Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Littér'auteurs
17 février 2014

TANTE HILDA ! Jacques-Rémy Girerd & Benoît Chieux

Tante Hiilda ! JR Girerd B Chieux

Tante Hilda !
Jacques-Rémy Girerd & Benoît Chieux
Éditions Flammarion Jeunesse
février 2014, 60 pages

 

 

Dans une campagne verdoyante et bigarrée. Tante Hilda a des parents, un papa et une maman un peu extravagants. Tante Hilda est botaniste parce qu’elle aime les fleurs. Tante Hilda a un ami, Michaêl qui l’aide à protéger les fleurs. Tante Hilda habite un paisible petit village, Beaumont-les-Vignes, probablement dans la Drôme, non loin d’Hauterives et du Palais Idéal du facteur Cheval.

Dans la zone industrielle de la grande ville sombre et inquiétante. Un laboratoire secret abrite les expériences du professeur Aldashin et de son assistant Julio Attilio. Le professeur se prénomme Michaël… La directrice, Dolorès. Dolorès dirige les laboratoires DOLO, spécialisés dans la recherche… dont on ne dira pas le nom tout de suite. Vous savez ? La recherche qui vise à rendre les plantes plus productives, plus grandes, étouétou. La recherche qu’il faut faire si on veut gagner beaucoup de sous, mais qu’on se moque des conséquences des trouvailles que l’on fait. D’ailleurs le président de la République, dans cette histoire-là, est dans le coup. Du côté de la ville, pas de celui de la campagne.

Contraste saisissant dans le graphisme, dans l’illustration, dans les couleurs. C’est sûr, c’est évident. Mais ça a le mérite de poser les choses. Ne pas oublier que « la cible » de ce conte écologico-loufoque, c’est de jeunes lecteurs. Et qu’il est probable qu’ils seront davantage attirés par le long métrage de la société de production Folimage qui vient de sortir sur les écrans.

Jacques-Rémy Girerd et Benoît Chieux signent des scénarios bien construits, pédagogiques mais pas didactiques, attrayants et édifiants. Qui permettent cependant que naisse la réflexion, que germe le discernement (comme les fleurs, dans les serres de Tante Hilda). De parti-pris, certes, mais comment pourrait-il en être autrement ? L’album qui accompagne le film d’animation explique clairement l’intention de ses auteurs. Les illustrations grossissent volontiers le trait (peut-être un peu trop à mon goût).

En tout cas, « Tante Hilda » prend dignement la suite de ....


La Prophétie des grenouilles 

 et de

 

Mia et le Migou

Publicité
Publicité
16 février 2014

LA POÉSIE DANS LE BOUDOIR : Jean Sénac

Senac_une_terre_possible

Pour une terre possible
Jean Sénac
Éditions Point Poésie
Octobre 2013, 320 pages

 

Ma souris vagabonde s’est égarée, un jour, sur les mots de ce poète. Elle s’est faufilée entre les vers, entre les émotions, au cœur de la rébellion de cet artiste engagé, pour qui l’Amour allait de pair avec la Révolution.

 

 

 

 

 

 

 

Les belles saisons

Gouttes de sang gouttes de pluie
gouttes de fleurs gouttes de nuit
gouttes de mie gouttes de plomb
gouttes de boue gouttes de vent
le genêt tremble sur la pierre
la pierre tremble sous le front

Gouttes de sel gouttes d’anis
gouttes de mot gouttes de fer
gouttes de mort gouttes d’ennui
gouttes de voix gouttes d’éther
coquelicot la vie appelle
toutes les courbes de lumière

Gouttes de feu gouttes de feuilles
gouttes de vert gouttes du seuil
gouttes des yeux gouttes des joues
gouttes du sein qui se défend
de la corolle qui se fond
de la fenêtre où l’on t’accueille

Les courts stigmates du printemps
sont dans la fleur qui se recueille
dans la main vide dans le temps
gouttes le lait gouttes le sang
gouttes le fruit

Et tout le reste

Extrait de « Terres Possibles » - Recueil 1946-1949

Sur le site de Blandine Valfort (clic), un article suivi d’un entretien avec l’écrivain algérien Hamid Nacer-Khodja. 

13 février 2014

AFROPEAN SOUL – Léonora Miano

afropean-soul---et-autres-nouvelles-Miano

Afropean Soul et autres nouvelles
Léonora Miano
Édition Flammarion, Étonnants classiques,
2008, 121 pages

 

 

 

Afropean. On pourrait les appeler aussi « Francofricains »… quatre des cinq protagonistes de ce recueil de nouvelles. Noirs, nés en Afrique (ou d’origine Africaine) et vivant en France.

