com/livres/Seplveda-Histoire-de-la-mouette-et-du-chat-qui-lui-apprit-a/2783/citations<br /> <br /> <br /> <br /> Bisessss
A
Comme Anne j'ai ri ! j'ai suivi la "montée" de ta colère et la claque à l'oie arrive, bienvenue !! Celle de ta mère, après, moins cool mais quelle conteuse tu fais ! !! Nous n'allons pas en rester là ! ;) Merci d'avoir pris la peine de faire ce texte ! ♥
A
Ah j'adore ! Je me fais un film tant ton récit est vivant (et je l'avoue, je ris...)
S
C'est pas vrai ! tu as souffleté l'oie !!! Mais ce n'était pas gentil ! La pauvre ! <br /> <br /> On se croirait dans un conte du Chat perché !<br /> <br /> Merci pour ce beau souvenir. Tu devrais les écrire dans un cahier pour tes petits enfants, mais peut-être est-ce déjà fait ?!
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