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Littér'auteurs
1 avril 2014

L'EMPLOYÉ, Guillermo Saccomanno

L'EMPLOYÉ - SACCOMANNO

L’employé
Guillermo Saccomanno
Asphalte Éditions (8 novembre 2012)
Traduit de l’espagnol (Argentine) par Michèle Guillemont
169 pages

 

 

 

 

Noir
Rouge

Noir de la destinée d’un homme ordinaire
Rouge du sang dont il est éclaboussé

C’est l’Argentine de la dictature que reconstruit Guillermo Saccomanno. Une Argentine sous la terreur. Une Argentine qui baigne dans l’angoisse et la soumission. Au sein de cette Argentine, un homme. Banal, anonyme, sans relief. Un « employé ». Employé, c’est sa fonction. Employé, c’est ainsi qu’il s’appelle dans ce récit. Ou plutôt : « l’employé ». Sans majuscule, neutre. Autour de lui gravitent « le chef », « la secrétaire », « le collègue ». Pas de majuscule pour eux non plus. L’employé a un emploi. L’employé a une famille. L’emploi et la famille sont « dans » l’employé. Il vit avec ça, cet homme. Il vit, c’est une façon de parler.

Parce que la terreur est aussi « dans » lui. Terreur de perdre son emploi. Terreur de traverser la ville. Terreur de retrouver sa femme. Terreur.

La ville explose de tous les attentats qui y sont commis. La ville est rougie du sang des chauves-souris, émincées vives par les pales des hélicoptères qui, jour et nuit, la survolent. La ville suinte des rebellions qui naissent et qui sont foudroyées par les milices. La ville. L’employé la parcourt, le matin, le soir, la nuit. Il enjambe les corps, morts ou vifs, de ceux qui sont déjà broyés, ou qui le seront demain. Il croise des chiens. Des chiens clonés, agressifs, malfaisants. Il croise des gosses. Des gosses drogués. Des gosses prostitués. La ville est noire. La ville est rouge.

L’employé se méfie. De tout. De tous. Et il a raison. Parce que la délation règne. « Le collègue » est suspect. Il est derrière son dos, à le surveiller. Paranoïa.

L’employé tombe. Amoureux. L’employé tombe. Dans la folie. L’employé tombe. Dans la perversion.

Noir. Rouge. Ce roman prend aux tripes. 

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