Cinq récits, qui peignent la fragilité psychologique de personnages en quête d’une identité, en recherche d’une culture qui saurait mettre en adéquation celle de leurs ancêtres avec celle de leur présent.

Ces textes sont présentés comme des nouvelles, mais, autant le dire tout de suite, j’ai été déconcertée par la manière dont Léonora Miano traite ce genre littéraire. Selon moi, il s’agit plus de témoignages, de récits, que de nouvelles. Elle en dit, d’ailleurs, que ce sont des « photographies d’un moment ». Pas construites dans le but de préparer un effet de surprise final, les nouvelles de l’auteure s’éloignent de la tradition. De la tension, certes, mais dans un quotidien inquiétant. Quelques heures de la vie de ses personnages évoquent une réalité est difficile à vivre… en continu.

J’ai beaucoup aimé « Depuis la première heure », la 1ère nouvelle. Un enfant, ballon au pied, a quitté Douala, sa ville natale, attiré par les lumières des stades et la félonie d’un agent pas scrupuleux. Un enfant qui jamais ne pourra avouer qu’il a été berné. Un enfant qui ne reviendra pas au pays – comme tant et tant – parce qu’il ne pourra pas prouver sa réussite.

Adrien (le seul de ce recueil à n’être pas Africain de naissance ou d’origine) aussi m’a émue. Comment « l’idée » s’immisce… L’insurrection…. Mais « il fait noir », il fait « seul ».

Les « filles du bord de ligne », petites nanas qui ne peuvent vivent que dans le groupe, par le groupe, pour le groupe. Pas d’identité individuelle.

La 4ème nouvelle, éponyme, interroge la nature de l’identité des Afropéens en France aujourd’hui : quelle place en France, certes ; mais aussi quelle place face aux dérives extrémistes ?

C’est au « 166, rue de C. » que le lecteur rentre dans un univers d’exclues, dans un « autre monde », un centre d’hébergement d’urgence pour femmes en galère.

Intéressée par ce recueil. Mais pas franchement emballée. Parce qu’il me semble qu’il n’a pas sa place dans le genre littéraire dans lequel il est classé. Je pensais lire des nouvelles. C’est cette attente qui a été déçue. L’écriture de Léonora Miano est fluide. Elle est militante aussi. Et le contexte combattant est, selon moi, amoindrit par l’étiquetage de ce livre qui perd de sa force, de sa vitalité et qui mériterait une requalification.

Participation au mois de la nouvelle, chez Flo (*)

 


(*) Clic "Flo" pour suivre le lien

10 février 2014

COURT, NOIR, SANS SUCRE - Emmanuelle Urien

COUT NOIR SANS SUCRE URIEN

Court, noir, sans sucre
Emmanuelle Urien,
Première édition : L'être minuscule, 17 décembre 2005
Éditons Quadrature, revue et augmentée 2010
112 pages

 

 

ASSISTANCE TECHNIQUE (extrait du recueil)

Voilà trois dossiers qu’elle présente, Mélanie. Trois dossiers qui sont refusés. Trop jeune, Mélanie Bix.
Le lecteur n’oubliera pas son nom, pas plus que cette femme qui va l’accompagner.

C’est à la quatrième tentative que la demande de Mélanie Bix est acceptée.

Alors, elle prépare son sac de voyage, alors elle vérifie si ses papiers sont en ordre, alors elle prend le train, alors elle parvient à destination.

Alors sa volonté se réalise.

Quelques pages extraites d’un recueil de nouvelles, même pas 8/112. Les huit premières pages. Celles que l’on lit, vierge d’idées préconçues, dont on n’anticipe pas la chute.

À 19h 30, on sait, on comprend, et on prend une magistrale claque, on manque d’air. Sidéré, on relit, à l’affût de l’indice qui s’est faufilé.

Pour ma part, c’est ainsi que j’ai vécu cette lecture, courte. Cette lecture, noire. Cette lecture, sans sucre. Sans douceur, serrée comme un café à l’italienne, qui s’empare de la gorge, un peu âcre, mais avec la bonne dose de succulence pour qu’on la déguste et s’en régale. Moi qui suis plutôt amateu »se » de thé, je ne connais qu’un de ces breuvages théiné qui serait référence : le Pu Erh, qui donne une liqueur à la belle robe rouge très foncée à la saveur amère et astringente… que j’aime… sans sucre.

