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Littér'auteurs
23 novembre 2012

CHANSONS POUR ELLE ; Paul Verlaine

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Quatrième de couverture :

Pour exorciser le souvenir de ses amours passionnées avec Rimbaud, Verlaine se lance à corps perdu dans l'ivresse poétique et physique. Du bordel aux amours lesbiennes, des fêtes sensuelles aux plaisirs vécus comme des vices, le poète alterne chansons gauloises et élans de désespoir, vers d'érotisme précis et rêveries amoureuses...


Ce recueil a été publié en 1891.

Ce n'est un secret pour personne, Paul Verlaine fut un homme aux amours tumultueuses avec Arthur Rimbaud, de 1872 à 1875, puis avec Lucien Létinois, de 1877 à 1883, bien qu'il ait appelé ce dernier "son fils adoptif".

Ce que l'on connaît moins, c'est la veine érotique que cultivait aussi le "poète maudit", pour reprendre le titre d'un de ses essais publié en 1884.

L'ouvrage comprend trois parties : Parallèlement, Chansons pour elle, Chair.

Parallèlement est le pendant sensuel et érotique de Sagesse, dont on connaît, depuis les bancs de l'école, le célèbre "Le ciel est par dessus le toit/si bleu, si calme/Un arbre par dessus le toit/berce sa palme..."

Est-ce à sa cousine Élisa, dont le décès l'avait plongé, en 1866, dans un immense désespoir amoureux, ou à son épouse Mathilde de Fleurville dont il se sépare en 1889, que s'adressent ces vers qui allient sensualité et mysticisme ?

En préface de Parallèlement, Paul Verlaine écrit : "L'auteur n'aura donc plus à faire de ces vers durs et cruellement païens tels qu'on en trouvera dans ce volume-ci qui est, pour parler comme les bibliothécaires, en quelque sorte l'enfer de son Oeuvre chrétien." Il y peint (entre autre) les émois homosexuels de deux jeunes filles :

"L'une avait quinze ans, l'autre en avait seize ;
Toutes deux dormaient dans la même chambre.
...
Chacune a quitté, pour se mettre à l'aise,
La fine chemise au frais parfum d'ambre.
La plus jeune étend les bras, et se cambre,
Et sa soeur, les mains sur ses seins, la baise,

Puis tombe à genoux, puis devient farouche
Et tumultueuse et folle, et sa bouche
Plonge sous l'or blond, dans les ombres grises

..."

Le lecteur y trouvera aussi un très licencieux hommage à Sappho : "Sappho, que la langueur de son désir irrite/Comme une louve court le long des grèves froides..."

Dans le recueil des Chansons pour elle, le poète entonne un véritable hymne à l'amour : 

Aimons gaîment
Et franchement

...

Aimons bien fort
Jusqu'à la mort.

...

Aimons drûment
Et verdement.

Comment ne pas citer un extrait de ce rêve érotique ?

J'ai rêvé de toi cette nuit :
Tu te pâmais en mille poses
Et roucoulais des tas de choses...

Et moi, comme on savoure un fruit
Je te baisais à bouche pleine
Un peu partout, mont, val ou plaine.

Chair termine ce recueil, plus bref. Odes à la femme, aux femmes : "Car tu vis en toutes les femmes/Et toutes les femmes c'est toi./Et tout l'amour qui soit, c'est moi/Brûlant pour toi de mille flammes".

Ces poèmes, pas égrillards du tout, même si on peut supposer qu'à l'époque où ils ont été écrits, ils devaient prendre un caractère bien sulfureux sont très agréables à lire. Les rythmes sont contemporains, Lestes et polissons, certes ! Mais pas obscènes ni malséants !

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