INGRÉDIENTS POUR UNE VIE DE PASSIONS FORMIDABLES ; Luis Sepúlveda
Le talent d’écriture de Luis Sepúlveda ne se dément pas dans cette liste d’ingrédients indispensables à sa vie de passion(s). Le « Viejo », comme il aime être appelé par ses enfants et petits-enfants, le vieux, le patriarche, propose un récit multi-facettes sur tout « ce » qui le fait intensément vibrer. Et tous « ceux » qui le font vibrer.
Une galerie d’écrivains et de poètes (mais l’un n’est-il pas l’autre ?) à faire pâlir tout amateur de bibliothèque idéale. Avec humilité, Luis Sepúlveda convoque les Grands qui l’ont fait cheminer dans ces temps de crise, comme l’énonce le titre original de ce recueil, « Escrituras en tiempo de crisis » : Haruki Murakami, Kenzaburo Oe, Baldomero Lillo, Ryszard Kapuściński, Pablo Neruda, García Márquez (Gabo pour les intimes, qu’un importun a déclaré « plus vieux et plus moche que le vrai »), Salvador Allende, Tonino Guerra (son ami et son maître)…
L’Écrivain-Citoyen-du-Monde propose au lecteur un voyage qu’il « narre [pour] résister ». Les années passent et vieillissent avec moi, explique-t-il, faisant sienne une phrase de Juan Gelman.
« La valeur que je donne aux mots m’a appris qu’ils ont un sens profond du respect humain et souffrent quand on les utilise mal ».
Le sens des mots. Sepúlveda le possède complètement. Pour narrer quelques anecdotes du quotidien. Pour évoquer sa famille et son rôle de père et de grand-père. Pour avouer sa relation ambivalente avec le Chili et sa non moins facile histoire avec l’Espagne, son pays d’accueil. Pour rédiger une « Lettre à un crétin ». Pour rendre un hommage vibrant au « Sud ». Pour interpeler la conscience politique des lecteurs. Pour les contraindre à ouvrir les yeux sur la réalité du Monde, à réagir et à penser. Pour dénoncer « les trolls qui s’introduisent obstinément dans les forums sociaux pour dire n’importe quoi, pour insulter, fausser, salir… ». Pour parler de l’histoire, la grande et la sienne.
« Un viejo que leía novelas de amor » fut le titre qui fit connaitre Luis Sepúlveda. J’intitulerais ce recueil de chroniques douces-amères : « Un viejo que decía novelas de amor ».
Et que les "novelas" de Luis Sepúlveda sont troublantes, émouvantes, vivifiantes, dérangeantes... et que j'ai aimé lire ces "novelas" !
Une lecture que j'ai partagée avec Marilyne (Lire & Merveilles, (clic), et ce partage est encore plus que ça....
En souvenir d'un festival... où nous avons rencontré... El Viejo...
En souvenir d'un 24 juillet que l'on fête en août.