« Assistance technique » appartient à une série de quinze nouvelles, toutes en tension. Empreintes d’une tranquille noirceur, décapantes… c’est, presque bizarrement, pas vraiment dérangeant. Du bel art dans l'écriture et dans le pouvoir narratif.

C'est à Flo (*) que je vais transmettre ce billet, puisqu'il participe à la deuxième semaine du "mois de la nouvelle", saison 3.


(*) Clic pour suivre le lien


 

9 février 2014

LA POÉSIE DANS LE BOUDOIR : Robert Desnos

CORPS ET BIENS DESNOS

Corps et bien
Robert Desnos
La bibliothèque Gallimard, 2005, 320 pages

 

 

 

UN JOUR QU’IL FAISAIT NUIT


Il s'envola au fond de la rivière.
Les pierres en bois d'ébène les fils de fer en or et la croix
sans branche.
Tout rien.
Je la hais d'amour comme tout chacun.
Le mort respirait des grandes bouffées de vide.
Le compas traçait des carrés
et des triangles à cinq côtés.
Après cela il descendit au grenier.
Les étoiles de midi resplendissaient.
Le chasseur revenait carnassière pleine de poissons
sur la rive au milieu de la Seine.
Un ver de terre marque le centre du cercle
sur la circonférence.
En silence mes yeux prononcèrent un bruyant discours.
Alors nous avancions dans une allée déserte où se pressait la
foule.
Quand la marche nous eut bien reposés
nous eûmes le courage de nous asseoir
puis au réveil nos yeux se fermèrent
et l'aube versa sur nous les réservoirs de la nuit.


La pluie nous sécha.

 

Langage cuit (1923)

Publicité
Publicité
7 février 2014

UN TROU ÉNORME DANS LE CIEL, Jean-Pierre Luminet

UN TROU ÉNORME DANS LE CIEL - LUMINET

Un trou énorme dans le ciel (°)
Jean-Pierre Luminet
Poésie. Éditions Bruno Doucey,
Janvier 2014, 56 p.

 

 

 

 

 

 

Lorsqu’un parent, père, mère, voit son enfant partir, quoi de plus naturel ? C’est pour cela que les parents « naissent » : pour accompagner leurs enfants et les aider à grandir, à partir, à quitter les jupons maternels, à cesser de s’agripper à la jambe paternelle.

….

Lorsqu’un parent, père, mère, voit son enfant partir, quoi de plus terrifiant ? Amande Luminet a écrit avant son départ.

« J’étais petite, je suis tombée dans le néant et ma tête s’est fracassée au fond » (*)

Anéantir. Détruire. Atomiser. Désagréger. Pulvériser …. FRACASSER.

Amande est la fille de Jean-Pierre. Quand elle est partie, elle avait 29 ans. Amande est l’enfant d’un astrophysicien de renom, dont un astéroïde porte le nom (la 5523). Mais Amande, depuis 2011, ne plus porte plus le nom de son père qu’à titre posthume.

Jean-Pierre est le père d’Amande. Il travaille sur les trous noirs et la cosmologie. Une science qui étudie les lois de l’Univers, de son fonctionnement dans son ensemble. Mais Jean-Pierre, depuis 2011, porte l’absence d’Amande au cœur de son Univers de Père.

Mettre en mots la perte de son enfant. Lui donner sens en poésie. Explorer le chaos de l’absence. Exorciser l’effroi.

« Un trou énorme dans le ciel », c’est le trou noir que le père d’Amande ne pourra jamais sonder, ausculter. Le cœur de ce père est devenu le ciel dans lequel l’absence de sa fille a excavé une déchirure qu’aucun nouvel astéroïde ne pourra pacifier.

La perte et le deuil, la révolte et la nécessité de vivre. Un recueil de poèmes, intime.

Extraits

[…] donnez-moi le temps de récupérer
c’est fatigant d’essayer d’être
normal tout le temps
être malheureux c’est mieux qu’être idiot
tout le monde me déteste
en secret
je pourrais avoir tout ce que je veux
j’aimerais rester seul
simplement dormir
[…]

[…] c’est quoi le silence
une sorte de tristesse
ou de peur peut-être
tout le monde à peur
de dire ce qu’il ne faut pas
[…]

[…] comment vas-tu bien merci
je n’y vois plus
personne ne peut nous renseigner
tout le monde est seul
on ne s’occupe pas des morts
après le coucher du soleil
[…]

[…] les journées seront longues
et les nuits
[…]

[…] ma vie toute entière s’est effondrée
personne n’a fait pression
vous savez de quoi je parle
les idées noires passent
j’ai décidé de rester
[…]

