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Littér'auteurs
2 août 2014

Les plumes de l'éternité chez Asphodèle

Petit à petit, depuis que je participe aux Plumes d'Asphodèle, je constitue sans en avoir l'air un assemblage sans prétention de petites "Nouv'Elles", dont le personnage principal est, justement, "Elle". Vous pouvez "La" retrouver dans :

  • Reviens ! Veux-tu (ici)
  • Rue de la sagesse (ici)
  • Plumes croisées (ici)

Désormais, je m'efforcerai de faire rimer en "elle" le titre de mon texte. Voici celui que m'ont inspiré les mots qu'a récolté Asphodèle dans son invitation à l'éternité : 

vacances - scolastique – immortalité – seconde – mémoire – longueur – ange – douleur -oubli – repos – cercle – passion – chemin – vampire – jour – cathédrale – lassitude – liane - lucarne.

 


Étinc’Elle

 

 

 

 

Source: Externe

Son mois de vacances se traîne en longueur et la lassitude la gagne chaque jour davantage. Même la liane de l’ipomée qu’elle a semée un jour d’avril dernier ne la transporte plus dans la métaphore d’une Amazonie endogène. La phrase d’André Gide, [venus des forêts, les vampires aux larges ailes, rôdant près des pêcheurs endormis, à leurs pieds nus, à leurs lèvres, suçaient la vie et les accablaient de sommeil au palpitement silencieux de leurs ailes], qui, d’ordinaire, l’entraîne loin, loin, loin, la maintient dans une venelle dans laquelle il lui semble s’embourber. La généreuse ipomée est devenue un turbith purgatif qui l’a conduite à son insu du sud de l’Amérique ensoleillée aux confins d’une bruineuse Asie.

Elle tente de secouer sa mémoire pour retrouver les embrasements qui l’animaient il y a quelques semaines encore. Ses années universitaires, par exemple. Les trois disciplines qui lui ont été imposées et dans lesquelles, contre toute attente, elle s’était engouffrée avec passion : la scolastique, la canonique et la mystique.

Elle sourit en pensant au cercle de ses amis conjecturant sur l’indicible douleur dans laquelle ils la croyaient plongée. Elle sourit. Puis éclate franchement de rire. Certes elle n’était pas un ange lorsqu’elle était jeune ! Et lorsqu’elle avait entrepris ces études avec ce qu’elles avaient de dogmatique, de figé mais aussi d’abstrait, tout le monde était resté bouche-bée. Beaucoup la plaisantaient et l’imaginaient en icône pieusement accrochée au mur d’une cathédrale. C’est ainsi, leur répondait-elle, qu’on accède à l’immortalité !

Au bout de quelques secondes d’intense et libérateur fou-rire, elle replonge dans ses pensées. Nombre de ses anciens amis ont emprunté le chemin de l’oubli ; d’autres s’en sont allés au pays du repos éternel. Elle est là, elle. Vaillante et vigoureuse à contempler [par une lucarne de son cœur restée ouverte]* son ipomée qui soudain l’enchante à nouveau. Elle sourit. Au soleil d’Amérique du Sud.

Soudain son téléphone bourdonne. C’est sa fille qui l’appelle. De là-bas, où elle étudie la botanique. Là-bas, au Sri Lanka.

-      Maman ! je viens d’ausculter un turbith. Je suis sûre que tu ne sais pas ce que c’est !

-      Je l’ai su, ma chérie. Mais je l’ai oublié. Dis-moi !

 

Source: Externe

Elle rit. À gorge déployée. Elle est si bien !

Littér'auteurs - 02/08/2014

* Gustave Flaubert

 

"Les plumes d'Asphodèle", c'est ici.

LES PLUMES

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Commentaires
D
Oh Martine après cette lecture je vais me ruer sur mon dictionnaire (pas celui de FB mais le vrai ;) pour lire les définitions de pas mal de mots de ton texte ;) Je comprends mieux pourquoi je n'en mène pas large avec toi au S.^^ hihi!!!<br /> <br /> Peut-être qu'à force de te fréquenter mon QI dépassera les 112 mdr!!!<br /> <br /> Je te le dis franchement, même sans comprendre certains mots je me suis régaler dans cette ballade poétique et je t'en remercie.<br /> <br /> Bisous Martine.<br /> <br /> Domi.<br /> <br /> http://dimdamdom59.apln-blog.fr/2014/08/01/les-plumes-dasphodele-der-saison/
C
du bon usage de la botanique :) <br /> <br /> un joli texte !
M
À Cériat, Asphodèle, Sharon, Nunzi, Célestine, avec lesquelles je partage le plaisir de la plume vive, merci de vos encouragements. Pourtant, ce récit et ses mots imposés ne m'inspiraient guère. Et comme dirait Aspo, je l'ai posté comme un "non-texte". <br /> <br /> "Elle" prend de plus en plus de place dans mon écriture. Parfois je l'aime, parfois elle m'attendrit, parfois je voudrais la détester... mais comment faire, quand on ne parle que de soi ?
A
lecture jubilatoire en ce Dimanche matin...
C
Ton premier paragraphe est tout simplement somptueux. La pépite d'un texte tout en finesse. <br /> <br /> Et apprendre de nouveaux mots, j'aime beaucoup ça!
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