COURT, NOIR, SANS SUCRE - Emmanuelle Urien
Court, noir, sans sucre
Emmanuelle Urien,
Première édition : L'être minuscule, 17 décembre 2005
Éditons Quadrature, revue et augmentée 2010
112 pages
ASSISTANCE TECHNIQUE (extrait du recueil)
Voilà trois dossiers qu’elle présente, Mélanie. Trois dossiers qui sont refusés. Trop jeune, Mélanie Bix.
Le lecteur n’oubliera pas son nom, pas plus que cette femme qui va l’accompagner.
C’est à la quatrième tentative que la demande de Mélanie Bix est acceptée.
Alors, elle prépare son sac de voyage, alors elle vérifie si ses papiers sont en ordre, alors elle prend le train, alors elle parvient à destination.
Alors sa volonté se réalise.
Quelques pages extraites d’un recueil de nouvelles, même pas 8/112. Les huit premières pages. Celles que l’on lit, vierge d’idées préconçues, dont on n’anticipe pas la chute.
À 19h 30, on sait, on comprend, et on prend une magistrale claque, on manque d’air. Sidéré, on relit, à l’affût de l’indice qui s’est faufilé.
Pour ma part, c’est ainsi que j’ai vécu cette lecture, courte. Cette lecture, noire. Cette lecture, sans sucre. Sans douceur, serrée comme un café à l’italienne, qui s’empare de la gorge, un peu âcre, mais avec la bonne dose de succulence pour qu’on la déguste et s’en régale. Moi qui suis plutôt amateu »se » de thé, je ne connais qu’un de ces breuvages théiné qui serait référence : le Pu Erh, qui donne une liqueur à la belle robe rouge très foncée à la saveur amère et astringente… que j’aime… sans sucre.
« Assistance technique » appartient à une série de quinze nouvelles, toutes en tension. Empreintes d’une tranquille noirceur, décapantes… c’est, presque bizarrement, pas vraiment dérangeant. Du bel art dans l'écriture et dans le pouvoir narratif.
C'est à Flo (*) que je vais transmettre ce billet, puisqu'il participe à la deuxième semaine du "mois de la nouvelle", saison 3.
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