[…] mais en voyant le verre cassé
j’ai eu la nette impression
qu’il valait mieux ne rien dire
comme si rien n’était arrivé
il est tard je dois rentrer
il y a un trou énorme dans le ciel
[…]

[…] j’ai l’habitude de me sentir seul
et là je découvre la solitude plus profonde encore
alors chaque jour est important
[…]

Je ne peux me mettre à la place
de ce Père
je ne peux qu’être
à la mienne
c’est pour cela que
depuis
2010
inlassablement
je scrute
le trou énorme dans le ciel
j’ai décidé
d’y voir
une étoile

MC


(°) Masse critique, de Babelio, m'a permis de rencontrer ce recueil. Merci.(clic sur "Babelio" pour suivre le len)

(*) Amande Luminet

6 février 2014

L'HOMME QUI AVAIT SOIF, Hubert Mingarelli

L'homme qui avait soif

L’homme qui avait soif
Hubert Mingarelli
Roman, Stock, janvier 2014, 180 p.

 

 

 

 

 

 

Hisao court. Court à perdre haleine. Très vite le lecteur se demande s’il court pour atteindre quelque chose, ou s’il court pour échapper à quelque chose. Il n’est que son irrépressible besoin de se désaltérer qui l’arrête quelques instants dans sa trajectoire.

Au cœur de cet entre-deux, les pensées d’Hisao vont et viennent de son passé à son futur. Deux personnages habitent son esprit : Takeshi et Shigeko. Le premier, un homme, son ami, avec lequel il a vécu le plus effroyable de sa vie. La seconde, sa promise, à laquelle il veut apporter son cadeau de mariage.

1946. Japon. Occupation américaine. Hisao est soldat. Hisao était soldat.

Le roman dernier né d’Hubert Mingarelli plonge dans cette atmosphère si particulière qu’il sait camper avec virtuosité. Il est question d’homme, il est question d’enfermement, il est question de détresse, il est question d’espoir, il est question d’amitié, il est question de mort, il est question d’amour. Et le trait est précis. Fin. Achevé. Poétique. Perçant.

Il est question d’Hubert Mingarelli.

5 février 2014

LA MORT, L’AMOUR ET LES VAGUES ~ Yasushi Inoue

LA MORT L'AMOUR LES VAGUES

La mort, l’amour et les vagues
Yasushi Inoue
Nouvelles, traduites du japonais par Aude Fieschi
Éditions Philippe Picquier, 1999, 114 pages

 

 

 

 

 

 

 

Trois nouvelles, courtes, concises, aussi brèves qu’incisives. Trois récits de rencontres. Fugace, vanné par le temps, ou chimérique, chaque tête à tête est l’occasion pour Yasushi Inoue d’explorer les mystères des relations humaines et/ou amoureuses et surtout de présenter sa vision du monde.

Pessimistes.

Cyniques, désespérées en quelque sorte. Et pourtant dans une démarche où la vie a toute sa place, parce qu’au bout du bout, c’est elle qui gagne. Au détriment, parfois, des protagonistes, qui n’en sortent pas plus heureux (et peut-être pas plus malheureux). Qui ont vécu un pan de leur vie. Prêts à se donner la mort (La mort, l’amour et les vagues), pas prêts à dilapider (encore que…) une petite fortune tombée du ciel (Anniversaire de mariage), prêts à remettre en cause une réelle amitié pour une toquade (Le jardin de pierres), les personnages d’Inoue pourraient sembler être les stéréotypes d’une certaine société japonaise.

Lucides, parce qu’elles évoquent la fatuité des relations qui semblent relier les hommes.

L’humain ne peut que se reconnaître dans ces portraits, même si ses codes sociaux et moraux ne tirent pas leur sève du même enracinement.

Trois nouvelles, courtes, concises, aussi brèves qu’incisives.

"Qu'il s'agisse de vivre ou de mourir, l'homme est un fardeau pour l'homme." Yasushi Inoue

 

Participation au "mois de la nouvelle", chez Flo (*)

(*) Clquez pour suivre le lien

 

 

2 février 2014

LA POÉSIE DANS LE BOUDOIR : Bernard Mazo

BERNARD MAZO

Cette absence infinie
Bernard Mazo
L'Idée Bleue, 2004, 177 pages.

 

 

 

 

UNE ATTENTE JAMAIS COMBLÉE

Un seul poème
pour dire
la totalité du monde

ce qui nous sépare
de la vie rêvée

et moi
avec tous ces mots
au bord des lèvres
pour la décrire

tout à coup
muet

Publicité
Publicité
<< < 1 2
Publicité